Valère Novarina déclare la vie

Qui dit que le langage est salvateur, que l’imagination sauve de la tyrannie des mots, que le souffle est charnel ? Qui a misé sur l’impulsion du geste, la figuration impérative, l’atout du bégaiement ? Est-ce vraiment parce que l’homme est connu pour une certaine idée du langage, du théâtre et de la peinture que son nom a le goût du mystère ? Animal imaginaire s’il en est, Valère Novarina trifouille dans le corps des langues, plonge son pinceau dans la langue vive. Son œuvre ouverte travaille l’enthousiasme et la jubilation. Alors que deux ouvrages ont récemment fait leur entrée en librairie – Valère Novarina, le surgissement de l’inconnu, de Laure Née, aux Presses universitaires de Vincennes, et La Clef des langues, de Valère Novarina aux éditions P.O.L. –, ArtsHebdoMédias vous invite à découvrir un atelier rare d’écriture et de peinture.

 « Un jour, un mot vous éveille, vous réveille, vous emporte, vous questionne, vous séduit. Un jour, vous vous retrouvez face à l’énigme d’une sonorité exotique qui vous donne envie d’ouvrir des dictionnaires, de chercher des racines, de reprendre vos études de grec et de latin. […] Un jour, un mot, une phrase, vous transforme et vous n’avez qu’un souci, partager cet inouï, cet inattendu, le raconter, le faire comprendre, le faire vibrer. »

Extrait de Dieu et l’art de la pêche à la ligne, Marc-Alain Ouaknin, 2017

Je ne savais presque rien, le jour où mon œil s’est arrêté sur trois mots qui m’agitent encore. Devant la parole. Ce titre, pourtant sans verbe, s’offrait comme une proposition mystique. Se tenir devant la parole comme devant Dieu ou devant la vie. Cela me remua au point que la lecture du livre entier s’effectua dans le même élan, sans pour autant effacer le sentiment que les trois premiers mots avaient tout dit d’emblée. Ce qui rationnellement était impossible, mais a défini en moi l’œuvre entière de Novarina. Chaque trouvaille renferme et ouvre un monde. Depuis lors, l’ouvrage siège dans ma bibliothèque panthéone et je le cite à l’envi. Certains de mes étudiants se souviennent peut-être de ce premier TD où, tout à ma jubilation, je leur déclamais en préambule :
« Qu’est-ce que tous les mots nous disent en secret ? Quel est le secret que nous nous passons les uns les autres en parlant ?… Si nous appelons les choses d’un nom, c’est pour entendre que tout le réel est parlé. C’est sur la parole que la matière repose : la parole est la portée du temps, son portement. C’est un autre monde que nous verrions de nos yeux avec d’autres mots. Notre vue est parlée. Le visible est un renouvellement perpétuel de paroles. Rien n’est sans voix. Rien n’est sans langage. Si le mot en sait plus que l’image, c’est parce qu’il n’est ni la chose, ni le reflet de la chose, mais ce qui l’appelle, ce qui trace dans l’air son absence, ce qui dit dans l’air son manque, ce qui désire qu’elle soit ».
Je cherchais à étayer mes premières sensations, à les rendre intelligibles, et à saisir une occasion d’interroger celui qui, depuis les années 1980, dessine et peint en surcroît. La sortie du livre de Laure Née, Valère Novarina, le surgissement de l’inconnu, m’en donna l’occasion. J’arrivais devant la porte de l’artiste avec une question première : « Ce pourrait-il que le dessin, la peinture, en sachent moins que les mots ? »
Plutôt que de répondre, Valère Novarina s’engage dans l’« historique de la chose » et explique avoir cessé de dessiner l’enfance passée. Il est adulte quand arrive un temps d’écriture. Il faut tenir tout septembre sans autres préoccupations. Les préparatifs se terminent. Toujours isolé en pleine montagne, le chalet est nanti de l’essentiel : crayons, encre, plumes, bambou. Reste désormais à laisser s’écrire les mots. Aphasie totale. Face aux feuilles impatientes, jaillissent par surprise et en continu des dessins à l’encre. Nous sommes en 1980. Si les textes novariniens peinent encore à intéresser les maisons d’édition, les dessins attirent immédiatement l’attention de la galerie MEDaMOTHI, à Montpellier, qui propose de les exposer. Pas question.

