Les résonances spatiales de Sophie Whettnall

Depuis son inauguration, en 2006 à Bruxelles, le Centre d’art la Centrale for contemporary art s’est donné pour mission de mettre plus particulièrement en lumière les travaux d’artistes bruxellois. Jusqu’au 4 août, le lieu accueille la vidéaste, performeuse, dessinatrice et peintre Sophie Whettnall, dont le travail invite à réfléchir aux forces qui définissent notre relation au monde, en les matérialisant et en les documentant. La plasticienne s’empare ainsi de la Centrale pour remodeler son espace et y déployer ses paysages mentaux dans lesquels elle intègre les impressions et dessins solaires d’Etel Adnan.

Vue de l’exposition La banquise, la forêt et les étoiles, Sophie Whettnall.

Pour sa première grande exposition monographique à la Centrale, l’artiste bruxelloise Sophie Whettnall a choisi de travailler l’espace et de donner du poids au vide. C’est sur une maquette, dans son atelier, que l’exposition a été conçue, non pas comme un accrochage mais comme une déambulation à travers différents espaces successifs. L’antichambre de ce parcours est une boîte noire dont un des murs est occupé par un long plan séquence tourné au Burkina Faso. Les Porteuses, des femmes en route vers le marché, défilent dans la douce lumière du petit matin, leurs possessions et marchandises en équilibre sur la tête. Cette performance physique, car c’en est une, est intégrée avec une élégance et un naturel confondant. Que faire avec ses images captées comme un trophée ? Sophie Whettnall leur offre un mur de déambulation. De leurs charges qu’elles portent sans sourciller, elle a fait des sculptures monochromes posées sur des socles. Les artistes sont loin.
La banquise, la forêt et les étoiles. Le titre de l’exposition est tout un programme, il annonce la couleur de ce qui est à voir. Lever les yeux vers les étoiles. Des panneaux de papier argenté perforés d’une multitude de points nous mettent sur la piste d’une voûte céleste articulée comme un volume en suspension dans l’espace industriel de la Centrale. Tendue sur des bambous, les pans de la sculpture déposée au-dessus de nos têtes nous fait penser aux cerfs-volants et à leur légèreté.
Passé cette première étape, on déambule dans un espace dégagé et, pour paraphraser Sacha Guitry quand il parlait de Mozart, le vide qui entoure une pièce de Sophie Whettnall, c’est encore du Whettnall. Après les étoiles vient la banquise, sous forme d’un paysage éclaté d’un rose glacé. Il y a, sous ces teintes sucrées, une violence sourde, car on peut y voir aussi, sans trop d’effort d’imagination, un paysage après explosion.
Invitée à choisir un(e) artiste pour l’accompagner, Sophie Whettnall a spontanément pensé à Etel Adnan, paysagiste de l’intime, qui s’exprime en deux dimensions, cette fois. L’harmonie entre les deux artistes est parfaite. Aux petits formats solaires de la Libanaise – litho, huiles ou dessins – répondent les sculptures et installations de la Belge. Aux paysages presque abstraits et sereins inspirés par la Californie répondent les constructions mentales plus tourmentées de Whettnall. (…)

Dans le cadre d’un partenariat engagé avec notre consœur belge Muriel de Crayencour, fondatrice et rédactrice en chef du site d’actualité artistique belge Mu-inthecity.com, nous vous proposons de poursuivre la lecture de cet article d’un clic.

Les Porteuses, Sophie Whettnall, 2009.
Contact

Sophie Whettnall, Etel Adnan – La banquise, la forêt et les étoiles, jusqu’au 4 août à la Centrale for contemporary art à Bruxelles.

Crédits

Image d’ouverture : Vue de l’exposition La banquise, la forêt et les étoiles © Sophie Whettnall, Etel Adnan, photo Philippe De Gobert – Les Porteuses © Sophie Whettnall, photo Philippe De Gobert – Vue de l’exposition La banquise, la forêt et les étoiles © Sophie Whettnall, photo Philippe De Gobert

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