Inaugurée le week-end dernier à Singapour, Minimalism: Space. Light. Object est la première exposition d’envergure jamais consacrée en Asie du Sud-Est à l’art minimaliste. Organisée conjointement par la National Gallery Singapore et le ArtScience Museum, elle revient sur l’histoire du mouvement, l’un des plus influents du XXe siècle, comme sur son influence sur la création contemporaine.
« Dans notre monde actuel surchargé d’images, le minimalisme retrouve une nouvelle importance, souligne le duo scandinave Elmgreen & Dragset. Les œuvres minimalistes ne fonctionnent pas de la même manière narrative que les autres – elles racontent une histoire différente, qui n’est pas sensationnelle et qui vient, en quelque sorte, opposer une résistance au flot infini d’informations qui caractérise notre époque. A l’heure du numérique, nous restons principalement influencés par des images en deux dimensions ; la sculpture minimaliste implique pour sa part une présence physique comme condition fondamentale et nous rappelle, de manière essentielle, que nous sommes avant tout des corps, même si nos activités se déroulent de plus en plus sur Internet. » Le Danois Michael Elmgreen et le Norvégien Ingar Dragset comptent parmi les quelque 80 artistes – citons encore, pêle-mêle, Ai Weiwei, Anish Kapoor, Bruce Nauman, Carl Andre, Lawrence Weiner, Lee Ufan, Mona Hatoum, Olafur Eliasson, Richard Long ou Yayoi Kusama – présentés dans le cadre de Minimalism: Space. Light. Object. Pas moins de 150 œuvres sont réunies, qui viennent éclairer, d’une part, l’évolution et les héritages de l’art et des idées minimalistes des années 1950 à nos jours et, d’autre part, les aspects clés du mouvement – la couleur, le vide et le silence, entre autres –, respectivement à la National Gallery Singapore et au ArtScience Museum. L’occasion de rappeler la nouvelle manière d’appréhender l’art qu’a constitué le mouvement, ses formes simples invitant le spectateur à considérer ce qui figure devant lui au moment présent, et non plus le monde extérieur. Un changement profond qui s’est nourri de la remise en question du rôle de l’art dans les années 1960, dans un contexte de profondes mutations sociales, et qui a favorisé la recherche de nouvelles formes de conscience de soi, inspirées du spiritualisme asiatique, notamment le bouddhisme zen ou encore le Yi Jing, ainsi que de nouvelles idées sur la perception. « Bien que le Minimalisme ait eu un impact significatif sur le design et les modes de vie contemporains en Asie, sa relation avec l’art dans la région a été moins bien comprise, note par ailleurs Eugene Tan, directeur de la National Gallery Singapore et co-commissaire de l’exposition. Tout en s’intéressant plus particulièrement à cette relation, ainsi qu’à l’influence de la spiritualité et de la philosophie asiatiques sur les origines du mouvement, l’exposition entend mettre en lumière son héritage et les liens que les artistes d’aujourd’hui continuent d’entretenir avec lui. »