Sa peinture est comme la concrétisation d’une passion qui nourrit son inspiration depuis des années pour les visages et les paysages. « L’étonnement dont je suis saisi lorsque j’observe le visage des autres ou des paysages anonymes est à la base du rythme de ma peinture », confiait Jérôme Lagarrigue en 2006, alors qu’il terminait son long séjour passé à Rome dans la prestigieuse Villa Médicis. De père français et de mère américaine, le jeune homme a vécu et étudié des deux côtés de l’Atlantique avant de choisir de s’installer à New York, où il enseigne dans une école d’art en parallèle de son activité créatrice. Pour sa seconde exposition solo en France, il nous emmène au cœur de son univers new-yorkais, à la rencontre de son entourage et des rues de Brooklyn.
S’appuyant sur des photographies qu’il réalise lui-même au gré de ses rencontres et balades, Jérôme Lagarrigue travaille inlassablement ce qu’il appelle « l’architecture intime » des visages de ses modèles, avec un faible pour le regard, ce « tout », l’œil dont la vie est « l’expression même du visage ». Une très belle maîtrise de la couleur et le choix du grand format confèrent à ses portraits une présence puissante et fascinante. « Sur des formats aux dimensions démesurées, ce sont les coups de pinceau, un dégradé, une torsion obtenue d’un coup de spatule, qui nous disent plus familièrement ce qui se cache derrière ce que nous avons vu des milliers de fois. » De fait, l’artiste s’attache avant tout à révéler une part de l’intimité de ses sujets, s’efforçant de transposer ce qu’il devine de leurs pensées sur la toile. Une toile de lin le plus souvent qui, au contact de l’huile, facilite les jeux de transparence, notion fondamentale selon lui lorsqu’il s’agit de tenter de retranscrire le réel. Des œuvres intensément réalistes, donc, au cœur desquelles s’insinue pourtant une certaine forme d’abstraction, invitant à un questionnement sur cette démarcation parfois fragile entre figuratif et abstrait.