Wu Xiaohai | Destin

« Wu Xiaohai entend nous faire partager son imaginaire. Sur un mode qui entre en résonance avec les fables d’un Gulliver. L’artiste se situe bien dans cet “entre-deux” qui est aussi celui des poètes. Les saynètes qu’il nous montre font entrer en dissonance des temporalités les plus diverses. S’y entrechoquent l’âge d’or de l’enfance, l’histoire de mythologies révolutionnaires bien vivaces ou encore la figure d’un sage. Images de ruines, images de la catastrophe, images à partir desquelles se cristallise une mémoire collective. Ces images, ce sont celles de la mélancolie. Leur sens nous est familier depuis la Renaissance en Europe. En Chine, les images de la mélancolie sont nées plus tardivement, dans le contexte d’une société que la modernité a bouleversé. Le choix du fusain d’une part, celui de la céramique de l’autre n’est pas le fait du hasard. Tous deux “subissent la transformation sous l’influence du feu”, rappelle l’artiste. Ce rapport au matériau est aussi une invitation où se mêle à l’émerveillement le sentiment d’une plongée obscure dans les premiers âges de l’Homme ; sentiment voisin à celui qui me traverse à la vue d’une céramique ancienne que l’on a extraite à sa gangue de loess, dans l’une de ces régions antiques du lointain Fleuve jaune. » Emmanuel Lincot, historien de l’art. Visuel : Danse avant de dormir, Wu Xiaohai.