Art(s) contemporain(s) & Jeunesse – Les idées cool de l’été

Dans cette rubrique trimestrielle, ArtsHebdoMédias entend vous suggérer quelques idées de visites « art contemporain » à destination des enfants et des ados ou à partager tout simplement en famille un peu partout en France. Mais également au-delà de nos frontières, comme sur Internet. Climat estival oblige, cette sélection fait la part belle aux découvertes en plein air ! Bonne balade.

DU NORD AU SUD…

Hortillophones, Raphaëlle Duquesnoy.

Echappée(s) belle(s) à Amiens. Pour sa 10e édition, le Festival Art, villes et paysage a changé de nom pour devenir le Festival international de jardins Hortillonnages Amiens. A découvrir jusqu’au 20 octobre, le parcours propose à travers les îlots amiénois une cinquantaine d’installations et de jardins conçus par de jeunes plasticiens, paysagistes et architectes qui, tous, s’articulent autour de questionnements liés aux problématiques du monde actuel : comment préserver nos ressources naturelles et faire évoluer nos modes de consommation alimentaires ? Quels sont les modèles agricoles à privilégier ? Quelle est la place de la nature en ville et de l’homme dans la nature ? Parmi les œuvres imaginées spécifiquement pour ce rendez-vous estival, citons les Hortillophones en céramique de Raphaëlle Duquesnoy, qui a entrepris de repérer les particularités du paysage sonore des hortillonnages pour mieux les amplifier, ou Bricole Bibendum, qui s’inspire du nom des balises signalant les hauts-fonds à Venise et dont Sylvie Bonnot revisite la forme – le bois est remplacé par des chambres à air – comme la fonction. Simon Augade présente pour sa part Affaissement, œuvre sculpturale née d’une réflexion sur la morphologie fragmentaire des jardins flottants d’Amiens et la notion de frontière, tandis que Floriane Pilon joue sur le décalage entre les matériaux utilisés pour son installation Ecorce – le verre et le tissu – et l’environnement naturel dans laquelle elle s’insère pour mettre l’accent sur l’influence que peut avoir le contexte géographique singulier d’Amiens sur les activités humaines de ses habitants. Une promenade à faire librement à pied ou en louant une barque (tarifs variables en fonction du nombre de personnes).

Les terres, miroir du monde (détail), Kôichi Kurita.

Portrait de la Camargue par Kôichi Kurita. « De la même manière que chaque fleur est différente, que tout arbre a une forme spécifique, un individu a lui aussi un visage singulier, une pensée propre, une histoire particulière, rappelait Kôichi Kurita à ArtsHebdoMédias au printemps 2014. Toute forme de vivant fait néanmoins partie d’un même tout. Chaque poignée de terre me rappelle que je ne suis qu’un petit morceau d’un ensemble plus grand, appelé nature ; elle m’enseigne l’humilité. » L’artiste japonais a commencé, il y a plus de 25 ans, à collecter des échantillons de terre de son pays natal – il en a rassemblé quelque 35 000 à ce jour ! – avant de venir élargir son champ d’exploration au territoire français, pour lequel il développe une Bibliothèque de terres depuis 2004. L’automne dernier, c’est dans le delta du Rhône qu’il a poursuivi son projet, à l’occasion d’une résidence de trois mois durant laquelle il a parcouru plus de 5000 km et prélevé 970 échantillons dans 225 communes et 17 départements ! Chacun d’entre eux participant à des installations épurées, aux géométries aussi précises que variables –  alignements de carrés, cônes, flacons de verre, cartes postales – réunies dans l’exposition Les terres, miroir du monde, présentée en trois lieux de Camargue : les Tours et Remparts d’Aigues-Mortes, ainsi que la Maison du Grand Site de France de la Camargue Gardoise, et le Pavillon de la Culture et du Patrimoine de Saint-Gilles. « En prenant pour thème la diversité du monde, je vais continuer, à travers l’art, de transmettre la beauté sans fard et le prix inestimable de la terre qui se trouve là, sous nos pas », confie Kôichi Kurita qui, parallèlement à la réflexion esthétique, invite à travers la richesse et la diversité de nos territoires, à percevoir celles de nos cultures comme de nos identités.
Lire aussi « Kôichi Kurita en Ile-de-France – Terre des hommes ».

…ET D’OUEST EN EST

Vue de deux Nids signé Tadashi Kawamata.

