Montrer, éditer, publier, diffuser est le credo de Corridor Eléphant qui, chaque année, sort une douzaine d’ouvrages et met en ligne plus de cent cinquante expositions. Tout au long de l’année, ArtsHebdoMédias vous invite à entrer dans un univers auquel notre partenaire a consacré un livre. Aujourd’hui, nous vous proposons de tourner les pages D’elles à papillon d’Olivier Fardel. Interview.
Noir et blanc ou couleur, la photographie d’Olivier Fardel montre l’Autre ou, pour être plus exact ce qui est. Ses photographies sont autant des portraits que des instants de vie, tous saisis avec tendresse. De déambulations sans but apparent aux envols éternellement recommencés, la photographie d’Olivier Fardel révèle l’humanité en chaque chose. Sa justesse tient à la poésie qu’elle renferme.
Corridor Eléphant. – Comment êtes-vous venu à la photographie ?
Olivier Fardel. – Pour être sincère, c’est à la suite d’une séparation sentimentale. Ma vision du monde alternait alors entre la beauté de la nature et la trop fréquente bêtise humaine. Une belle rencontre m’a incité à le découvrir autrement au travers du viseur d’un appareil photo. Je me suis lancé et formé en autodidacte. C’est ainsi que depuis maintenant 14 ans, encouragé par ma muse, guidé par mes instantanés, j’essaie de témoigner du banal et des extraordinaires surprises qu’il recèle. Photographier chaque jour fait partie de ce que je suis.
Quels sont vos thèmes de prédilection ?
J’ai une préférence particulière pour l’humain, ses instants, ses errements, ses excès, sa fragilité, sa solitude, ses réalisations, ses traces, son environnement. Mais j’ai également besoin d’équilibrer ce sujet avec du maritime et notamment les grandes plages du Nord et des côtes atlantiques.
Pourquoi ?
Pour la mer, outre le fait qu’elle est mon quotidien, sans aucun doute s’agit-il d’un besoin d’espace, de respiration, de contemplation d’une nature qui nous dépasse. J’adore d’ailleurs la montagne pour cela aussi. Pour l’humain, il suffit juste de regarder ce qu’il se passe autour de nous et on découvre des choses extraordinaires, parfois banales mais sublimes.
Comment construisez-vous une série ?
De deux manières : soit je pars d’une idée bien précise qui guide les photos que je prends, soit je reviens sur des photos que j’ai déjà prises et j’y trouve un fil conducteur. J’ai actuellement plusieurs séries sur lesquelles je reviens de temps à autre ou qui finissent de mûrir dans ma tête. En parallèle, je travaille une série au long cours pour laquelle je prends des photos quotidiennement depuis presque 3 ans ; photos que je couple avec un texte, une réflexion, une poésie, un jeu de l’esprit. La première année a été marquée par le format carré, la deuxième par l’utilisation de la couleur, et maintenant par celle du noir et blanc. Je m’impose des contraintes pour centrer le travail et garder une motivation intacte.
Comment définissez-vous le choix du noir et blanc ou de la couleur ?
Le choix s’impose en fonction de mon propos. Le noir et blanc me permet de mettre en exergue le sujet même de ma photo et ne pas être perturbé par un éventuel jeu de couleurs. Par exemple, les séries en noir et blanc du livre ont été prises lors du confinement où j’ai voulu regarder autour de moi. Je ne le faisais alors que trop peu. Le noir et blanc s’est imposé tout de suite car je voulais que le propos porte sur les silhouettes ou les ombres, avec un environnement le plus minimaliste possible. À l’inverse, pour mes photographies maritimes ou la série des personnages du livre, j’ai utilisé la couleur afin d’appuyer soit la richesse des couleurs de la nature, soit la gaieté des hommes dans un monde trop uniformément sombre. Les personnages du livre semblent tristes ou mélancoliques, mais ils portent des couleurs pleines de gaieté.
Pourquoi ce livre ?
Ce livre est un accomplissement, une reconnaissance, un encouragement, une étape franchie. Il retrace quatre années de ma vie qui débutent quelques mois avant le décès de ma mère, avec ces personnages esseulés croisés sur le trajet que nous faisions pour aller la voir, et s’achèvent à la dernière période de confinement où j’ai pris le temps de regarder ce qu’il se passait dans mon jardin et dans le ciel autour de chez moi. Partager ces photos sur internet, cela m’était nécessaire mais pas suffisant. Les partager avec les amis, c’est gratifiant et cela me fait un immense plaisir. Les proposer matériellement au plus grand nombre, c’est une nouveauté. Alors ce livre qui me transforme en papillon, je le dois d’abord à elles, mon épouse et ma fille qui m’inspirent et me motivent chaque jour, mais aussi à Corridor Éléphant et Pierre Léotard que je remercie mille fois. Je les ai contactés au culot, avec le sentiment que leur philosophie me correspondait, et ils ont cru en moi.
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Image d’ouverture> D’elles à papillon, Olivier Fardel, 66 p., 38 photographies. ©Corridor Eléphant