La vie trépidante des mondes souterrains

Le musée du Louvre-Lens invite actuellement à un fabuleux voyage, de l’ombre vers la lumière, à travers des mondes souterrains mystérieux. Vous y explorerez l’invisible, parcourrez des territoires imaginaires, découvrirez des bestiaires infernaux et vous laisserez bercer par des utopies. L’exposition est à visiter d’urgence car elle ferme ses portes dans quelques jours.

A quoi ressemble ce qu’on ne peut ni voir, ni explorer ? Les mondes souterrains sont un mystère pour l’humanité depuis la nuit des temps. Jusqu’au 22 juillet, le musée du Louvre-Lens lève le voile ! Un parcours de plus de 200 œuvres ouvert aux arts de toutes époques et civilisations, des grottes de Lascaux aux sculptures d’Éva Jospin, en passant par les gravures de Gustave Doré, embarque les visiteurs dans une aventure 20 000 lieux sous la terre. Inspirés par des récits mythologiques, religieux, littéraires, cinématographiques…, des artistes de tous horizons proposent des géographies fantasques, des êtres imaginaires, des récits homériques… Santan y harangue des anges déchus, des créatures se baignent dans un fleuve obscure, tandis qu’un monstre marin surgit.

Vue de l’entrée de Mondes souterrains, Louvre-Lens, 2024. ©Photo MLD

Effrayants et inspirants, les mondes souterrains sont souvent le miroir de nos sociétés et de l’âme humaine. Des profondeurs obscures aux mondes mythiques, jusqu’aux univers foisonnants des contre-cultures, la réalité des sous-sols est diverse. L’exposition nous entraîne à la suite des Titans et de Zeus, responsables, s’il en est, des tremblements de terre. On se souvient ici du tragique destin de Pompéi et plus largement on revisite les mythes antiques, tout en admirant les visualisations issues des simulations numériques de la température du noyau terrestre de Nathanaël Schaeffer et Julien Aubert.

Visualisations issues des simulations numériques de la température du noyau terrestre dans le plan de l’équateur, réalisation sur les super-ordinateurs de GENCI, Nathanaël Schaeffer et Julien Aubert, 2016-2023. ©Photo MLD

A peine s’est-on imprégné d’une ambiance, d’un ressenti qu’une autre image surgit. Voici deux mains jointes, priantes, implorantes. Cette photographie de Maurizio Cattelan renvoie à une performance réalisée à la Biennale de Venise en 1999. L’artiste avait demandé à un fakir indien de se laisser enterrer dans le sable. Par ce geste, il questionnait la spiritualité, la mort. Et souhaitait rendre hommage à sa mère décédée prématurément, nous apprend le cartel.

Mother, tirage photographique, cibachrome monté sur plexiglas, 1999. ©Photo MLD

Plusieurs installations ponctuent le parcours. Celle de Justine Emard ouvre un espace de rencontre entre 36 000 ans de technologies d’images, à la recherche de l’origine de ces dernières. Les données collectées par les scientifiques permettent tant une plongée dans le Paléolithique, que la présence de « sculptures de rêve » issues de données encéphalographiques enregistrées sur plusieurs nuits et appartenant à des astronautes !

Hyperphantasia, des origines de l’image, Justine Emard, sculptures & film 12′, 2022. ©Photo MLD

Pour sa part, Giuseppe Licari expose une souche d’arbre suspendue. Humus fait référence à la couche supérieure du sol provenant de la décomposition des matières organiques. En son absence, la croissance des arbres est impossible. Avec cette proposition, l’artiste suggère probablement qu’il est grand temps de repenser notre relation à la nature.

Humus, Giuseppe Licari, installation à partir d’une souche provenant de Douai, coupée lors d’une construction immobilère, 2024. ©Photo MLD

Et si pour une fois, vous étiez à l’extérieur de la caverne ! Huang Yong Ping vous en offre l’occasion. Mais serait-il possible que nous n’ayons que cet immense caillou à contempler ? Rassurez-vous, il n’en est rien. Par un minuscule trou réalisé dans un mur blanc, le visiteur curieux peut apercevoir ce qui se trame au cœur du rocher : des sculptures de différentes traditions contemporaines au mythe de la caverne de Platon s’exposent tout en s’ignorant dans un décor de chauve-souris dansantes.

La Caverne, Huang Yong Ping, Xiamen, 1954-Paris, 2019. Caverne en résine, sculptures de bouddhas et de talibans, chauves-souris projetées en ombres chinoises. ©Photo MLD

L’exposition se termine, ou presque, sur une pelle incroyable. Celle du grand-père de Laure Prouvost, un aïeul de fiction qui aurait décidé de creuser un tunnel depuis son salon jusqu’en Afrique et y aurait disparu… Preuve que les plus incroyables aventures ne sont pas seulement celles que nous pouvons vivre mais aussi celles qui sortent de notre imagination.

Reading Shovel, Laure Prouvost, 2015. ©Photo MLD

Contact> Mondes souterrains, du 27 mars au 22 juillet 2024, Musée du Louvre-Lens, à Lens. Ouvert tous les jours sauf le mardi.

Image d’ouverture> Extrait de l’œuvre Nymphées, 2022. Carton, bois, pierre, coquillages, papiers colorés, matériaux divers. ©Eva Jospin, photo MLD