Inspirées par les anciennes écuries où elles voient le jour, les toiles de Laure Carré laissent poindre des chevaux : figures que la sélection de Christophe Gratadou met actuellement à l’honneur dans sa galerie parisienne. Mécanique biologique présente une série d’œuvres récentes et quelques plus anciennes extraites de trente années de production, où la peinture a toujours été le premier moyen d’expression. Une peinture vive et animée par un pinceau trempé dans les émotions de la vie quotidienne. A découvrir jusqu’au 25 septembre.
Laure Carré étudie d’abord à l’Ecole supérieure des Arts appliqués Duperré, à Paris, puis à la Parson School of Design, à New York, grâce à une bourse d’étude. Cette expérience est pour elle décisive, et lui donne la confiance nécessaire pour s’adonner entièrement à la peinture, son médium de prédilection. Après quelques années dans l’atelier collectif La Forge à Belleville, l’artiste s’installe à Nantes où elle travaille en solitaire depuis 20 ans. Son parcours est jalonné d’expérimentations picturales multiples, sans que la figuration ne la quitte jamais, ou presque : une période abstraite de trois ans la conduit vers des formats plus grands qui accompagnent un geste libéré. Si longtemps des portraits intimes, aux figures torturées et mélancoliques, habitent ses toiles, désormais ses personnages sont empreints de légèreté, s’envolent, flottent et oscillent dans l’espace.
Chez Laure Carré, la peinture accompagne la vie; elle est vécue comme une urgence. Peintre de l’instant présent, l’artiste se laisse porter par ses intuitions, peint avec ses tripes. Toujours à la recherche de nouvelles émotions, elle explore de nombreux formats, n’hésite pas à changer son pinceau de main ou sa toile de sens. La phase préparatoire, durant laquelle elle fabrique ses pigments et ses châssis, est un temps primordial de réflexion et de concentration. Un moment de calme avant d’engager une lutte avec la toile : rapide, énergique, comme en témoignent les nombreux repentis. L’huile n’a pas encore séché qu’une nouvelle idée se fait jour.
Dans la galerie, la sélection de Christophe Gratadou s’attarde particulièrement sur des travaux récents. Pareils à des rémanences, les chevaux des anciennes écuries, aujourd’hui transformées en atelier, peuplent les toiles. « Ils sont très importants dans ma vie de peintre. Lorsque l’on arrive à approcher un cheval, c’est un instant magique. Grâce à la peinture, je peux le faire autant que je le souhaite. » Inspirée par sa vie quotidienne, Laure Carré peint également les êtres qui lui sont chers. Les petits formats, très présents dans l’exposition, sont l’occasion pour elle de se transformer en conteuse. Si ses histoires aux accents poétiques conservent toujours une part secrète, ses personnages semblent irrémédiablement habités par une envie de s’envoler.