Exposition collective à Paris – Gosti, le « petit-fils » de Cobra

Son souci de sincérité, sa soif de spontanéité et son attachement à la liberté, Jean-Yves Gosti les partage avec les représentants de Cobra. C’est à ce titre, et considéré comme un « petit-fils » du mouvement, que le sculpteur est l’invité d’une exposition imaginée par la galeriste parisienne Marie-Jeanne Petit et pour laquelle elle a réuni les œuvres de treize artistes majeurs du groupe aujourd’hui disparu, mais qui, s’il n’a duré que trois ans (1948-1951), a profondément marqué l’art du XXe siècle.

Le hasard est l’ami des précieuses découvertes. C’est lui qui a mené Marie-Jeanne Petit au musée Cobra à Amstelveen, dans la banlieue d’Amsterdam. « Cette visite imprévue a été source d’un véritable coup de foudre, explique la galeriste. J’ai été littéralement envoûtée par les œuvres de Karel Appel et de Pierre Alechinsky. » Dès lors, sa décision est prise. Elle frappe à la porte des éditeurs et se met en quête, à travers l’Europe entière, de gravures et de lithographies. Aujourd’hui, 120 œuvres réalisées par 13 artistes* du mouvement Cobra sont exposées sur les cimaises de la galerie Territoires d’expression, à l’Espace Jourdain à Paris. Depuis la mort de Corneille en 2010, Pierre Alechinsky et Jacques Calonne sont les derniers représentants de cette génération enchantée. L’exposition, loin de n’être qu’un hommage, se veut davantage comme une illustration de la modernité de Cobra.

Cobra (acronyme de Copenhague, Bruxelles et Amsterdam) est né en 1948, à une époque propice à tous les renouveaux. Le manifeste est une réaction critique aux académismes, aussi bien figuratifs qu’abstraits. Cobra témoigne aussi de l’explosion créatrice d’une jeunesse avide et iconoclaste. En 1950, alors que le mouvement atteint sa maturité, la plupart de ses membres n’ont pas 30 ans. C’est cette jeunesse qui lui donne son audace, sa désinvolture, son agressivité. C’est elle également qui fait que la réflexion alors engagée reste d’une grande actualité. Les artistes du groupe estimaient que l’art devait être spontané, en combinant certaines manifestations artistiques de peuples dits primitifs et dessins d’enfants. Cobra résonne encore à notre époque et son influence est restée assez forte pour qu’il compte des descendants.

Et c’est bien dans un esprit de filiation que Marie-Jeanne et Gérard Petit ont invité le sculpteur Jean-Yves Gosti. « J’ai retrouvé chez lui cette liberté dans la création, commente la galeriste. C’est un artiste qui marie instinct et spontanéité. L’humanité et la joie affleurent dans chacune de ses pièces, alliées à une énergie et une puissance qui le placent dans la lignée des artistes de Cobra. » La mise en résonnance de ses personnages de pierre brute, bourrés d’expressivité et de tendresse, avec les œuvres de ses aînés offre à celles-ci un éclairage inédit et réjouissant qui vient rappeler combien Cobra, plus qu’un mouvement, a été une école de la liberté.

* Pierre Alechinsky, Karel Appel, Mogens Balle, Pol Bury, Corneille, Jacques Doucet, Asger Jorn, Lucebert, Carl Henning Pedersen, Reinhoud, Anton Rooskens, Raoul Ubac, Theo Wolvecamps.

Jean-Yves Gosti
Le Deuxième Regard, Jean-Yves Gosti

GALERIE

Contact
Jusqu’au 17 juin à la galerie Territoire d’expressions, Espace Jourdain, 3, rue Jean Baptiste Dumay, 75020, Paris, France.
Tél. : 01 43 58 48 45 www.espace-jourdain.com.

Crédits photos
Le Deuxième Regard © Jean-Yves Gosti,Le baiser volant de Jean-Yves Gosti devant des lithographies de Karel Appel © Jean-Yves Gosti, Karel Appel,Le janus de Marseille de Jean-Yves Gosti devant des lithographies de Karel Appel © Jean-Yves Gosti, Karel Appel,Au premier plan : œuvres de Jean-Yves Gosti et de Jacques Doucet. A l’arrière-plan, des travaux de Pol Bury © Jean-Yves Gosti, Jacques Doucet, Pol Bury,Sans l’écorce © Pierre Alechinsky
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