D’un hier, d’un ailleurs, Julian Garcia exhume de vieux papiers pour en faire la matière d’un présent enrichi. Le chiffonnier-archéologue a borné son voyage temporel. Il ne dépasse jamais les années 60 dans sa quête : question de palette, question de tenue des teintes aussi. L’artiste déchire ensuite ses trouvailles – ou il les découpe – avant de les coller sur la toile, comme autant de touches de couleur. On pourrait croire que l’aléatoire guide sa main, que le hasard préside à la composition – privilège des vrais enchanteurs. Des portions de toile, couvertes d’une écriture inconnue, semblent raconter l’histoire d’une civilisation ancienne et oubliée. Les fruits de cette technique particulière, toute en allusion, ce sont des images imparfaites qui ouvrent le champ des possibles.
Julian Garcia aime le cinéma tout autant que les grands maîtres de la peinture. Alors il s’empare des deux. Il s’offre la singulière liberté de livrer son interprétation poétique d’une toile de Picasso – un compatriote –, d’offrir un portrait de Chaplin ou de Marlon Brando. Elégance ultime, un trait quelquefois aiguille le regard du spectateur le long du fil ténu de sa mémoire. Julian Garcia fait partie de ces artistes rares qui suggèrent sans imposer.