« Apparitions et disparitions de formes opaques et miroitantes, images allusives et elliptiques, enveloppées d'une lumière rouge-orangée... Il s'agit avec Mindless Pleasures de se laisser séduire par le jeu des apparences, dans leurs présence et absence simultanées, à la fois sensuelles et insensées. (...) C'est à la suite de la Pictures Generation des années 1970-1980 que s'inscrit le travail de Ludovic Sauvage, non pas pour en contester la pertinence mais pour en déplacer l'horizon : là où la confusion du réel et de sa représentation était souvent synonyme d'aliénation et de déréalisation, elle est chez lui une manière d'habiter le monde, la seule expérience qui en soit en vérité possible. Il ne s'agit donc pas de renouer avec les notions d'originalité, d'unicité et d'authenticité, mais de retrouver de la présence à même les représentations, de l'immédiateté au cœur des médiations.
Une opération qui revient chez l'artiste à découper, coller, superposer et juxtaposer des images extraites de sa collection de photos et de diapositives anonymes, archétypales et stéréotypées dans leurs sujets aussi bien que leurs cadrages. (...) Situées à différents niveaux du regard, ses pièces induisent ainsi un cheminement optique, des allées et venues ponctuées de zones d'ombre et d'éclats lumineux. (...) Enveloppés d'une lumière rouge artificielle, le tout et les parties de Mindless Pleasures sont ainsi les vecteurs d'une présence paradoxale, à la fois proche et lointaine, performative et mnémonique. C'est aussi ce que l'on appelle “aura”, qui ne s'oppose plus ici à la “représentation” mais se joue au contraire dans ses creux et ses plis. Un entrelacs de temps et d'espaces, à la fois réels et imaginaires. » Sarah Ihler Meyer, historienne de l’art et commissaire d’exposition. Visuel : Spring (flow) #2, Ludovic Sauvage, 2017.
Ludovic Sauvage | Mindless Pleasures