Dans l’atelier de Valère Novarina. ©Photo MLD

A l’œuvre achevée, Novarina préfère celle à venir et programme la première « crise de dessin » en public, que Dezeuze (Daniel) rebaptisera « dessination ». Du lever au coucher du soleil, 455 figures voient le jour. Dans les livres, ce sont les noms qui s’accumulent comme en écho à ces frénétiques apparitions. Les 6, 7 et 8 juillet 1983, installé dans la Tour Saint-Nicolas, à La Rochelle, Valère Novarina dessine les 2 587 personnages du Drame de la vie, qui sera publié l’année suivante chez P.O.L. Prennent forme alors L’Homme des Langues, L’Homme de Temps, Le Boursier Violent, L’Ouvrier Vivant, L’Homme au Porc, Le Mangeur de Ouiceps, Jean des Planches, Harpime et les autres. Leurs noms ont été préalablement tapés à la machine à écrire, un par feuille, pour le jour J provoquer l’« électrochoc », source de dessin.
Avant chaque dessination, il faut donc préparer le matériel comme pour une sortie en montagne car rien ne doit entraver l’action ou manquer de faire dévisser l’alpiniste. L’idée est de dessiner sans arrêt. Au fil des heures, accélérations et ralentissements de la main se succèdent. A certains moments, le trait ressasse. A d’autres, il s’assèche. La pratique est répétitive mais s’apparente plus à un bégaiement ; le dessin à un mot, qui avant de se présenter s’offre dans des atours tronqués, semblables mais différents. Les feuilles sont mises au mur dans l’ordre d’apparition, laissant entrevoir une sorte de sismographie de l’action. Chaque dessin naît d’une impulsion cherchant à décrocher de l’intention pour ne laisser s’exprimer que l’énergie. Y-a-t-il une accointance possible avec le dessin automatique des surréalistes ?
Novarina raconte alors que son père et sa tante Madeleine les fréquentaient, que son oncle Louis était très lié à Breton. S’impose aussi Sarane Alexandrian, qui appartenait à la dernière garde du mouvement surréaliste. Au-delà de la saga culturelle familiale, l’adjectif « automatique » ne lui convient pas. Il porte par trop l’idée d’une stérilité plutôt que d’une invention. L’expression est taxée de « mal trouvée ». Pour lui, le dessin invente, soigne aussi. Il supplée à la lenteur de l’écriture, permet de retrouver le geste dans celle-ci et aussi d’avoir « un texte qui s’en va, continue dans l’autre sens, une espèce de matérialité des choses ». Les souvenirs s’enchevêtrent comme les noms et les dessins se tressent en une farandole sans date. Déterminer une chronologie précise n’est pas notre affaire. Le site Internet Novarina.com s’en charge très bien. Une certitude toutefois, il n’y avait bien qu’un écrivain pour imposer à l’art de l’époque une figuration aussi systématique et proche du récit.
Au départ, les dessins sont réalisés uniquement à l’encre, puis très vite le crayon rouge apparaît. Les autres couleurs et la peinture se feront attendre comme s’il y avait des étapes à franchir sans pour autant qu’elles soient connues. En 1981, une proposition, jamais réalisée mais très largement pensée et testée, confirme à Valère Novarina que l’action est aussi le moteur de sa pratique picturale. A l’initiative de Catherine Thieck, le projet propose d’organiser un défilé de Soixante peintures dans la nuit, à la station de métro parisienne Alma-Marceau (1981). La première nuit verrait 60 emplacements publicitaires d’un couloir se recouvrir de noir, la deuxième serait le temps de la dessination, et la troisième, celui du noir recouvrement. Ainsi, les usagers pourraient expérimenter une immersion éphémère dans le geste narratif du peintre et profiter ou non de l’instant, sans possibilité jamais de le voir renaître. A partir de ce non-événement, inviter Novarina supposera de mettre à sa disposition de quoi peindre, murs ou toiles, et d’accepter l’idée qu’à la fin de l’envoi, il ne demeurera peut-être plus rien.

