Montrer, éditer, publier, diffuser est le credo de Corridor Eléphant qui, chaque année, sort une douzaine d’ouvrages et met en ligne plus de cent cinquante expositions. Chaque mois, ArtsHebdoMédias vous invite à en découvrir une. En juillet, nous vous proposons Et dans la terre, je me souviens de Maya Louhichi. Pour profiter de toute la série, il vous suffira de rejoindre le site de notre partenaire en cliquant sur « Suite de l’expo » ! Bonne visite.
Maya Louhichi est une photographe et réalisatrice franco-tunisienne. Après un cursus en audiovisuel et plusieurs expériences au cinéma, elle décide de s’orienter vers la photo et fonde le webzine Freezmix.com consacré à la danse urbaine. De 2009 à 2014, elle couvre de nombreux événements en tant que photographe et journaliste spécialisée et produit plusieurs séries photographiques sur le thème de l’expression corporelle dans l’univers urbain contemporain. En 2015, Maya réalise deux documentaires, co-productions franco-tunisiennes, qui interrogent les habitudes et les conditions de vie de la société tunisienne. En 2018, le décès de son père, le réalisateur Taieb Louhichi, marque un tournant dans sa recherche artistique qui s’oriente désormais vers la représentation du deuil, de la mémoire et de l’intime.
A découvrir la série Et dans la terre, je me souviens
« Et dans la terre, je me souviens est un dialogue photo posthume entre une fille et son père autour de la terre tunisienne et de leur amour pour l’image. J’ai initié ce projet suite au décès de mon père en 2018 quand j’ai retrouvé dans un classeur plusieurs images d’archives qu’il avait laissées. Il était réalisateur de cinéma. Nous partagions tous deux l’amour de l’image et il m’est apparu indispensable de m’exprimer sur sa mort et l’impact de cette perte au quotidien et dans ma réalité. J’ai choisi de mélanger des images en noir et blanc prises en majorité par moi et des images d’archives en couleurs prises par mon père. Ces photos sont ainsi devenues une matière précieuse que j’intègre dans ma propre création. Elles montrent ici la terre tunisienne, terre où j’ai grandi.
En travaillant sur la représentation du deuil au quotidien, le vide, l’absence, je me suis aperçue que j’avais peur de perdre également une partie de mon identité, moi qui suis française par ma mère et tunisienne par mon père, désormais plus là. Où sont mes souvenirs ? Qui suis-je maintenant ? Je me raccroche donc à ces images d’un passé en couleurs qui n’existe plus et qui n’est même pas le mien, car elles ont été faites avant ma naissance. Mais je choisis de me les approprier en les mêlant à mes souvenirs d’enfance et d’adolescence en Tunisie. Ces allers retours entre passé et présent expriment un espace-temps où je n’ai plus mes repères, qui ne veut plus rien dire. » Maya Louhichi
Photo d’ouverture> Et dans la terre, je me souviens ©Maya Louhichi