Roubaix, c’est de la dynamique !

En voiture, s’il vous plaît ! En train ou à vélo. Paris-Roubaix ou New York-Roubaix. Pour les uns, la ville évoque une célèbre course cycliste, pour les autres, une respiration. Alternative, cosmopolite, bouillonnante et attachante, comme elle aime à se définir, Roubaix tire son épingle du jeu lillois avec enthousiasme et détermination, multipliant les initiatives tant auprès de ses habitants qu’envers le reste du monde ! A la fois ouverte et ambitieuse, elle mise sur un riche patrimoine industriel et sur sa créativité. Travaillant de concert, institutions et associations participent à la dynamique culturelle locale soutenues par la présence de plusieurs lieux accueillant des ateliers d’artiste, où des créateurs de toutes disciplines et de tous horizons trouvent les conditions nécessaires au développement de leur travail. Tout au long de l’année, des événements populaires comme Open Roubaix – chaque premier dimanche du mois, La Piscine ouvre ses portes gratuitement créant ainsi un appel d’air pour les autres structures culturelles qui, ce jour-là, proposent des visites ou des événements spécifiques – ou La Nuit des arts – deux fois par an, musées, galeries d’art, ateliers d’artistes, librairies demeurent accessibles à la nuit tombée ; prochaine édition le 7 décembre – mettent en lumière le foisonnement artistique de la ville. Un foisonnement illustré dans l’espace public par quelque 70 œuvres de street art. En route pour une journée de découvertes !

Dans l’atelier de JonOne, à Roubaix.

Si JonOne a décidé d’installer un de ses ateliers à Roubaix, c’est par amitié mais aussi parce qu’ici les gens sont souriants et que l’énergie y est bonne. Depuis 2017, l’artiste new-yorkais internationalement connu pour son travail de graffeur y a investi un bâtiment d’un peu plus de 300 m2 sur lequel veille Mikostic. C’est lui qui ouvre la porte ce jour-là et fait visiter les lieux. Le boss a eu un empêchement, c’est donc son ami, collaborateur et aussi pair qui guide les visiteurs, non seulement à travers l’espace mais aussi dans la méthode de travail de JonOne. Au sol des bâches maculées de peinture témoignent de l’intensité des périodes de création et, le long des murs, de grands formats attendent d’être emportés au loin pour être vendus en galerie. Il est fini depuis longtemps le temps où il fallait arpenter la ligne A du métro de New York pour admirer ses œuvres. Une verrière offre un éclairage zénithal. C’est là, loin de la fureur urbaine que se ressource l’artiste et qu’il crée, musique à fond dans les oreilles. Difficile de ne pas être touché par cette combinaison et ces chaussures vides aspirant au mouvement. Il faudra revenir.

Les Ateliers Jouret.

En plein centre-ville, à deux pas de La Piscine (musée d’art et d’industrie), les Ateliers Jouret bruissent. Depuis 2017, l’ancien bâtiment industriel hérité de l’âge d’or du textile dans le nord de la France s’est transformé en un lieu de production artistique. Céramistes, sculpteurs, sérigraphes, illustrateurs, photographes, stylistes, graphistes… y cultivent un art de vivre et de créer ensemble. Construits en matériaux de récupération, des ateliers plus ou moins grands abritent les créateurs tandis que les espaces communs sont gérés par tous. Un studio de danse contemporaine, une cafétéria associative et un lieu d’exposition complètent le dispositif stimulant de ce lieu culturel transdisciplinaire, qui s’ouvre régulièrement au public, notamment le premier dimanche de chaque mois, à l’occasion de l’Open Roubaix. Malgré un accueil très chaleureux et le plaisir d’une conversation autour d’un café, il faut prendre congé. L’heure de la promenade a sonné ! Partout dans Roubaix, des œuvres s’exposent à ciel ouvert.

Terrarium, réalisée en 2017 par AMIN, Rocket01 et NEAN du collectif Propaganza.

Depuis quelque 40 ans, la métropole lilloise sert de terrain de jeu aux graffeurs. Leurs interventions débutées au nez et à la barbe de la maréchaussée sont désormais plébiscitées et s’inscrivent dans le cadre de manifestations récurrentes comme le festival annuel Expériences Urbaines (#XU). En 2017, l’exposition Street Generation (s), proposée par la Condition Publique, a non seulement permis de comprendre comment le street art s’inscrit dans le fil de l’histoire de l’art, mais aussi de légitimer sa présence sur les murs de la ville. Après avoir admiré les travaux de 50 artistes réputés, dont Jef Aérosol, Banksy, Blek le Rat, Keith Haring, JayOne, JonOne, JR, L’Atlas, Miss.Tic, Quik, Seth, Space Invader, Swoon, Vhils, Jacques Villeglé, entre autres, les 43 000 visiteurs ont été invités à découvrir les réalisations déployées dans l’espace public. Avec plus de 70 œuvres dont 40 fresques, Roubaix est devenue une référence. Réputation alimentée au quotidien par une énergique scène locale, constituée notamment du collectif Des friches et des lettres, de benjAMINduquenne, Lem, MrVOul, Rémi Dif, Pat le Sza, Isham One, Mister P…

Représentation de la Justice par Mode 2.

