François Dezeuze | Les catastrophes des archifantaisies 1

" François Dezeuze " fût" graveur et seul un maître graveur peut se permettre des explorations aussi audacieuses avec une presse, du papier et de l’encre. Il a abandonné depuis quelques temps déjà - d’où le "fut" - les outils et le vocabulaire même du métier, les plaques, les acides, les burins, les vernis, les eaux fortes, la défonce ou les hirondelles, pour ne garder que les macules et les mauvais réglages…. Chercheur obstiné de légèreté, il a encore tourné le dos au drame du savoir-faire. Ce qu’il produit ce sont des catastrophes, ces macules honnies par les tâcherons de la presse. Les petites collines d’encres qu’il dépose sur la feuille de papier sont écrasées par le cylindre jusque dans les fibres les plus ténues, exténuées. On pourrait croire au hasard, mais ce n’est pas si simple, François connaît trop bien sa machine et le papier qu’il y englouti. Il affine, de tirage en tirage, règle, note, observe ces catastrophes. Il lutte contre cette implacable symétrie inhérente à l’imprimerie, qu’il juge inquiétante, obscène, monstrueuse. Il découpe, fusionne, lie, coupe… Compose formes et couleurs, un peu comme un peintre, par couches, sédiments, sauf que le papier ici assèche et boit tout jusqu’à l’ultime pigment. De ces cataclysmes d’impressions naissent des formes rares parfois très colorées dans lesquelles évidemment on pourrait se perdre en points de vue." Philippe Saulle