La Fondation Gulbenkian renforce la visibilité des artistes portugais par deux appels à projets

La Délégation en France de la Fondation Calouste Gulbenkian ouvrait le 1er février 2023 la 4e édition de son appel à candidatures jusqu’au 28 avril destiné aux projets d’expositions de, ou avec, des artistes portugais en France, tandis qu’un deuxième appel en partenariat avec la Cité internationale des arts à Paris est ouvert depuis mars, jusqu’au 27 avril 2023, à la recherche de deux commissaires d’exposition, résidents au Portugal.

Ces programmes d’« Expositions Gulbenkian » ont pour objectif de soutenir l’art portugais au sein des institutions  françaises et de renforcer la visibilité de la création portugaise en France par la promotion du travail d’artistes vivants ou décédés. Ouvert jusqu’au 28 avril, le premier appel à projets s’adresse aux centres d’art, FRAC, CRAC, musées, associations et institutions culturelles, souhaitant présenter des artistes portugais au sein de leur programmation ; il concerne toutes les disciplines des arts visuels.  Le soutien de la Fondation est attribué au titre de coparticipation dont le montant du soutien financier au projet, s’élève à 40% maximum du coût total du projet. Ce dispositif qui s’inscrit au cœur des missions de la Fondation, depuis sa création en 1956, vise à soutenir la visibilité de la création portugaise sur le territoire français, à contribuer à la reconnaissance internationale de la création artistique portugaise dans le domaine des arts visuels autant qu’à stimuler la recherche scientifique en encourageant la production d’œuvres originales et de pensées critiques innovantes sur les artistes portugais et sur l’histoire de l’art portugais.

Le projet devra être réalisé dans les 14 mois suivants les résultats de l’appel et devra démarrer au plus tard en août 2024. La clôture des candidatures a lieu le 28 avril 2023 (à 23h59)et l’annonce des lauréats en juin. À l’aube de cette 4e édition,la Fondation compte près de 25 institutions lauréates et 77 artistes soutenus. Parmi tous ces projets, on pourra citer cette année, l’exposition collaborative Shéhérazade la Nuit au Palais de Tokyo, la présentation des films du réalisateur Gabriel Abrantes lors de la 16e édition de la Biennale de Lyon ou l’exposition « Le Geste de Phyllis » de l’artiste Ramiro Guerreiro au FRAC Provence-Alpes-Côte-d’Azur.

Les fictions politiques  de « Shéhérazade, la nuit » 

Aux côtés de quatre autres artistes internationaux (Minia Biabiany, Ho Tzu Nyen, Lieko Shiga et Ana Vaz) l’exposition proposée au Palais de Tokyo par Yoann Gourmel, Shéhérazade, la nuit (du 19 octobre au 8 janvier 2023 ) nous proposait de découvrir en France l’engagement du représentant du Portugal à la 59e Biennale de Venise, Pedro Neves Marques, sur la scène queer, ansi que le cinéma militant de Miguel Gomes né à Lisbonne en 1972 – critique de cinéma avant de devenir lui-même artiste activiste du 7e art dont le style brouille les pistes  entre documentaire et fiction. Après avoir réalisé quelques courts-métrages dès 1999, Miguel Gomes sort un premier long en 2004, La Gueule que tu mérites. Sa renommée s’étend à l’international avec Tabou, en 2012 qui remporte le Prix Alfred-Bauer au Festival de Berlin. Deux ans plus tard, son ambitieuse trilogie des Mille et Une Nuits reprend la structure et la forme du conte pour la rattacher, avec une ironie acerbe, à la politique d’austérité menée au Portugal entre juillet 2013 et août 2014. Rédemption (2013) est un court-métrage entièrement constitué d’images d’archives mises en dialogue avec des récits fictionnels écrits avec Mariana Ricardo. Ces derniers prennent la forme de lettres intimes de personnes qui livrent, avec mélancolie, des échecs, des regrets ou des fantômes de leur passé. L’œuvre suscite une empathie en décalage avec l’action publique de ces individus, dont on comprend qu’il s’agirait de quatre personnalités politiques européennes de premier plan, à qui Miguel Gomes impose ironiquement une quête de rédemption !

© Miguel Gomes, Rédemption, 2013, Vidéo, couleur, son – 27’ Photogramme – Courtesy de Shellac

Mêlant recherche anthropologique, cinéma, écriture poétique et fictionnelle, le travail de Pedro Neves Marques (né·e en 1984) influencé.e par l’histoire des sciences féministes et queer, nous projette entre science-fiction et documentaire, dans des futurs qui interrogent le contrôle de nos corps, de nos désirs et du monde qui nous entoure au-delà de la dystopie. L’artiste qui utilise l’animation pour explorer la construction de nos imaginaires autour du genre, de l’écologie, des « tech » et des questions postcoloniales présentait dans l’exposition, un ensemble de vidéos réalisées autour du personnage de YWY, une androïde du nord du Brésil imaginée en collaboration avec l’actrice et activiste Zahy Guajajara. Combinant des éléments de science- fiction avec des cosmologies amérindiennes pour contester une revendication linéaire de l’avenir, YWY entrent en résonance avec le modèle perspectiviste de l’anthropologue brésilien Eduardo Viveiros de Castro, selon lequel le point de vue d’une espèce sur les autres dépend toujours du corps où elle réside. Corps, genre, politique et rédemption quatre thématiques au cœur des préoccupations contemporaines actuelles.

© Pedro Neves Marques, YWY, Searching for a Character Between East and West, 2021, Vidéo d’animation couleur, son. 9’ Courtesy de l’artiste

Appel à commissaires

Par ailleurs, la délégation en France de la Fondation Gulbenkian et la Cité internationale des arts à Paris annoncent dans le cadre d’une nouvelle collaboration, le lancement d’un programme de résidences de recherche à destination de deux commissaires d’exposition – de toutes nationalités, résidant au Portugal et justifiant de 5 ans d’expérience professionnelle. Ce nouveau dispositif dont l’objectif consiste à soutenir la recherche et l’élargissement du réseau professionnel de commissaires d’exposition ancrés dans la scène portugaise court depuis le 27 mars et s’achève le 27 avril 2023 à minuit. Les lauréats pourront bénéficier d’un accompagnement privilégié, d’une mise en réseau professionnelle et d’une résidence de trois mois à Paris, accompagnée d’un soutien financier.

Contacts > Pour toute question, veuillez contacter Mme Ophélie Julien-Laferrière, Cheffe de projet : o.julien-laferriere@gulbenkian-paris.org

Pour l’appel aux candidatures destinées aux centres d’art cliquer ici !

Pour l’appel aux commissaires, cliquer là ! 

Chargée des programmes de résidence et partenariats – Cité internationale des arts – Mme Souraya Kessaria : admissions@citedesartsparis.fr Responsable de communication – Cité internationale des arts – Mme Shantal Menéndez Argüello : shantal.menendezarguello@citedesartsparis.fr

Visuel d’ouverture> © Miguel Gomes, Rédemption, 2013, Vidéo, couleur, son 27’ Photogramme – Courtesy de Shellac

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Print Friendly, PDF & Email