A Nantes, suivez la ligne verte ! Tous les étés depuis 2012, le Voyage à Nantes métamorphose l’espace urbain et les paysages alentours en un vaste terrain de jeu(x) artistique(s) prenant la forme d’un parcours de 12 kilomètres ponctué de dizaines de propositions éclectiques. Si certaines sont éphémères, nombre d’entre elles sont pérennes et au fil de sept édition, une collection publique a vu le jour, forte de quelque 110 pièces – œuvres dans l’espace public, enseignes de commerce, chambres d’artiste et autres mobiliers urbains – signées notamment par Atelier Van Lieshout, Cécile Bart, Lilian Bourgeat, Delphine Coindet, Jimmie Durham, Jeppe Hein, Jenny Holzer, Ange Leccia, Claude Lévêque, Vincent Mauger, Claude Ponti, Felice Varini, Erwim Wurm ou encore Huang Yong Ping. A découvrir jusqu’au 1er septembre, le Voyage à Nantes 2019 s’inscrit comme à son habitude le long d’un circuit matérialisé au sol par une ligne verte sinuant à travers les rues et les différents lieux culturels du chef-lieu de Loire-Atlantique. Depuis la Butte Sainte-Anne, où Tadashi Kawamata a installé son Belvédère de l’Hermitage – l’artiste japonais a également disséminé plusieurs de ses Nids dans la ville – jusqu’à la place Graslin, où sont intervenus Malachi Farrell, Constantin Leu, Ludovic Nobileau et Human Clock, en passant par la Hab Galerie, qui accueille Claire Tabouret, la rue de la Tour d’Auvergne, hôte de l’installation Passage d’Eva Jospin, ou encore la place Royale, investie par Stéphane Vigny, l’imagination des passants n’a pas fini d’être sollicitée ! A noter la participation inédite de l’artiste vidéaste nantais Pierrick Sorin, qui a conçu un ensemble de huit « saynètes holographiques » (Hôtels et Faunes), toujours teintées d’humour et de poésie, disséminées sur le mur, à l’entrée ou dans le hall de huit établissements hôteliers de Nantes. Le programme complet est à consulter d’un clic !

Out/Elodie (détail), Elsa Tomkowiak.

Eté arty à Annecy. Pas moins de 32 installations, réalisées par des artistes, des paysagistes et des architectes, s’offrent au regard dans le cadre de la deuxième édition du Festival Annecy Paysages, déployé cette année sur trois sites principaux : le centre historique de la ville de Haute-Savoie, le parc Charles Bosson et les Jardins de l’Europe. Ces deux espaces verts donnent sur le lac qui accueille pour l’occasion une installation colorée signée Elsa Tomkowiak : Out/Elodie est composée de six sphères gonflables de 4,5 mètres de diamètre, évoquant tout autant une vue au microscope de cellules et/ou bactéries qu’un alignement de planètes ; sans doute la bonne option si l’on se fie au titre, emprunté au nom d’un spectrographe grâce auquel a été découverte la première exoplanète et captées les variations du spectre lumineux du soleil ayant permis de retranscrire la résonance acoustique de l’étoile… Déjà présent l’an dernier, le Coréen Choi Jeong Hwa a déposé au beau milieu de l’esplanade de l’Hôtel de ville sa Breathing Lotus Flower : une fleur de lotus monumentale, gonflable elle aussi, dont le mouvement lent des pétales laisse imaginer qu’elle respire. Symbole de la pureté du cœur et de l’esprit en Asie, la fleur de lotus vient rappeler l’importance de vivre l’instant présent. A quelques minutes à pied, le quai de la Cathédrale devient le pâturage d’un étrange Troupeau de moutons « conduit » par Adjie, plasticienne annécienne qui articule toute sa pratique autour de la figure animale. Renvoyant à l’innocence et à l’espièglerie enfantines, ces sympathiques ovins viennent également réintroduire un peu de nature en ville. D’autres créateurs s’appuient pour leur part sur le paysage urbain, à l’image des architectes Raphaël Dessimoz, Amélie Poncety, Loïc Fumeaux et Tancrède Ottiger qui déploient, dans le passage des Célestins, tout un jeu de construction et de miroirs (Kaléidoscope urbain) sublimant les arcades et façades colorées caractéristiques du centre historique. Bien pratiques pour guider la balade – six parcours sont proposés –, plusieurs cartes interactives peuvent être téléchargées au lien suivant : www.annecy-paysages.com.

L’INCONTOURNABLE PARIS…

Time Capsule (détail), Swoon.