Dans l’atelier de Valère Novarina. ©Photo MLD

Alain Crombecque, qui s’était déplacé à La Rochelle et avait assisté à la performance, propose à Valère Novarina de présenter un spectacle au Festival d’Avignon, dont il était alors le directeur. La grande aventure du Drame de la vie débute par un fiasco. A la recherche d’un metteur en scène, Novarina s’entend dire que son texte ressemble à du théâtre mais n’en est pas. Le moment est cocasse mais la sentence est rude. « C’était funèbre. » Au café, la comédienne Laurence Mayor trouve les mots et persuade l’auteur de faire lui-même la mise en scène. « On t’aidera et tu pourras peindre les décors ! » Ce qui fut dit, fut fait. En rouge et en blanc sur fond noir, le Drame de la vie agita la critique et renouvela le théâtre.
Depuis, la peinture monte chaque fois sur scène. Parfois, sur le plafond et les murs, parfois seulement au sol. Ex machina, elle peut aussi tomber du ciel. Mais alors, gare à l’éternuement intempestif qui subtiliserait son vol au regard. La peinture crée l’espace et le transforme. Venant peut-être, par-delà les années, adresser un clin d’œil au père de Valère Novarina, qui adorait ponctuer ses explications de phrases péremptoires, telles « La peinture et le théâtre font mauvais ménage » ou encore « Le théâtre n’est pas grand-chose, face à l’art noble du cirque ». Ce père qui se souvenait que Picasso, Reverdy, Cendrars… et autres artistes, écrivains, philosophes de l’époque allaient s’abreuver de rythme au Cirque d’Hiver. Et jamais ne manquait de relater à ses enfants ce qu’il avait vu ou entendu, comme cette fameuse conférence où Artaud avait mélangé ses feuilles… Coïncidences ou inspirations ?
Valère Novarina n’est pas devenu architecte comme son père, mais étudia la philosophie et la philologie, lu Artaud pendant un an pour son mémoire de Diplôme d’études supérieures, étudia longuement Appia et se tourna vers le théâtre – sa mère était comédienne – auquel il appliqua certains principes du cirque. Aux acteurs, il explique encore aujourd’hui que chacun d’eux engendre un espace singulier comme les antipodistes apportent le sol, les trapézistes font naître la hauteur et le clown contrefait tous les espaces. Tout dépend de qui habite quoi. La piste où évoluent les chevaux est la même qui accueille les fauves. Comme souvent la pensée rebondit. « Vous avez remarqué que tout ce qui tourne, tourne presque toujours rétrograde ? » La question me surprend. J’attends la suite. « Non rétrograde, c’est comme l’aiguille d’une montre. Rétrograde, c’est l’inverse. » Déboulent à suivre les derviches tourneurs. « La place des choses compte plus que leur être. »
Poser ici ou là une même phrase peut tout changer. Le choix de l’emplacement est fondamental pour la circulation des énergies. Il faut développer une dynamique, avoir l’obsession de la faire naître. Est-ce pareil pour la peinture ? « Oui, bien sûr. » Pour obéir à Virgile, l’un de ses fils, qui doctement lui avait expliqué du haut de ses cinq ans (ou presque) qu’une toile devait se faire en un jour, le peintre n’était pendant longtemps jamais revenu sur un premier élan. Il fallut attendre un séjour en Normandie. Alors qu’il était à Caen et venait de passer une semaine à produire les six toiles du spectacle, Valère Novarina décida d’en effacer une, trois quart d’heure avant le lever de rideau, pour la repeindre. Prospère, depuis, l’idée que la toile est le lieu d’un « creusement extraordinaire », où l’œil se noie dans le « mouvement des choses ».

L’Espace furieux, Valère Novarina. ©Thierry Gründler

Un nouveau souvenir s’invite dans la conversation. Nous sommes sur la base militaire d’Evreux, où un général de l’armée de l’air a mis à la disposition de son cousin Valère un hangar pour qu’il puisse y réaliser les décors de son prochain spectacle. Persuadés que ce dernier peignait pour le public, les militaires avaient pris soin d’installer un gradin pour que l’artiste puisse apprécier le point de vue des spectateurs. C’est ainsi que Valère Novarina s’aperçut qu’il ne peignait pas pour eux mais pour l’acteur. Depuis les coulisses jusqu’à la scène, il l’accompagne. La peinture offre les conditions propices au changement de perception du langage. Sa mission est d’insuffler une dynamique, un rythme, une énergie. « Parfois je me dis qu’il faudrait aller au bout de l’idée et peindre aussi les loges. »
Aujourd’hui, certaines toiles se sont émancipées du théâtre et naissent pour elles-mêmes. Les mots n’en sont plus l’origine mais viennent couronner leur accomplissement. Ils offrent un titre à chacune d’elle et là encore en changent la perception. Souvent mystérieux, ils titillent l’imagination. Exemple : Le vendredi saint spéculatif. Cette expression découverte au détour d’un texte d’Hegel piqua tant et si bien Valère Novarina, que ce dernier se lança dans une lecture boulimique pour tenter de comprendre comment le philosophe en était arrivé à cet assemblage improbable. Il finit par conclure : « La pensée doit renverser les mots. » Il faut les casser pour laisser respirer l’écriture, ne pas avoir peur d’en toucher le fond. Lutter contre la « mécanisation de la langue » est une nécessité. La dissémination d’un langage standardisé incline à une pensée totalitaire, oppressante. Et de souligner l’importance du verbe, qui est le moteur de toute phrase. C’est impressionnant, précise-t-il, d’observer combien le verbe tend à disparaître. Figeant les mots plutôt que de les mettre en mouvement.
La conversation va bon train. Nous sommes installés chacun d’un côté du bureau. A ma droite, la table à dessiner, et à ma gauche, la table à écrire. Devant la première et derrière la seconde, un mur. Le premier affiche des peintures sur papier punaisées, tandis que le second expose des bandes de texte étendues comme du linge. Comme la pièce, la journée idéale donne une part à l’écriture et une autre à la peinture. Le matin pour la première et l’après-midi pour la seconde. Depuis qu’il dessine et peint, Valère Novarina regarde chaque texte au mur, veut le « voir debout ». Comme une sorte de « littérature pariétale », s’amuse-t-il. Certaines phrases sont rouges. Si la présence d’une couleur peut faire « passer le tableau dans un autre monde », la visualisation d’un renversement textuel, même minime, montre « à quel point un mot changé retentit sur l’ensemble ». Une telle exposition suscite une « perception rythmique, simultanée, panoramique » du texte, exercice qui apporte souplesse et inventivité à l’écriture.

