Carl Andre | Sculpture as Place, 1958-2010

Le Musée Reina Sofia, à Madrid, accueille au Palacio de Velázquez la première rétrospective espagnole d’un des piliers du minimalisme américain, Carl Andre (né en 1935). Placée sous le commissariat de Philippe Vergne et Yasmil Raymond, elle offre de remonter jusqu’à la fin des années 1950, époque à laquelle l’artiste expérimentait la peinture abstraite et partageait, à New York, l’atelier de Frank Stella. Une dizaine d’années plus tard, Carl Andre commence à « construire » de grandes sculptures, faites de matériaux sur lesquels il n’intervient pas et qui se voient juxtaposés ou superposés au sol. En invitant le spectateur à marcher sur certaines de ses pièces, et en faisant abstraction du volume – caractère jusqu’alors essentiel de la discipline –, l’artiste va transformer radicalement le rapport du public à la sculpture. Ses œuvres, en bois, marbre et métal, d’une radicalité sans précédent dans l’art sculptural avec lequel l’artiste flirte inlassablement, sont à la fois des situations et des lieux où l’œuvre réinvestit l’espace réel et les trois dimensions euclidiennes, et où est délibérément reléguée au second plan la dimension spirituelle, intellectuelle et émotionnelle de l’art. Parmi les œuvres emblématiques exposées, Magnesium Copper Plain (1969) et Uncarved Blocks Vancouver (1975) témoignent d’une période qui a vu tout un pan de l’art contemporain poser la question des frontières extrêmement minces entre sculpture, installation et dimension participative ou expérimentale de l’œuvre d’art. Visuel : Vue de l’exposition Scupture as Place, 1958-2010, Carl Andre. Photo Joaquin Cortes / Roman Lores.