Vu de l’esprit

Du 18 juin au 17 juillet à la galerie Le garage, à Lorgues, et déjà depuis le 3 juin (jusqu’au 16 juillet) à la galerie La Porte Etroite, à Toulon, sont exposés des dessins de Frédéric Daviau et des photographies de Thierry Azam. Dans tous deux cas, il s’agit de paysages. Et, « si paysage il y a, il ne peut être que mental, fruit de la vision intérieure d’un pays de cocagne dont les rythmes doivent plus à l’architecture et à la musique qu’à la topographie », écrit Louis Doucet à propos des dessins au crayon de Daviau. La remarque tient aussi pour Azam fondateur, à Lorgues, du festival international des Musiques insolentes et dont les pérégrinations à Juvisy, Le Havre, Toulon ou Essaouira sont autant de prétextes à rythmer des paysages sonores intérieurs. 

« Défini, à quelques singularités près, par Robert ou Larousse, le paysage renvoie à une étendue spatiale, qui s’offre au regard d’un spectateur, nous rappelle le texte de Gilles Boudot en introduction de l’exposition. On y associe le plus souvent, l’idée de point de vue, affirmant ainsi implicitement, la présence de l’artiste « sur le motif », attentif aux particularités formelles que la nature lui offre dans l’instant. Les dessins de Frédéric Daviau, présentés ici, ne renvoient en revanche à aucun réel existant et si les arbres, les bosquets et les clairières sont parfaitement identifiables, les paysages qu’ils racontent n’appartiennent qu’au monde des idées. Par de vastes panoramas ou par le détail d’une lisière ombreuse, l’artiste nous abandonne à notre propre désir de rêve et son trait, incisif et toujours élégant, nous entraine dans l’exploration fascinante de territoires inconnus et pourtant familiers. Car oui, ces paysages nous les avons vus semble-t-il, au moins en songe, en souvenir fugaces ou encore à travers les arrière-plans incertains de la peinture classique. Frédéric Daviau nous les offre là, dans le scrupuleux détail de leurs mystères, dans leur parfaite irréalité, éternels et comme vus de l’esprit. »

Quant aux photographies de Thierry Azam : « C’est Juvisy, Le Havre, Toulon ou Essaouira…, reprend Boudot, mais on ne saura en fait rien de ses voyages sinon la pluie, la buée sur la vitre ou le déplacement du train. Résolument subjectives, ses photographies nous racontent un espace sans contours précis, fait d’un même gris qui parfois se colore. Formes incomplètes, profondeurs inquiétantes, lueurs miraculeusement surgies d’un l’horizon bouché, tels sont les outils, quasi picturaux, avec lesquels Thierry Azam nous dit le paysage qu’il veut bien nous dire. Car le réel ici nous échappe, subrepticement remplacé par la représentation d’un paysage intérieur, comme l’instantané qui fixe un état d’âme, le passager clandestin véritable de l’image montrée. Autant d’apparitions furtives d’un seul et même paysage, toujours fuyant. Archétypal car vu de l’esprit. »

Pour en savoir plus sur les artistes, lire sur le site de Frédéric Daviau les très beaux textes au regard de son œuvre de Louis Doucet et Jean-Francois Coulais. Quant à Thierry Azam, il est aussi le fondateur de la Galerie Le Garage, or se rendre à Lorgues est toujours une aventure, un parcours mental une rencontre,  par-delà les  Maures que l’on vienne de Toulon par l’autoroute de Saint-Tropez, par la route de Grimaud, par Bormes ou le Rayol Cannadel en traversant la forêt du Dom,  au Garage, c’est certain, vous y serez  bien accueilli(e)s.

Informations complémentaires  

Vu de l’esprit : Frédéric Daviau/dessins et Thierry Azam/photographies