S’il suffisait d’y croire

J’ai toujours pensé que, tel Obélix tombé enfant dans la potion magique, j’avais dû à la naissance bénéficier d’un bain spécial d’enthousiasme. Qui dit enthousiasme dit action. Qui dit action dit conséquences. Réussites. Échecs. Tous porteurs d’espoir, de déception, de jubilation, de désillusion, aussi, mais surtout d’apprentissage. Cet enthousiasme, donc, m’a toujours portée plus loin, ailleurs, souvent sans préméditation aucune, ce qui a provoqué immanquablement de nombreuses réflexions. Des autres comme de moi-même.
Avais-je raison de toujours m’élancer ? L’effort déployé en valait-il la chandelle ? Et puis, ne me fallait-il pas ouvrir les yeux sur notre impuissance congénitale à changer, transformer, améliorer la « situation » ? Personnelle, collective, globale ? Cette volonté de toujours aller de l’avant, de faire, a donc souvent été l’objet de vents contraires soufflés par quelques pots de chambre frileux et donc tombés sans trop de mal. Un questionnement demeurait néanmoins : comment tenir, jusqu’à plus soif, cette ligne de conduite qui naturellement est la mienne ? Réponse : être en mouvement et dans le mouvement, de la vie et de l’envie. Mot préféré à celui de « désir », certes très à la mode mais révélant moins bien le fondement de ma pratique : être en-vie.

Informer, c’est donner forme

Depuis longtemps, mon terrain d’action est l’information. Informer est mon mode opératoire. Celui que je développe depuis plus de 35 ans. Mon engagement aussi. Celui que je sers avec vaillance. Et plus que tout celui que journalistes et artistes partagent. Car, non seulement ils ont une nécessité commune, la liberté d’expression, mais aussi un terrain de jeu commun, la forme. En effet, chacun d’eux enforme, donne forme, comme on l’entendait au Moyen-Âge. Et mieux encore, si l’on convoque la philosophie d’Aristote, transforme la matière, en la faisant passer de la puissance à l’acte. Extérioriser son for intérieur, exprimer ce que les sens perçoivent en un ordre acceptable. Informer, c’est donner forme pour partager et transmettre. Une quête du mieux connaître pour mieux comprendre.
Écrire ou ne pas écrire, faire ou ne pas faire, créer ou ne pas créer ? Ces questions se posent-elles vraiment ? Si j’aborde ce sujet aujourd’hui, c’est justement pour une fois encore acter qu’il vaut toujours mieux donner forme, agir plutôt que de regarder passer les trains, pire encore y grimper sans rechigner. Les tragédies ne peuvent se contenter d’être observées. A minima, elles doivent être consignées pour faire mémoire, et, de préférence, être considérées, pensées, et réparées pour tenter de ne pas être répétées. Si nous n’y croyons pas, qui y croira ? Pourquoi ne pas être utopistes, volontaires, et lucides ?

Rendre notre monde meilleur

Rien, pas même un périmètre d’action limité, ne justifie le non-agir ou pire le après-moi-le-déluge. C’est donc dans cet état d’esprit que je vous présente mes meilleurs vœux pour 2025. Que cette nouvelle année soit joyeuse, active, généreuse et imaginative. Sans point d’exclamation. Car il ne s’agit pas d’un vœu pieux exprimé à la cantonade mais d’un souhait profond qui livre les points cardinaux de ma boussole : la joie, l’action, la générosité et l’imagination. Avec un défi chaque jour renouvelé, tenter de se tenir en équilibre à l’intersection des quatre, avoir la volonté de prendre soin de l’autre et de notre environnement, bref, imaginer pratiquement comment rendre notre monde meilleur. Et comme l’écrivait si bien Apollinaire, se convaincre qu’il est grand temps de rallumer les étoiles.

 

Toute la rédaction d’ArtsHebdoMédias et son pool de reporters Marmottes vous présente
avec sourire et entrain leurs meilleurs vœux pour 2025.

Que l’art soit une réjouissance, un refuge et un moyen exemplaire d’expression, d’action et de liberté.

 

Image d’ouverture> ©Midjourney/PM/AHM