J-3 pour la treizième édition de la Nuit Blanche parisienne. Le programme annoncé par la maire de la capitale Anne Hidalgo et le directeur artistique de la manifestation José-Manuel Gonçalvès – actuel directeur du Centquatre –, laisse augurer d’un parcours riche et diversifié, rythmé de performances, installations et autres œuvres d’art contemporain à découvrir ce samedi 4 octobre à partir de 19 h. Une édition 2014 qui se distingue par une volonté de privilégier le cadre de l’espace public et le désir de pérenniser certains projets pour « un an ou plus ». Sélection.
Avis aux amateurs, c’est muni de bonnes chaussures qu’il convient de jouer les noctambules pour cette nouvelle édition de la Nuit Blanche ! Territoire de déambulation privilégié cette année, la rive gauche de la capitale s’apprête à prendre des airs de musée à ciel ouvert en abritant cinq des six principaux « points de vue », ou itinéraires, proposés dans le cadre d’une Grande Randonnée Artistique et explorant chacun une réflexion en adéquation avec l’environnement investi. Le thème des « humanités » animera ainsi par exemple le Quartier latin, tandis que plus au Sud, aux abords de l’hôpital Necker et le long de la petite couronne, les œuvres présentées s’attacheront respectivement aux notions de famille et de nature.
Dans la continuité de diverses manifestations de Street art – parmi lesquelles la Tour Paris 13, à l’automne dernier – présentées ces dernières années, le XIIIe arrondissement se fait plus particulièrement l’écho de l’ouverture à l’art de rue qui caractérise la Nuit Blanche de cette année en accueillant plus d’une trentaine de créations signées par des artistes et collectifs internationaux. L’Américain Mark Jenkins, figure importante du Tape art, déploie en plusieurs lieux ses sculptures hyperréalistes moulées avec du ruban adhésif. Des personnages Vraisemblables qui se retrouvent dans des situations insolites décrites par l’artiste comme des mises en scène simplifiées du monde suscitant la gêne autant que l’amusement. Jan Vormann s’est quant à lui fixé comme mission artistique de réenchanter les murs de la rue Chevaleret à l’aide de briques de Lego multicolores. Par ses interventions, le jeune artiste allemand entend renvoyer le sérieux et la monotonie des façades urbaines à la jovialité des constructions de l’enfance. Depuis 2009, il a ainsi métamorphosé les murs de plus d’une quarantaine de villes à travers le monde dans le cadre de son projet Dispatchwork.

De l’autre côté de la Seine, à l’Hôtel de Ville, Hicham Berrada – récent pensionnaire de la Villa Médicis – investit la cour du Maire avec ses vidéos mettant en scène des réactions chimiques projetées sur écran géant. L’occasion pour le visiteur d’appréhender une démarche qui détourne les méthodes et protocoles scientifiques à des fins poétiques : manipulant différents produits, molécules et organismes dans un bécher, l’artiste fait émerger un univers tout en couleurs et en mouvement où la matière est en constante transformation. Une expérience à mi-chemin entre le laboratoire et l’atelier, où s’entremêle travail scientifique et performance. Dans la salle des Tapisseries, Motoi Yamamoto met son art au service de la méditation métaphysique et présente Labyrinth, une œuvre éphémère monumentale qu’il tracera avec du sel, symbole de vie et de purification. A quelques pas de là, au BHV-Marais, le cinéaste Tsai Ming-Liang interroge l’agitation et la vanité qui accompagnent la vie urbaine contemporaine. Son film Walker raconte la lente marche d’un moine qui avance tête baissée, pieds nus et crâne rasé dans la frénésie des rues de Hong Kong. Une image qui devrait contraster avec celle des dizaines de milliers de visiteurs attendus dans les rues de Paris samedi soir, le regard vif et les sens en alerte !