Patrick Neu | Manège

Un manège de chevaux, dont le bois s’est changé en cristal, quatre d’entre eux en voltige autour du grand luminaire suspendu dans le puits central du musée de La Grande Place, à Saint-Louis : cette féerie, que l’on dirait sculptée au palais des glaces de La Reine des neiges d’Andersen, est l’œuvre de Patrick Neu, artiste inspiré et responsable de créations à la Cristallerie. A cette matière qui défie et fascine par ses contradictions mêmes – sa fragilité, sa dureté, sa complexité technique, sa pureté, son mystère voilé de transparence –, l’artiste demande la grâce de ranimer dans son éclat originel la joie enfantine et populaire de la fête foraine. Pour ce pur plaisir retrouvé, il lui a fallu façonner, par de minutieuses et complexes étapes, avec l’aide des maîtres verriers de la Cristallerie Saint-Louis, les six corps des montures de cristal – mi-bêtes, mi-anges de lumière – à partir de moulages en résine de deux chevaux de manège, dont l’artiste a pris soin de personnaliser l’anatomie, l’attitude et l’ornementation, achevant chaque coursier ainsi individualisé par une queue en crin. La spirale de la visite, qui suit l’architecture même du musée, donne au public l’illusion que le carrousel s’actionne : ainsi se met en marche la chevauchée douce qui berçait l’enfance au lieu enchanté des premières joies et des rires cristallins sur le manège. Le quadrige nous prend dans sa ronde légère, comme les quatre saisons que durera l’exposition, et les quatre âges de la vie qu’éclaire à jamais la mémoire enfantine. Visuel : Dessin préparatoire signé Patrick Neu.