Laura Nillni | Les contes de la forêt vierge

« Musique, éléments naturels et littérature inspirent à Laura Nillni la création d’un répertoire de figures, qu’elle superpose pour jouer sur des effets de profondeur et d’ouverture de lumière. Ses dessins présentent une tension entre fixité et mouvement et convoquent un temps long, un déplacement du regard. Elle utilise le papier calque pour créer des jeux de transparence, des passages de couleurs et combiner ses formes organiques. Les lignes, obliques, circulaires et fluides, tel un langage, font songer à des lieux, à des phénomènes et à des récits. Ce motif récurrent l’amène à faire surgir des souvenirs d’expériences sensibles. Le calque est la mémoire. Il permet une superposition de couches et condense ce qui fait la vie. (…) Ses livres calques réalisés à l’encre présentent des lignes, branches d’arbres et flux qui traduisent des mouvements, des envolées, des arborescences, des possibilités de fuite et de croissance. Ces livres de traces colorées continuent de vivre au fur et à mesure de leur manipulation. Ils prennent l’empreinte des lieux où ils sont déplacés. Ouvrir, feuilleter les livres, soulever les pages, ces gestes font écho à une relation de la main à la terre, un toucher qui mène à des souvenirs de sensations, odeur du végétal, eau fraiche ou chaude. Aller-retour entre des formes qui circulent de papier en papier, les dessins de Laura Nillni nous conduisent à prendre conscience des éléments naturels et du soin qu’on peut avoir à les regarder. De l’entrelacement, de l’imbrication vers de multiples ouvertures, ces dessins nous invitent à voir à travers, plus loin et à découvrir les différentes étapes de développement de la forme. » Pauline Lisowski, commissaire de l’exposition. Visuel : Les contes de la forêt vierge (détail), Laura Nillni, 2019.