Dans l’atelier de Valère Novarina. ©Photo MLD

Le langage aurait-il deux versants, les mots et les formes ? « Sait-on vraiment comment ça marche ? » Comme les rêves apparaissent à la lisière du sommeil, l’écriture et la peinture pourraient agir aux confins d’un entêtement, d’un épuisement, que la respiration viendrait annuler. Dans Pendant la matière, Novarina explique aller au bout du « faire », pour en quelque sorte décrocher de l’intention jusqu’à ce que la « chose parte toute seule »… Un jour interrogeant André Marcon sur l’excellence de son interprétation – l’auteur assistait à chaque représentation du Discours des animaux –, ce dernier lui expliqua avoir pensé sans cesse à la place qu’il avait oubliée de laisser à la billetterie pour un ami venu de Saint-Etienne ! « J’ai ri et ensuite me suis souvenu avoir lu dans un ouvrage d’Eugen Herrigel sur le tir à l’arc zen : “Quelque chose tire”. » Valère Novarina est affirmatif : « La main en sait plus que nous. »
Un commencement de preuve viendrait-il de la répétition ? Mot aimé. « Il y a dans mes textes ce que j’appelle des rosaces, des formes circulaires comme dans une cathédrale, où tout tourne. » L’esprit de la litanie n’est jamais loin. Rattaché à la pensée chrétienne – par sa parentèle catholique et protestante – et à la pensée juive – par son épouse –, Valère Novarina est proche du Livre. Marqué par des peintures comme La madone del Parto de Piero della Francesca ou L’Agneau mystique des frères Van Eyck, il n’hésite pas à ensemencer son œuvre de références bibliques. Mais là, ne réside pas l’essentiel pour qui connaît la puissance agissante de la parole et des signes.
Le langage est-il autre chose qu’un sol sur lequel tout repose ? Valère Novarina observe à ce propos que dans les pays de droit romain le langage est le fondement, contrairement aux pays de droit coutumier qui plébiscitent l’usage. Sorte d’affrontement entre théorie et pratique, axiome et conclusion. Ainsi, le sol peut parfois se dérober sous nos pieds à notre insu. Un critique littéraire a même développé l’idée que le manque d’appétit des Anglosaxons pour les textes novariniens viendrait de là. Pour Novarina, tout est langage. La réalité nous apparaît à travers lui. Le langage la façonne. L’écoute des actualités le prouve. Quelles images les mots prononcés font-ils naître ? Un simple adjectif transforme un même char en espoir ou en tragédie.
Plus la langue est riche, plus elle peut exprimer de subtilités. A contrario, plus elle s’appauvrit, plus le langage dépérit. Valère Novarina ne déplore pas seulement la normalisation de la langue, ou même l’asséchement de son vocabulaire, il alerte sur la perte de ses couleurs et de ses sons. « Il y a des “a” qui s’effacent, des “e” qui ne sont plus… La disparition d’un vieil ami savoyard a entraîné avec elle celle des « l » mouillés. Je n’entendrai plus jamais cette richesse sonore extraordinaire. » Le langage est un phénomène matériel. « Le mot a une chair. Le souffle est charnel. Tout est charnel ». Une actrice passe à travers une toile blanche en disant : « Je viens de naître. Je vais chercher du secours. »

En attente de transport, atelier de Valère Novarina. ©Photo MLD

Infos livres> Valère Novarina, le surgissement de l’inconnu, Laure Née, Presses universitaires de Vincennes, 288 p., 25 euros. La Clef des langues, Valère Novarina, éditions P.O.L., 512 p, 34 euros. Site internet de Valère Novarina.

Image d’ouverture> L’animal imaginaire, texte, mise en scène et peintures Valere Novarina au théâtre de la Colline du 20 septembre au13 octobre 2019.
Avec : Edouard Baptiste, Julie Kpere, Manuel Le Lièvre, Dominique Parent, Agnes Sourdillon, Nicolas Struve, Rene Turquois, Bedfod Vales, Valérie Vinci et Christian Paccoud – accordéon – Mathias Levy – violon
©Photo Pascal Victor/ArtComPress

La Clef des langues, Valère Novarina, éditions P.O.L., 512 p, 34 euros. Valère Novarina, le surgissement de l’inconnu, Laure Née, Presses universitaires de Vincennes, 288 p., 25 euros.
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