Chassé-croisé, confrontation, corps à corps, qu’importe ; entre puzzle et pseudo-cases de BD guère loquaces, ou si peu – ici et là des mots font bien une escapade sur le papier : « les fleurs sont dans la boîte », « non à la cigarette » ou « liberté » –, Gersende se livre au grand écart entre les mots, pâles figurants, et la représentation. Flagrant déni de formalisme, les formes s’autodétruisent sous les strates successives : papier journal, peinture, collage. Un jaillissement abrupt, sans fil conducteur ni esquisse ou dessin, un élan sans barguigner, sans préalable, et sous le désordre, le chaos apparent, un équilibre fragile au fil du rasoir qui transparaît. Des dessins couvrent tout un mur de la galerie Keller. On peut toujours essayer de les traquer, à vouloir nommer on est vite dérouté. Alors plutôt se laisser emporter par cette formidable énergie, la richesse de l’instant saisi – vision, émotion, choc – dans l’espace qui les immobilise, suspend leur fugacité. Sont-ils les signes avant-coureurs d’une fin annoncée, les prémices d’une aventure à venir : boîtes, crânes, croix ou plantes se disputeraient-ils quelque suprématie ? Ou simplement mélancolie puis sursaut, un coin intime enfin préservé, peut-être même sauvegardé ? D’une vanité à l’autre, autant de chemins perdus et retrouvés et les dessins ne sont peut-être là que comme faire valoir, des appeaux, avant de se métamorphoser en toiles rigoureusement orchestrées : Rose, Concert muet, Croix, où soudain la couleur vibre, sensuelle, livre des camaïeux subtils, des rehauts de blanc qui scellent l’union des formes, les éclairent. Peintre dans la rue, libérée des contraintes du cadre, Gavroche qui n’hésiterait pas à gourmander le quidam qui s’aventurerait à lacérer un de ses collages, Gersende a beau être diplômée des Beaux-Arts et avoir été admise à la prestigieuse Villa Médicis à Rome, elle hante les rues où l’on se croise sans se voir, pour mieux les réenchanter. A sa manière, généreuse et insolente, entre fresques (comme celle du passage Bullourde dans le 11e arrondissement de Paris, à l’occasion du festival Bastille Quartier Libre) et collages, elle invente ses cimaises sur les murs de la ville comme dans d’autres lieux publics, estaminets ou théâtres ; son univers s’inscrit en flagrant délit de liberté sur la pelure du papier journal comme sur la toile, sur les murs d’une galerie – et c’est ici sa première exposition en solo – ou sur la peau fragile des murs si parsemés d’interdits, sans compter les lacérateurs et autres prédateurs de tout poil de la poésie urbaine, qu’ils soient pourfendeurs officiels du street art ou simples compulsifs.
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