Filer les tangentes avec Guillaume Dimanche 

« Le premier principe du chant, au travers huit nations, sillonne le continent comme l’ont fait nos prédécesseurs, nos aïeuls, dans les siècles où les industries n’existaient pas, à un rythme qui permet le vrai voyage et la rencontre. » Le plasticien photographe Guillaume Dimanche a décidé de Filer les Tangentes,  une performance artistique qui se joue pendant 60 jours, 5000 kilomètres à bicyclette ! Cela fait plusieurs mois déjà qu’il fomente cette action à vélo et propose de nous en faire partager sa méditation à travers ses textes et ses clichés – comme celui d’un chêne de 500 ans à Sénart planté au moment où Léonard de Vinci disparaissait.  

« Jusqu’à il y a deux cents ans (encore), on traversait l’Europe pour lire d’autres histoires, pour rencontrer de nouvelles techniques, voire des pratiques avec d’autres couleurs, nous rappelle l’artiste. On expérimentait les sens. Dans un temps pour s’imprégner, réfléchir, penser, écrire. Je veux voir si, comme Erasme, Zweig, Dürer, Van Eyck, Vermeer ou Vinci, Goethe ou Van Gogh, on peut encore aller dans quelques villes, rencontrer quelques amis artistes, savants, chercheurs, inventeurs ou poètes. Je prends la route pour voir si on peut traverser quelques plaines, fleuves et montagnes. Je monte sur le vélo pour savoir si la découverte peut être au coin de la route. Si en traversant des pays voisins, on peut rencontrer d’autres couleurs. Aujourd’hui on arrive, on instagrame et on retourne. L’intelligence est artificielle. La spirale des pot-au-feux, la révolution des courtisans ? »

Chardons 01 – photographie numérique – 2023 – dimensions variables, © Guillaume Dimanche, courtesy de l’artiste.
Rangé, calibré, bientôt sur la machine pour 60 jours ! © Guillaume Dimanche, courtesy de l’artiste.

Entre le compagnonnage et le Grand Tour, voyage fondé sur les « humanités » grecques et latines, destiné à parfaire l’éducation des jeunes gens de la plus haute classe, Guillaume Dimanche choisit donc la tangente : la seconde orientation de ce périple à vélo vise la rencontre d’habitants, d’acteurs de l’environnement et des biodiversités. Il y a là mille gestes, mille actions à consigner, à transmettre dans son carnet de voyage. « Je vais engager un tissage de liens entre des styles d’une vie. Documenter l’humain dans son paysage », dit-il.

Filer Les Tangentes durera deux mois et demi, du 18 juin à la mi-aôut 2023. Une journée de cinq heures permet au cycliste entrainé de parcourir 80 kilomètres. C’est déjà traverser et, souvent, changer de pays. « Mon parcours forme une boucle drapeauïde, à travers un espace aux frontières invisibles, résume l’artiste qui affirme ici ses convictions. Je cherche les rencontres et les inspirations au premier quart d’un siècle qui sera bouleversements. Il plonge dans les racines, reproduit des routes anciennes, d’un début des migrations de l’homme, jusqu’à leur fin, jusqu’à ses robots intelligents, jusqu’à sa fin. Je n’ai encore ni réponse ni point d’arrivée, sinon un retour à mes racines dans le pays des châteaux et d’une époque où prenait germe la révolution des énergies. »

Tournesol – photographie numérique – 2021 – dimensions variables, © Guillaume Dimanche, courtesy de l’artiste.

Relier València à Chambord n’a rien de fortuit, c’est pour l’artiste, une course historique… Une course contre la honte prométhéenne : « Il y a cinq cents ans Leonardo da Vinci pouvait tout voir, vivre et inventer. Aujourd’hui, on ne trouvera plus un savant, un ingénieur de génie civil ou militaire au top de la littérature ou de la peinture. Ni l’inverse, souligne l’artiste. En revanche il y a des multitudes d’yeux, d’oreilles, de mains, de cerveaux orientés dans leur spécialité, déjà en train de trouver et d’expérimenter des petites inventions qui transforment les grosses machines économiques et industrielles qui nous noient. Je veux aller à ces rencontres. »

Chaque jour Guillaume Dimanche publiera des instantanés en vidéos et en photographies ou encore un texte poétique, qui poseront l’étape. Le sport quotidien, parfois extrême en somme, auquel s’adonnent les artistes, sans même parfois sortir de l’atelier !  Le top départ a lieu le 16 juin : « Depuis le Parc Naturel d’Albufera, nid du Pluvier à collier interrompu, un petit oiseau migrateur européen, j’irai chercher un chemin. Je pars à la rencontre d’idées, de possibilités, de besoins, de soins, de chercheurs, d’agriculteurs, d’artistes qui pensent et font demain. Quelle nature ? Une autre révolution arrive-t-elle ? »

Et si nous accompagnions ce transport à hauteur d’homme, porté par l’énergie vagabonde des paysages et de son inspiration traversés à la vitesse de son « deux-roues » ?

Senart, © Senart – répétition Le grand Chêne, autoportrait Guillaume Dimanche, courtesy de l’artiste.

 Informations complémentaires > nous pourrons suivre l’artiste dans ce périple tout au long de son parcours sur Instagram. http://www.guillaumedimanche.fr/filerlestangentes/

Le financement participatif de ce documentaire, rêveur et sportif se fait ici !  Le projet complet, c’est là.

Visuel d’ouverture > Carte postale – paysage « Filer les tangentes »© Guillaume Dimanche – courtesy de l’artiste.

 

 

 

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