Pierre Aghaikian

"Que reste-t-il ? De pauvres formes amoindries posées dans un paysage désolé ; rivages épars couleur de paquets de clopes; quelques auréoles de sainteté, opaques et dures, héritées des temps reculés où l’on croyait encore. Quelque chose de pas tout à fait aimable, ni tout à fait abject. Voilà le peu que Pierre Aghaikian a rapporté du fond de la grotte. Après l’extrême saturation de ses grandes compositions, l'artiste prend assurément un virage plus inquiet. Sa peinture, désormais, tient davantage de la macération. C’est une peinture au bord, au bord du discernable, au bord du supportable, qui se ramasse, aussi, dans une épure plus radicale : économie du geste et des formats autant que de l’intention. D’aucuns seront surpris de cet appauvrissement, qui a quelque chose, il est vrai, d’un à quoi bon ? Question vertigineuse, ou vaine, mais qu’il faut bien poser, formuler, c’est-à-dire, pour le peintre, figurer, et ce même s’il n’y a pas de réponse. Paradoxe du rien qui est cependant quelque chose. Mais alors quoi ?" Texte de Thibault Bissirier. Visuel > Pierre Aghaikian, Untitled7 (two pig heads and a sitting man), 2022. Acrylique sur toile, 220 x 210 cm.