Conçu par l’architecte américain Richard Meier, le musée Frieder Burda abrite depuis 2004, à Baden-Baden en Allemagne, la collection de l’homme d’affaires allemand dont il porte le nom. Constituée de plus de 1000 peintures, sculptures et photographies rassemblées au fil des 40 dernières années, elle prend source dans l’expressionnisme et fait la part belle à la création outre-Rhin d’après-guerre jusqu’à nos jours. Images de l’homme propose d’appréhender les œuvres de la collection sous l’angle de la représentation humaine.
Qu’est-ce qu’être un homme ? La question tient lieu de fil rouge tout le long du parcours d’une exposition qui se propose, sinon d’y répondre, tout du moins de livrer quelques pistes de réflexion à travers les œuvres et les démarches d’une quinzaine d’artistes présents dans la collection Frieder Burda. Alors que l’Allemand Georg Baselitz, par exemple, s’empare dans les années 1960 du thème de la condition humaine pour mieux explorer une peinture qu’il veut rebelle et provocatrice – il peint notamment nombre de ses personnages à l’envers –, son compatriote Gerhard Richter travaille, à la même époque, à partir de photos de personnages prélevées dans des journaux ou albums de famille avant d’être transposées sur la toile ; ces « photo-peintures », aux motifs souvent altérés, seront sa manière de se libérer des contraintes alors considérées comme inaliénables de l’art pictural. Tout comme eux, l’Autrichien Arnulf Rainer et le Français Marc Desgrandchamps se servent également de la représentation de la figure humaine, qu’ils retouchent, griffent ou recouvrent, pour pousser plus avant leur exploration de la peinture.
D’autres, parmi lesquels les artistes les plus jeunes ici représentés, s’appuient sur l’image de l’homme pour adresser des questions d’ordre social et livrent des œuvres évoquant le « vivre ensemble », l’amitié, la liberté ou le rapport à la nature. C’est le cas des Allemands Tim Eitel, qui met en scène une jeune femme errant dans un paysage aussi réaliste qu’onirique (Abend), Susanne Kühn et ses décors architecturaux d’une implacable froideur, ou encore Almut Heise, qui retranscrit avec une inquiétante justesse un moment de solitude attribué à l’univers de la petite bourgeoisie. Notre rapport au travail est lui aussi questionné à travers les pièces d’Eberhard Havekost, reprenant notamment des images de places boursières internationales, comme celles, complètement différentes, de Karin Kneffel, laquelle a choisi de s’intéresser à la vie des pêcheurs islandais.
Le parcours, qui se clôt sur un ensemble à la fois sombre et mélancolique de photographies et de vidéos dédiées à la condition humaine, et réalisées par les Américains Gregory Crewdson et Bill Viola, offre l’occasion d’une conversation riche et dense entre des œuvres éclectiques. A écouter sans modération !