Parmi les œuvres historiques, citons certains graffitis, comme la représentation de la Justice, situés à l’entrée du parking de la salle de spectacles la Cave aux Poètes et réalisés par Mode 2 dans le cadre de concerts organisés en 1997. « L’artiste Londonien débute le graff en 1984. L’année suivante, il se rend pour la première fois à Paris pour peindre avec Bando, rencontré à Londres quelques mois auparavant. Intégrant chacun le crew de l’autre, ils formeront par la suite un illustre duo. Mode 2 est considéré comme une légende du graffiti. Il est en effet l’un des premiers et principaux acteurs de cette street culture naissante, qui apparaît en Europe dans les années 1980. L’excellence de son style inspire toujours aujourd’hui le respect de ses pairs », explique Benjamin Bar, spécialiste de l’art urbain. La balade se poursuit par la découverte de fresques nées des dernières éditions de #XU, qui a lieu chaque année la première quinzaine de septembre. Signalons, Des Friches et des Lettres, qui préside à la création du collectif éponyme, en 2015, et Terrarium, réalisée en 2017 par AMIN, Rocket01 et NEAN du collectif Propaganza. La première montre trois personnages inspirés des géants du Nord qui démolissent les friches en vue de les cultiver, la seconde arbore une ville futuriste enfermée sous un globe et dont les soubassements sont composés tant par des végétaux que par des animaux. Rappel dans les deux cas de la nécessité de conserver en ville une place à la nature.

Vue de l’atelier de Mr Voul.

Le parcours emmène désormais les curieux aux Ateliers RémyCo, inaugurés en avril dernier. Dans cette ancienne usine de confection, 850 m2 accueillent des ateliers individuels et collectifs, une « école du street art » ouverte à tous, des événements et autres expositions. Dès l’entrée, vous êtes accueillis par une cafétéria, des tables rondes et hautes, autour desquelles discutées, une table basse destinée à un jeu d’échecs, des fauteuils… Aux murs, peintures, dessins, flyers… témoignent de l’effervescence qui règne ici. Dans les ateliers, les artistes s’affairent. Issus du graff, du street-art, de la mode, du design… ils déploient des univers très singuliers sans pour autant manquer de former une communauté volubile et entreprenante. Echangent ici, Roobey, les membres du collectif Des Friches et des Lettres, Ouroboros, IPNS, Freaks the Fab, Pi80, Lô Créations Citizens… Dans son atelier, Mr Voul se peint à l’infini. D’abord connu pour son portrait qu’il affiche sur les murs de la ville – visage à l’expression interdite surmonté d’un chapeau haut-de-forme –, il offre à son personnage de clown perplexe d’autres histoires à raconter et d’autres supports à conquérir. L’artiste s’adonne à un exercice d’autoportrait où la toile vient se substituer au pochoir et offrir des déclinaisons inattendues au sujet. A quelques mètres, Ouroboros est en pleine séance de travail pour sa prochaine peinture alors que Béatrice Meunier-Déry explique son passionnant projet Voyages en terres lointaines, alliant écriture, création textile et photographie. Ainsi s’achève une journée bien remplie à Roubaix.

Des Friches et des Lettres, signée par le collectif Des Friches et des Lettres.

S’il vous reste encore un peu de temps…

 

Pièce signée Quentin Marais.

Le Fil Rouge-Galerie QSP présente jusqu’au 16 novembre Foire-Fouille de Quentin Marais, une exposition de céramique contemporaine, entre sculpture et art de la table. L’Espace croisé, quant à lui, accueille jusqu’au 14 décembre la deuxième édition de Back/Forward, qui propose de faire se rencontrer les regards d’artistes français et iraniens sur le numérique. Ainsi, les pièces d’Ali Honarvar, Antonin Jousse, Gaëtan Robillard, Arya Tabandehpoor et Fabien Zocco engagent une conversation sur le rôle et les effets des médias numériques sur nos sociétés et nos cultures. De son côté, le Bureau d’Art et de Recherche a convié Eve Lagarde à imaginer une exposition autour de la couleur et de la lumière. Jusqu’au 30 novembre, Indian semeur « laisse entrevoir des imaginaires poétiques et ludiques. Un silence fait d’écritures, de gravures, de rencontres, de couleurs, de matières et d’objets de lumière », explique l’artiste dont des œuvres participent à l’événement aux côtés de celles de Cléa Coudsi & Eric Herbin, Béatrice Meunier-Déry, Bertrand Gadenne et JonOne.

Contact

La Bobine Roubaix Tourisme 7, rue du chemin de fer, Roubaix. Tél. : 03 20 65 31 90. Stations de métro Gare de Roubaix et Grand -Place. Du mardi au samedi de 9h30 à 18h et le 1er dimanche du mois de 10h30 à 17h. www.roubaixtourisme.com

Crédits photos

Image d’ouverture : Le terrain de basket, site incontournable du street art à Roubaix © Roubaix Tourisme – Dans l’atelier de JonOne © JonOne, photo MLD – Les Ateliers Jouret © Photo MLD – Terrarium © AMIN, Rocket01 et NEAN, photo MLD – La Justice © Mode 2, photo MLD – Vue de l’atelier de Mr Voul © Mr Voul, photo MLD – Des Friches et des Lettres © Des Friches et des Lettres, photo Roubaix Tourisme – © Quentin Marais, courtesy Le Fil Rouge / Galerie QSP