Le carnet de voyage de Swoon. C’est un bien joli projet qui a vu le jour début juillet sur les quais de Seine. Amarrée sur la rive gauche en contrebas du pont des Invalides, la barge Fluctuart est un centre d’art urbain flottant, gratuit et ouvert à tous les publics, tous les jours de midi à minuit. Composé de trois plateaux d’une superficie totale de 1 000 m2, il accueille, outre deux espaces bar et restauration ainsi qu’une riche bibliothèque spécialisée, deux espaces d’exposition : l’un est dédié à la présentation de la collection permanente – qui réunit une quinzaine de signatures internationales –, l’autre, qui s’étend sur tout le niveau inférieur, est dévolu à des projets temporaires. Pour son inauguration, le lieu a choisi d’offrir une carte blanche à Swoon. A voir jusqu’au 22 septembre, l’exposition Time Capsule prend la forme d’une immense installation dévoilant les différentes techniques et matériaux – papier, carton, bois, mylar – utilisés par l’artiste américaine ces 20 dernières années. Puisant son inspiration au fil de ses pérégrinations, Swoon partage à travers ses œuvres, à la manière d’un carnet de voyage, les rencontres comme son ressenti, en termes de sociologie et de politique, vécus dans les différents milieux urbains traversés aux Etats-Unis, mais aussi en Allemagne, au Mexique ou encore en Argentine. Le bois de récupération, sur lequel elle peint au marc de café ses portraits, est par exemple entré dans sa pratique après qu’elle eut mené, en 2008 et 2009, une expédition sur le Mississippi en compagnie de quelques amis embarqués sur des radeaux de fortune, pour aller à la rencontre de populations doublement victimes de la crise et de la politique mené par George W. Bush. Des visites guidées gratuites sont organisées tous les jours à 12 h 30, 14 h 30, 16 h 30 et 18 h 30 tandis que chaque dimanche, à 11 h 30 et à 14 h, des ateliers animés par le Musée en Herbe sont proposés aux 5-10 ans (compter 16 euros par enfant, réservation conseillée).

Superflat Museum Sculptures, Takashi Murakami, 2002.

Plongée dans l’univers des mangas. Le Musée en Herbe consacre actuellement une vaste exposition à Takashi Murakami et au collectif créé autour de lui à la fin des années 1980, Kaikai Kiki, dont font notamment partie Chiho Aoshima, Aya Takano, Mr. et Shigeru Mizuki. Intitulée Monstres, Manga et Murakami, elle permet tout autant de plonger dans l’univers fantastique et multicolore du plasticien japonais que de découvrir plus avant la culture traditionnelle et contemporaine de son pays natal. De mieux comprendre, également, combien l’univers des mangas est imprégné par les légendes, l’art classique et l’histoire millénaire du Japon et de quelle manière la richesse de l’imaginaire de ces récits dessinés, leurs codes et leurs personnages atypiques, tour à tour mignons, terrifiants ou burlesques influencent de nombreux artistes nippons. Le musée propose différents formats de visites et d’ateliers dédiés aux enfants (de deux ans et demi à 12 ans) en lien avec l’exposition, dont une alléchante chasse aux monstres – parmi eux, les yôkai, créatures surnaturelles issus du folklore japonais – interactive. Les plus grands ne sont pas oubliés, puisqu’ados et adultes se voient invités, par le biais de visites animées, d’« Art’péros », « Art’tea » et autres « Escape Games », à aborder eux aussi l’art et la culture de manière ludique et humoristique.

…ET SES ENVIRONS

Fog Sculpture, Fujiko Nakaya.

Du vent dans l’art à la Défense. Au cœur du quartier de la Défense, se déroule actuellement la deuxième édition des Extatiques. Cette année, les artistes internationaux invités présentent des œuvres autour du thème de l’air, qu’ils abordent de différentes manières à travers des sculptures gonflables, d’autres pièces dépendant des vents ou évoquant le voyage et la nouveauté. Espace venteux, sans voitures et en constant développement, le quartier d’affaires est le lieu idéal pour accueillir ces installations diverses et originales, telle l’une des désormais célèbres Fog Sculpture de l’artiste japonaise Fujiko Nakaya, qui s’étend sur le « Bassin Takis ». Soumis aux bourrasques et autres courants d’air qui balayent l’esplanade, le nuage de fumée nous enveloppe et nous fait perdre nos repères avant de repartir aussi vite qu’il est arrivé. Devant les tours Total et EDF se dresse La voiture sur le lampadaire de Benedetto Bufalino. Réflexion sur le sort de ce véhicule polluant, c’est aussi une manière de questionner nos conceptions des objets et d’apprendre à voir autrement. Un doute ne persiste-t-il pas quant à la fonction de cette dernière ? Qui de la Terre ou de la Peugeot conduit ? « J’aime l’idée que les gens puissent se donner rendez-vous sous la voiture, ça crée une inversion de fonctionnalité et permet une relecture du monde », confie l’artiste. Fabrice Bousteau, commissaire et directeur artistique, a créé une exposition dans l’exposition en affichant 30 photographies/reproductions d’œuvres illustrant l’intérêt des artistes pour l’air et le vent dans l’histoire de l’art. Les images sont exposées dans des panneaux publicitaires ; souvent considérés comme des pollutions visuelles, ils sont ici détournés de leur but commercial pour promouvoir l’art. A découvrir également, jusqu’au 6 octobre, les œuvres de Choi Jeong Hwa, Pangrok Sulap, Tadao Cern, Philippe Ramette, Pierre Ardouvin et Designs In Air.

