Mikaël Monchicourt | n t r m rt

Pour sa deuxième exposition personnelle à la galerie Isabelle Gounod, Mikaël Monchicourt propose un saut dans le temps, dans un monde d’après où la nature aurait finalement repris ses droits tout en conservant les reliques d’une présence humaine désormais lointaine. Quelques pièces (End Line Inspection, 2024 ; Input Table, 2024) s’inscrivent directement dans la continuité du travail précédent dont certaines œuvres présentaient les ouvriers fantomatiques d’usines de production textile (Training line, 2021), à la fois en tant que symboles de notre société industrielle et mondialisée, mais aussi comme préfiguration d’une ère post-humaine où nos natures mortes persisteraient, telles des ruines silencieuses . Des fragments d’éléments informatiques, des vis, une lame de cutter, des fragments de statistiques sont autant d’éléments piochés dans le quotidien pour devenir les vestiges de notre passage. Ils sont disséminés dans les œuvres tels les débris d’une civilisation lointaine, figés dans la résine et mêlés à la peinture, à la colle, et aux impressions sur Rhodoïd. La surface de l'œuvre habituellement lisse devient alors agitée, imparfaite, visqueuse, elle se retrouve même parfois habitée de formes tentaculaires étranges. Depuis Collection de lettres (2018), Mikaël Monchicourt accorde une certaine importance au langage et aux lettres tout particulièrement. Avec n t r  m rt (nature morte), l'artiste joue avec le langage, fait disparaître les voyelles. Des voyelles pourtant indispensables à l’articulation de notre parole, mais qui se sont échappées, se cachent parmi les vestiges de notre culture, éparpillées dans les paysages d'un monde d’après. Visuel> Détail de Système #2, 2022. Encre, peinture à l’huile, Rhodoïd imprimé et résine sur aluminium, 200 x 142 cm. ©Mikaël Monchicourt