Chaque année, Corridor Eléphant sort une douzaine d’ouvrages et met en ligne plus de cent cinquante expositions. Une fois par mois, ArtsHebdoMédias vous invite à entrer dans un univers auquel notre partenaire a consacré une exposition ou un livre. En mai, nous vous proposons un voyage nocturne signé Carole Reboul.
Oscillant entre l’infiniment petit (la macrophotographie) et l’infiniment grand (les paysages de nuit), Carole Reboul cherche les émotions qui les relient. Pour l’auteure photographe, les heures passées à contempler les étoiles, à rêver au clair de Lune, à suivre un papillon, à respirer une fleur, à admirer la lumière à travers les arbres, sont un besoin vital, une étape indispensable pour comprendre que nous ne sommes qu’une infime partie d’un ensemble plus vaste, si fragile et où tout est lié. En 2021, les éditions La Salamandre publient Il était une fois la nuit, qui raconte les émotions et les sensations d’être la nuit en pleine nature : la beauté du ciel étoilé, le besoin d’obscurité des êtres vivants et l’impact de la pollution lumineuse. Animée par le désir de sensibiliser le public à la protection de la nature et de la nuit, chaque année, Carole Reboul organise des stages photos macro et paysages de nuit, expose dans de nombreux festivals photos. Elle vit dans les Cévennes gardoises.
« Je fais depuis longtemps de la macrophotographie. J’adore jouer avec la lumière, obtenir des flares, offrir une version onirique de la réalité. En parallèle, lors de mes voyages, j’ai à chaque occasion pris le temps de sortir la nuit pour faire des photos. Les étoiles m’ont toujours fascinée, j’ai d’ailleurs fait des études de physicienne pour cela.
Aussi, à un moment donné, il y a 4 ou 5 ans, il est devenu évident que je devais me plonger plus sérieusement dans un travail sur la nuit. Je ne me doutais pas à ce moment-là de tout ce que j’allais découvrir qui changerait radicalement ma façon de voir la nuit.
J’ai commencé bien entendu par vouloir montrer le ciel étoilé. J’ai passé beaucoup de nuits à photographier la Voie Lactée, et à en faire des panoramiques. Cela demande de l’anticipation. Il faut surveiller la météo, vivre au rythme de la Lune, faire des repérages tout en sachant qu’un paysage de nuit ne rend pas en photo comme celui vu de jour.
Pour photographier les étoiles, la maîtrise de la technique est certes indispensable. Mais je ne souhaitais pas me faire happer par elle. J’ai donc laissé tomber les empilements de photos comme cela se pratique souvent. J’ai fait le choix de ne pas rechercher à tout prix la photo parfaite, d’accepter les compromis et de travailler plutôt sur l’émotion. Une émotion que je ressens de plus en plus au fil de mes sorties. Toutes ces nuits blanches me font me sentir dans mon élément sous les étoiles. J’aime lever les yeux, m’orienter avec les constellations et les retrouver nuit après nuit. C’est comme si un lien se créait avec certains astres. Les revoir me fait du bien, m’apaise.
Mais les étoiles ne sont rien sans le paysage. Je veux montrer que nous faisons partie d’un tout, que même si nous sommes infiniment petits et insignifiants à l’échelle cosmique, ce qu’il se passe sur Terre nous est infiniment important, et la nuit nous met face à ce paradoxe, dont la prise de conscience nous enrichit. La nuit a le pouvoir de nous révéler ce que la journée nous cache. Il n’y a que la nuit que nous pouvons prendre conscience de la rotation de la Terre, imaginer la vitesse à laquelle elle se déplace dans l’Univers. J’essaie, quand ces pensées m’assaillent, de mettre cela en image, en exploitant le long temps de pose qui permet d’expérimenter. »
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Image d’ouverture> Il était une fois la nuit. ©Carole Reboul.