S’appuyant sur une grande maîtrise de la pellicule argentique, Sabrina Biancuzzi est l’auteur d’un travail qui nous entraîne au cœur d’un univers peuplé de songes et de mystère. La jeune photographe expose actuellement plusieurs de ses séries à la Voz’ Galerie, à Boulogne-Billancourt.
A la lecture du carton d’invitation de Surface sensible, l’imagination, déjà, se met en quête d’histoires à raconter. La première photographie de Sabrina Biancuzzi exposée à la Voz’ Galerie donne ainsi à voir un chemin sinuant au cœur d’une forêt sombre, de celles dont nous rêvions, enfant, à l’écoute du Petit Poucet ou d’Hansel et Gretel. Travaillée en argentique puis au moyen de techniques mixtes sur papier baryté, l’image, dont les traits évoquent ceux d’un dessin, présente de petites tâches noires, comme si elle avait été oubliée au fond d’un tiroir humide. La singularité de la pratique artistique de la photographe se situe exactement là : dans cette capacité à harmoniser le fond et la forme afin de donner à l’œuvre un aspect tantôt fantomatique, tantôt onirique, tout en conférant une certaine force d’attraction à des lieux souvent inquiétants, voire terrifiants. « Je tente ainsi, indéfiniment, de créer l’objet visuel, vecteur de mon émotion », explique l’artiste, âgée d’à peine 30 ans.
Entre mystère et nostalgie
La Voz’ Galerie présente une sélection de six séries, la plupart en noir et blanc, réalisées entre 2005 et 2011. L’on y découvre des clichés empreints à la fois de mystère, de nostalgie et de mélancolie. Certains nous invitent à l’intérieur de vieilles maisons de campagne, dont il nous semble percevoir des images autant que des odeurs, d’autres encore nous emmènent au cœur des limbes du sommeil dont nous n’avons au réveil que de furtifs souvenirs.
Sans être d’une véritable originalité, les travaux de Sabrina Biancuzzi témoignent d’une grande maîtrise de la pellicule argentique et des techniques anciennes – bientôt vouées à disparaître ? –, telles que l’utilisation d’émulsion liquide, la création d’internégatifs ou les tirages au palladium. Petit coup de cœur pour la série Entre deux, composée de photographies réalisées principalement au sténopé 4 x 5 pouces, qui nous emmène le long des rivages de la mer du Nord et de ses stations balnéaires désertes, racontées par des cabanons et des parasols se dressant là comme des figurants dans un paysage d’une autre époque.
A noter également le très beau travail de « mise en scène » effectuée par l’accueillante et sympathique jeune galerie Voz’, qui a ouvert ses portes en juin 2011.