Flo Arnold partage son temps entre le Maroc et la Bourgogne. Elle fait escale cet automne dans la capitale française, à l’occasion du salon Mac Paris, pour présenter son installation Coexist. L’artiste, qui s’est emparée il y a peu du papier, joue de la légèreté et de la plasticité de ce matériau pour proposer une œuvre à la fois spirituelle et incarnée.
D’une enfance nomade, Flo Arnold a gardé deux amis très chers, la danse et le dessin. Longtemps, l’artiste a peint des corps de femmes. Et puis un jour, elle « tombe du nu », comme elle le résume joliment. Les modèles sortent du cadre, partent à l’assaut du monde. Ectoplasmes ou entités incarnées, volumes dansants et aériens, ses installations évoquent des corps tourmentés ou joyeux. On croit entendre le bruit enjoué des étoffes qui dansent, le son voluptueux des tentures qui tombent, le sifflement douloureux du linceul.
L’artiste travaille avec du papier hydrofuge blanc qu’elle encolle sur des armatures métalliques. De ce matériau en apparence si fragile jaillissent des œuvres en lévitation, soulagées de l’attraction terrestre. Son et lumière enrichissent la mise en scène de ces ballets de papier. Cette technique radieuse a dès le départ été mise au service d’un bel hommage. En février 2016, Flo Arnold présentait Leïla, l’une de ses premières installations monumentales, à la Biennale de Marrakech. Elle célébrait ainsi la mémoire de Leïla Alaoui, jeune photographe franco-marocaine assassinée à Ouagadougou, au Burkina Faso, un mois auparavant. Dévoilée à Mac Paris – le salon a ouvert ses portes hier soir au Bastille Design Center et réunit une trentaine de plasticiens –, l’installation Coexist parlera avec la voix de l’artiste. Elle dira « je vous aime », tout simplement.