Les intérieurs privés pris dans le contexte d’événements historiques constituent le cœur du travail photographique de Beatrice Minda. Ses photographies saisissent des mondes en train de disparaître lentement. A l’intérieur de maisons anciennes et toujours habitées, l’artiste explore les traces de vie et de changements historiques. Son dernier ouvrage, Dark Whispers, est consacré à la Birmanie (Myanmar), qui fut confinée durant des décennies sous le joug d’une dictature militaire. Restés cachés, les intérieurs privés témoignent des expériences individuelles et collectives dans l’histoire complexe de ce pays. Le regard photographique de l’artiste n’occulte pas les aspects contradictoires de l’époque coloniale et de ses conséquences. Ses travaux mettent l’accent sur l’atmosphère de ces vies écoulées et sur les formes de représentation dans lesquelles les habitants cherchèrent à l’époque à se réaliser. Souvent, il s’agit d’objets qui n’ont pas été touchés des décennies durant et qui témoignent d’un monde disparu. Toutefois, entre hier et aujourd’hui, un fossé reste béant. Un vide inquiétant habite ces lieux. Depuis l’ouverture politique et économique de la Birmanie en 2011, des investissements déferlent par ailleurs à grande vitesse sur le pays. Tout est placé sous le signe d’une braderie économique à tout-va. Dans ce contexte, la plupart de ces témoins délabrés de la colonisation sont victimes des conséquences de ces bouleversements politiques et économiques récents. Visuel : Dawei (série), Beatrice Minda, 2015.
Beatrice Minda | Dark Whispers
