En posant son empreinte sur la paroi rocheuse d’une grotte, l’homme a scellé l’alliance de la matière et de l’image, sous le regard du temps qui en reste le maître. Bien que radicalement contemporaine, la démarche artistique de François Daireaux participe sans nostalgie à cette évidence qu’il illustre avec passion au fil de son exposition à la galerie parisienne Les filles du Calvaire. Intitulé D’un côté // l’autre, ce parcours, dont les différentes étapes résonnent entre elles, illustre la dualité de l’objet et de sa représentation. Par delà les variations et la modernité, l’artiste initie un dialogue entre le fini et l’infini.
![François Daireau courtesy galerie Les Filles du Calvaire](http://artshebdomedias.com/wp-content/uploads/web_Mastercard_Calcutta_2006.jpg)
Dans la première pièce, les métiers de la rue en Chine, au Maroc ou ailleurs, défilent en boucle sur trois écrans géants au rythme saccadé des gestes répétitifs des ouvriers. Des séquences courtes qui traduisent l’activité humaine incessante mais dont le produit est unique. Puis, on pousse un rideau masquant un escalier qui mène à une vaste salle où des photographies prises dans des rues indiennes courent aux quatre murs. Contre-pied sur le sol, la trace des lignes et volumes de l’image. Chaque photo possède un double moulé en silicone verte qui remet en jeu l’œuvre dans son autre. Cette déclinaison dans le sens image matière, que l’artiste nomme les « Skizzes » (terme à rapprocher de « schizophrénie ») introduit brillamment la mise en scène de la troisième salle appartenant à la galerie complice Dix9, qui a ouvert récemment ses portes dans l’immeuble d’à-côté. Là, posés sur des stèles identiques, vingt-huit bustes de plâtre au regard fixe s’alignent. C’est à Trivandrum en Inde que François Daireau a fait la connaissance de P. Chellappan, le modèle de cette étonnante collection. Lors de cette rencontre, l’homme lui avait fait visité le parc de l’école d’art dans laquelle il posait et lui avait montré les études plus ou moins réussies des élèves. Plus tard l’artiste était revenu faire des moulages de toutes ses interprétations. Ce sont ces derniers qui sont exposés accompagnés d’une vidéo cadrée serrée sur le visage du septuagénaire qui bouge d’à peine un cil. La présence quasi fixe de l’image au milieu de ces sculptures renvoie aux films de la première salle sur un tempo lent, fermant la boucle. Commencée à l’Abbaye de Maubuisson avant de rejoindre la Villa Tamaris, cette exposition sur les empreintes du temps trouvera son point d’orgue à l’Artothèque de Caen du 3 juillet au 29 août prochain.
![François Daireau courtesy galerie Les Filles du Calvaire](http://artshebdomedias.com/wp-content/uploads/web_Ascendant-poisson-Taiyuan-2007.jpg)