Isabelle Jarousse

« L’intérieur, toujours allez dedans. Il y a une multitude de choses à découvrir en soi. ». Depuis trente ans, je suis fidèle au papier, support que je fabrique à partir de la pâte à papier qui vient du chiffon. Cette matière est une texture douce comme du coton, métaphore du drapé et de la peau ; une matrice noueuse, creuse ou plate dans laquelle j’inscris mon écriture, je structure mon langage, j’obéis à la création. Aujourd’hui, animaux, plantes, êtres humains mais aussi des formes plus abstraites comme des traits, des points, des courbes, enrichissent mon langage graphique. Je compose ma surface blanche avec un pinceau rempli d’encre noire, je dessine à plat ou en relief, lentement, minutieusement. J’investis la surface du papier de mon écriture obsessionnelle, je vérifie l’ensemble et scrute le moindre défaut. Commence alors un travail de recomposition. Je découpe et colle des pansements de papiers pour cacher les « ratés ». Je reconstruis le dessin pour atteindre l’harmonie souhaitée entre les pleins et les vides. Des épaisseurs s’ajoutent au support initial, des palimpsestes d’une écriture réprimée, rejetée, corrigée, froissée jusqu’à la perfection. Visuel > Isabelle Jarousse (2022)