Musées en exil : résister, c’est espérer

A Montpellier, le MO.CO. propose une exposition consacrée aux collections en exil. Son ambition est d’aborder le rôle clé des biens culturels dans la construction d’une identité par et pour des communautés déchirées. Pourquoi et comment des citoyens décident de créer des collections en temps de conflits ? Déracinées, les œuvres rassemblées par des artistes, des commissaires, ou des passionnés prennent une valeur symbolique d’unité nationale et de résistance au-delà de leur valeur artistique. Musées en exil rassemble des œuvres de plus de 80 artistes de 30 nationalités différentes, jusqu’au 5 février.

L’exposition explore l’histoire unique de trois collections singulières : celle du Musée International de la Résistance Salvador Allende (MIRSA), conservée au Museo de la Solidaridad Salvador Allende du Chili ; Ars Aevi, la collection du Musée d’art contemporain de Sarajevo ; et la plus récente, celle rassemblée pour le futur Musée national d’Art moderne et contemporain de la Palestine, pour l’heure déposée au musée de l’Institut du monde arabe à Paris. Trois collections, trois récits, trois cas d’étude sur trois continents : l’origine et la diffusion de ces collections ont été fondamentalement des actes de résistance, de solidarité et d’espoir face au chaos et à la violence traversés ou encore vécus par ces territoires.
En 1972, Salvador Allende ouvre un Musée de la Solidarité qui sera démantelé et pillé par Pinochet après son coup d’Etat de 1973, enclenchant un exil massif des artistes. Ceux-ci se rassemblent et, depuis leurs différents refuges, décident de créer une collection pour rendre hommage à Allende et poursuivre son action, pour dénoncer la dictature et alerter la communauté internationale. Ces œuvres ont réintégré aujourd’hui le Museo de la Solidaridad Salvador Allende à Santiago du Chili.

Vue de l’exposition Musées en exil, MO.CO. Montpellier Contemporain, 2022. Photo : Pauline Rosen-Cros

À Sarajevo, la guerre civile et les atrocités de quatre années de siège, de 1992 à 1996, provoquent la mort de plus de 13 000 personnes, la destruction de la Bibliothèque nationale ou encore du Musée des Jeux Olympiques. Une résistance culturelle forte s’organise, et l’association Ars Aevi mobilise des directeurs d’institution, des artistes, des curateurs pour organiser des expositions dans toute l’Europe. Les œuvres seront données à Sarajevo, en symbole d’une résistance à la violence, d’une solidarité internationale.
Enfin, la constitution d’une collection pour la Palestine émerge assez vite dans l’histoire complexe du pays. Si l’Autorité nationale palestinienne est confortée en 1992-93 par les accords d’Oslo, la Palestine n’est pas aujourd’hui reconnue par les Nations Unies comme un Etat autonome. Représenté à l’UNESCO par une délégation, la Palestine a décidé de constituer un fonds d’œuvres pour ses citoyens qui deviendra la collection permanente de son futur Musée national d’Art moderne et contemporain.

Vue de l’exposition Musées en exil, MO.CO. Montpellier Contemporain, 2022. Photo : Pauline Rosen-Cros

La présentation de chacune de ces collections sera précédée d’une remise en contexte historique, et d’une introduction qui abordera la problématique du patrimoine en temps de conflit. A noter que Musées en exil est l’occasion pour le MO.CO. de manifester son soutien à l’ensemble des artistes aujourd’hui menacés par des contextes de guerre ou de persécution. Une partie des recettes de la billetterie sera ainsi reversée à l’association Artists at Risk, qui, depuis 2013, finance et aide à organiser l’accueil d’artistes exilés ou menacés partout dans le monde, au travers d’un réseau international d’institutions ou d’organismes publics partenaires.

Vue de l’exposition Musées en exil, MO.CO. Montpellier Contemporain, 2022. Photo : Pauline Rosen-Cros

Contact> Musées en exil, jusqu’au 5 février, MO.CO Montpellier contemporain.
Image d’ouverture> Vue de l’exposition Musées en exil, MO.CO. Montpellier Contemporain, 2022. Photo : Pauline Rosen-Cros

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