Placée sous le signe du questionnement de notre époque, la dixième édition de la Biennale de Liverpool bat actuellement son plein sur les bords de la Mer d’Irlande. Une quarantaine d’artistes originaires de quelque 22 pays sont de la partie ; leurs œuvres sont à découvrir en entrée libre dans une quinzaine de lieux culturels et espaces publics de la ville.
« Monde riant, où es-tu ? » C’est à partir d’un vers du poète allemand Friedrich von Schiller – « Schöne Welt wo bist du ? » en allemand et « Beautiful world, where are you? », en anglais –, extrait d’un texte datant de 1788 qui était à la fois une interrogation sur l’avenir et une ode aux temps antiques, que s’articulent les réflexions engagées à l’occasion du vingtième anniversaire de la Biennale de Liverpool. « Encore aujourd’hui, ce poème continue d’évoquer un monde plongé dans une profonde incertitude, relèvent ensemble Kitty Scott, conservatrice au Musée des beaux-arts de l’Ontario, à Toronto (Canada), et Sally Talant, directrice de la biennale, co-commissaires de la manifestation. Un monde soumis à des bouleversements sociaux, politiques et environnementaux. On peut le lire comme une plainte, mais aussi comme une invitation à reconsidérer notre passé, à promouvoir une nouvelle perception de la beauté qui pourrait être partagée de manière plus équitable. » Musées, galeries d’art, centres culturels, établissements administratifs et universitaires places et jardins publics sont autant de lieux où sont déployés expositions collectives et/ou projets spécifiques. La Tate Liverpool, qui célèbre pour sa part ses 30 ans, accueille par exemple les travaux de Kevin Beasley, Dale Harding, Brian Jungen, Duane Linklater, Annie Pootoogook, Joyce Wieland et d’Haegue Yang, qui ont en commun d’évoquer la résurgence actuelle de la conscience et de l’activisme de peuples ayant été marqués par le colonialisme, en l’occurrence aux Etats-Unis, en Australie et au Canada. Parmi les artistes francophones, notons la présence de Francis Alÿs, Mohamed Bourouissa – qui propose un Jardin de la Résilience, créé dans le cadre d’un projet collaboratif mené avec les habitants d’un quartier ouvrier et s’inspirant d’un jardin thérapeutique algérien –, ou encore Agnès Varda. A 90 ans, la réalisatrice compte parmi les invités d’honneur de la biennale, pour laquelle elle a créé une œuvre spécifique (notre photo d’ouverture), à découvrir au FACT, centre culturel dédié aux arts visuels et aux nouveaux médias : 3 moving images. 3 places. 3 rhythms. 3 feelings. 3 sounds (3 images en mouvements. 3 lieux. 3 rythmes. 3 sentiments. 3 sons) est une installation vidéo s’inspirant de ses films Vagabond (1985), Documenteur (1981) et Les Glaneurs et la Glaneuse (2000). De nombreuses projections de ses œuvres ainsi que différents temps de rencontre autour de son travail sont programmés tout au long de la biennale. Des dizaines de performances, conférences, visites guidées et autres activités, dont plusieurs à destination du public familial, ponctuent par ailleurs la dynamique manifestation à parcourir jusqu’au 28 octobre.