A l’occasion du lancement de la bourse Révélations, qui a vu consacrer le travail de Vivien Roubaud le 25 novembre dernier, la Fondation Emerige pour l’art contemporain expose un choix d’œuvres des douze artistes nominés*. En entrée libre jusqu’au 20 décembre, Voyageurs investit la Villa Emerige, située dans le XVIe arrondissement à Paris, en mettant l’accent sur la diversité des supports et des matériaux utilisés : peintures, sculptures, dessins et installations sont ainsi à découvrir. S’adressant à des artistes français, ou vivant en France, de moins de 35 ans et n’étant pas encore représentés par une galerie professionnelle, la bourse est dotée d’une somme de 15 000 euros destinée à produire une première exposition personnelle.Pour cette édition inaugurale, le jury – auquel ont notamment participé Nicolas Bourriaud, directeur de l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris, et Eric de Chassey, son homologue à la Villa Médicis – a consacré le travail de Vivien Roubaud, dont la démarche interroge la fonctionnalité d’objets du quotidien en en révélant une « contre-nature ». Parmi ses installations, un matelas au sol attaqué par une scie dont le mouvement est assuré par un moteur ; ou encore la combustion d’un feu d’artifice dans des tubes en Plexiglas remplis de gelée de pétrole. Ses modules ont été exposés au Palais de Tokyo au printemps dernier. La bourse Révélations doit permettre au jeune plasticien de bénéficier d’une résidence pour développer un projet qui sera présenté par la galerie parisienne Fabienne Leclerc en mai prochain.
Autre artiste nominé, la peintre finlandaise Henni Halftan présente sa série Modern Life à travers laquelle elle s’intéresse à l’apparition et à l’interprétation de l’image. « J’essaie de faire de la peinture d’après des images observées à la télévision ou au cinéma, ce qui peut donner l’impression qu’elles ne sont pas neuves », explique-t-elle. Dans ses tableaux, elle prend le parti de réduire l’information à un repère ou à une forme maîtrisable, jouant avec la lumière et le changement de point de vue pour brouiller les pistes potentielles d’interprétations.*Les douze artistes exposés sont Henni Alftan, Cécile Chaput, Boris Chouvellon, Martin Ferniot, Jennyfer Grassi, Lyes Hammadouche, Keita Mori, Armand Morin, Benoît Pype, Vivien Roubaud, Wilson Trouvé, Joo-Hee Yang. La visite continue avec les sculptures de Boris Chouvellon. S’inspirant des fractures qui caractérisent l’architecture urbaine, elles en dévoilent le côté « inhumain ». Une cruauté banale et ordinaire qui hante les zones périurbaines abandonnées de tous. Ses travaux ont été exposés un peu partout en Europe, ainsi qu’au Viêt Nam et au Canada. Le dessin n’est pas en reste, dignement représenté par les travaux de Martin Ferniot et de Keita Mori. Le trait aux hachures verticales du premier dévoile et superpose des personnages aux allures transparentes. Des individualités du quotidien qui s’éteignent et s’effacent devant l’agitation du monde et de la société. Le second, en résidence à la Cité internationale des arts de Paris, se base sur une surprenante pratique du dessin. Le jeune Japonais accumule et entrecroise des fils de coton tendus, collés au mur ou sur du papier, portraits métaphoriques des espaces urbains contemporains. A la fois resserrée et diversifiée, la sélection retenue pour cette première bourse Révélations tient en tout cas toutes ses promesses.