Journaliste et photographe avant de s’immerger dans le monde de l’art plastique, l’artiste suisse Rémy Markowitsch (né en 1957) est avant tout un bibliophile. Il puise au cœur des livres, au fil de ses lectures, la matière première à toute création. Ainsi la littérature, le cinéma, les sciences, l’art, la gastronomie ou encore l’architecture sont les champs thématiques qui traversent l’ensemble de son œuvre. L’un des processus récurrents de son travail consiste à pointer un faisceau lumineux au travers des pages imprimées de motifs au recto comme au verso. Par transparence, s’opère la fusion des deux images ; apparaissent alors des paysages hybrides d’une singulière beauté, et naît une œuvre d’entre l’œuvre. Ainsi, l’artiste cultive le hasard, l’improbable des rencontres, et la série de portraits regroupés sous l’intitulé Schadenfreude, présentée à la galerie Eigen+Art, n’y déroge pas. Cette fois, la fusion des images ne provient plus de la lumière mais de la lente dégradation infligée par le temps qui a corrodé de façon aléatoire les pages d’un livre. L’intérêt de l’artiste pour l’ouvrage qui inspire cette série (un catalogue de vente aux enchères édité en 1962), fortuitement découvert chez un antiquaire à Berlin appartient à l’histoire mouvementée et controversée de son éditeur, durant les années de reconstruction d’après-guerre : il s’agit de l’une des plus anciennes maisons de vente aux enchères, la galerie Fisher à Lucerne. Les pages du catalogue, rongées par l’humidité ou la moisissure, laissent apparaître de façon partielle et aléatoire, les motifs de deux ou trois pages superposées, collées les unes aux autres. Les toiles du peintre austro-hongrois, Isidore Kaufmann, dont l’œuvre fut consacrée au peuple juif et à ses traditions culturelles, se trouvent confrontées avec l’iconographie chrétienne d’œuvres de maîtres européens. Un amalgame esthétique qui aboutit à une collision de deux réalités parallèles très hétérogènes, mais qui révèle aussi et agrège les ravages du temps à ceux générés par la grande Histoire. Présentée également lors de cette exposition, une installation tout aussi étrange et déroutante : un troupeau d’agneaux venant de naître (dont la structure est en plastique), pour lesquels l’artiste a fait appel à un taxidermiste comme pour leur insuffler plus de vie… Au nombre de douze, car c’est le nombre de peaux nécessaires à la confection d’un manteau, à peine nés, les pas flageolants, déjà la mort semble les guetter. L’artiste pose, ici, un regard sans concession sur la réalité brutale des rapports qu’entretiennent les hommes avec la nature.
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