Pierre Paulin | Boom boom, run run

Première exposition monographique consacrée à Pierre Paulin. Essentiellement composée de nouvelles productions, Boom boom, run run continue de déployer l’intérêt de l’artiste pour le langage, dont il multiplie ici les formes d’apparition, depuis la poésie, l’essai et la traduction, jusqu’au prêt-à-porter. Le travail de l'artiste s’inscrit dans un rapport étroit avec la culture visuelle d’aujourd’hui. L’utilisation du terme « look », que ce soit pour qualifier son travail poétique ou les ensembles de vêtements qu’il produit, est le dénominateur commun d’une pratique de l’écriture et de l’art basée sur la combinaison et la traduction de formats et de signes culturels. Dans cette perspective, le travail de Pierre Paulin s’assimile à la composition d’un « look » vestimentaire qui, à l’instar d’un poème élaboré à partir d’une langue commune, repose sur une stratégie fragile permettant de conserver un tant soit peu le sentiment d’une singularité. Comment exprimer un look singulier à travers des vêtements produits en série, que l’on réassemble jour après jour ? Comment parvenir au sentiment d’une expression individuelle à l’aide d’un assemblage de mots dont la signification nous précède ? Du vêtement au texte, du corps aux mots, dans le sillage de William Blake, Pierre Paulin ne sépare pas l’écrit de la représentation, ni l’image du discours. Le texte est omniprésent, que ce soit dans les vêtements (poches et doublures), dans les vidéos qui portent la « voix » du poème, dans les livres qui renferment des interprétations libres de textes théoriques traduits pour être lus à haute voix. Boom boom, run run est aussi le titre d’un essai écrit par l’artiste. Rythmé par des scansions, il est l’ambiance poétique de l’exposition. À partir d’une brève histoire culturelle de la basket, cet essai retrace de manière personnelle l'évolution du sportswear en l’articulant à celle de la poésie concrète. Croisant tour à tour le groupe Run-D.M.C et le poète américain Jack Spicer, cet essai assimile les logos de marque à des voix parlant par onomatopées. Il est le fil conducteur de l’exposition : le logo en tant que voix d’une poésie générique. Visuel : Planche de recherches, Pierre Paulin, 2017 © Pierre Paulin.