26 mars 2023, à deux pas du parc lyonnais de la Tête d’or, une longue file postée devant l’entrée du Musée Guimet attend patiemment de découvrir 1001 reasons to (dis)Obey. L’exposition rend hommage à l’œuvre de l’artiste américain Shepard Fairey, plus connu par le grand public sous le nom d’Obey Giant. La rétrospective à la dimension inédite pour ce pionnier de l’art urbain est à l’affiche jusqu’au 9 juillet.
Créateur des centres d’art urbain Spacejunk, Jérôme Catz a réuni un corpus pharaonique composé de plus de mille pièces d’Obey Giant, issues de sa collection personnelle et de celle de l’artiste, dans un lieu exceptionnel : le Musée Guimet de Lyon. L’ancien muséum d’histoire naturelle, qui accueillait la Biennale d’art contemporain de Lyon en 2022, forme un splendide écrin pour une rétrospective exceptionnelle. L’occasion de (re)découvrir l’univers unique du skateur, musicien et artiste de 53 ans, devenu l’un des street artistes les plus influents dans le monde, à l’instar d’un Banksy. Rappelons que Shepard Fairey est à l’origine de l’iconique portrait Hope du président Obama, ayant largement contribué à la popularisation du candidat américain, encore méconnu au moment de l’élection présidentielle de 2008 aux Etats-Unis. « Je voulais créer une œuvre pour Barack Obama. Je pensais qu’un portrait emblématique de lui pouvait symboliser et faire mieux prendre conscience de l’importance de sa mission », confiait l’artiste à cette époque.
Obey est aussi à l’origine du portrait de Marianne que l’on a pu voir dans le bureau du président Emmanuel Macron au moment de sa première élection, une œuvre que l’artiste avait d’abord créée en guise d’hommage après les attentats de 2015 à Paris, et peinte sur le mur d’un bâtiment du 13e arrondissement au 186 rue Nationale, à l’angle de l’avenue Vincent Auriol.
Issu de la scène underground, Obey se fait connaître avec les portraits du lutteur français atteint d’acromégalie, André the Giant (alias André Roussimoff), qu’il dissémine sur toute la planète à partir de la fin des années 1980 sous l’intitulé André the giant has a posse (André le géant a une bande, un crew). À partir d’une stylisation du personnage, il crée ensuite affiches et stickers sous le nom d’Obey Giant, qu’il décline en visuels aux allures de propagande post soviétique. Une iconographie singulière au service d’une pensée humaniste qui traverse l’ensemble de son œuvre jusqu’à aujourd’hui et parle à tous.
Obey, c’est en effet surtout un parcours d’artiste activiste aussi bien concerné par les droits humains, la justice sociale, que par la crise climatique. Au cours de ses trois décennies de carrière, outre son attachement à défendre les justes causes, Shepard Fairey a également réalisé de formidables portraits d’artistes, d’enfants et d’inconnus. Le tout en sérigraphie, sa technique de prédilection.
Contact> 1001 reasons to (dis)Obey, The Art of Shepard Fairey, jusqu’au 9 juillet 2023, Musée Guimet, 28 boulevard des Belges 69006 Lyon. Du mardi au dimanche de 10h à 19h.
Image d’ouverture> Vue de l’exposition 1001 reasons to (dis)Obey. ©Photo ABK