Katharina Ziemke | La lune, comme un sabre blanc

« Pour sa première exposition personnelle à la Galerie Isabelle Gounod, la jeune artiste allemande s’empare des poèmes symbolistes d’Albert Giraud, rassemblés en 1884 dans son recueil Pierrot Lunaire et dont Arnold Schönberg s’inspira pour composer, en 1912, une œuvre musicale saisissante de modernité. S’inscrivant dans cette généalogie à la fois littéraire et musicale, Katharina Ziemke y apporte une lecture plastique et visuelle du mythe de Pierrot, présentant un ensemble inédit de sculptures en bois peint et de grandes toiles réalisées à l’encre et au crayon de couleurs. Autant de nouveaux médiums et techniques qui lui permettent de rejouer les amours fragiles du poète lunaire de la commedia dell’arte et de composer un théâtre de chambre halluciné, dont les protagonistes immobiles paraissent flotter entre les rives du drame et de la farce. (…) Tout autour, la mise en scène réalisée avec la complicité d’Emilie Cognard laisse sourdre une atmosphère feutrée de fin du jour, comme embaumée du parfum léger de la mélancolie et de celui, plus capiteux, d’une étrange inquiétude. (…) Entre rêve et cauchemar, Katharina Ziemke soulève ainsi le lourd rideau de la réalité pour laisser entrevoir un monde étrange et hors du temps, nous invitant à y entrer pour sombrer, avec elle, dans le songe d’une nuit d’automne. » Thibault Bissirier, galeriste. Visuel : Vue d’installation (détail), Katharina Ziemke, 2018. Photo Michele Galassi.