Prépare ton sac, Raphaëlle de Groot.

Bouillonnement créatif à Clichy-sous-Bois. Lieu de recherche, de création et de partage installé en juin 2018 à Clichy-sous-Bois (et bientôt à Montfermeil), en Seine-Saint-Denis, les Ateliers Médicis sont un établissement public dédié à la jeune création. Véritable laboratoire d’expériences artistiques et d’initiatives culturelles, il accueille tout au long de l’année des artistes en résidence et organise régulièrement des temps de rencontre et d’échange avec le public. Dans le cadre du Festival L’été des Ateliers – lors duquel la Bibliothèque municipale de Clichy-sous-Bois accueille notamment plusieurs installations interactives du collectif Alinéaire –, une dizaine de jeunes artistes animent ainsi des ateliers créatifs gratuits pour les enfants : du 16 au 19 juillet, Ariane Hugues propose aux 9-11 ans de venir fabriquer un mini-livre à partir de leurs dessins d’un monde imaginaire, tandis que Caroline Chapron offre aux 6-9 ans de revêtir les habits de designers d’ustensiles de cuisine insolites, créés avec l’aide d’une imprimante 3D ; Nawelle Aineche invite quant à elle les enfants de tous âges à réaliser des masques à partir de matériaux recyclés. De 23 au 26 juillet, Nico K entend initier les 10-13 ans au slam à travers un atelier entremêlant écriture, tag, pochoir et affichage, pendant que Mathilde Poncet animera un atelier d’illustration à destination des 8-10 ans sur le thème des planètes lointaines et des extraterrestres. Tous les ateliers sont gratuits, mais il est recommandé de s’inscrire en amont au 01 58 31 11 00 ou via participer@ateliersmedicis.fr. A noter l’appel à participation, ouvert jusqu’au 27 juillet, lancé par l’artiste québécoise Raphaëlle de Groot qui a entrepris de monter une marche-performance intitulée Prépare ton sac (programmée dans le cadre de Nuit Blanche 2019 à Paris) sur le thème « Que met-on dans sa valise quand on part en voyage ? » !

À L’AIR LIBRE

La Révérence, Noel Varoqui, 2019.

La réjouissante fécondité du Vent des Forêt. Initié en 1997 par six villages de la Meuse, dont Fresnes-au-Mont, le projet Vent des Forêts consiste à inviter des artistes en résidence pour créer des œuvres in situ, en harmonie avec la nature et avec le concours de bénévoles et d’artisans locaux. Une centaine de pièces sont aujourd’hui à découvrir le long de 45 kilomètres de sentiers balisés, accessibles à tous entre mars et septembre, et répartis en sept circuits de trois à quatorze kilomètres de long. Les sept nouvelles œuvres réalisées cette année seront présentées officiellement ce samedi 13 juillet ; elles sont signées du Chinois Liu Bolin, du Belge Tom Volkaert et des Français Péixe Collardot, Christophe Doucet, Myriam Mechita, Noel Varoqui et Jean-Luc Verna. Rendez-vous est donné à 11 h à Lahaymeix pour l’inauguration officielle, en présence des artistes, de l’édition 2019 de Vent des Forêts, suivie d’un verre de l’amitié et d’un pique-nique assortis de desserts préparés par les habitants. A 17 h, sera dévoilée à Pierrefitte-sur-Aire La Révérence, une fresque monumentale conçue par Noel Varoqui avec les habitants de la commune dans le cadre d’une commande artistique menée par le programme des Nouveaux commanditaires de la Fondation de France – celui-ci permet à des citoyens confrontés à des enjeux de société ou de développement d’un territoire d’associer des artistes contemporains à leurs préoccupations par le biais d’une commande. Pour ceux qui ne pourront pas être de la fête, toutes les informations sur les différents parcours et les œuvres sont à retrouver sur le site du projet. Une application très bien faite, à la fois guide artistique, catalogue des œuvres et source d’informations sur la nature, le paysage et le patrimoine du territoire peut par ailleurs être téléchargée sur l’App Store comme sur Google Play.

Plus près des étoiles, Elodie Boutry.

D’une sculpture l’autre à Ar Milin’. Pour sa 17e édition, la manifestation Jardin des Arts investit comme à son habitude le parc privé d’Ar Milin’, à Châteaubourg en Ille-et-Vilaine, invitant les visiteurs à déambuler parmi une trentaine d’œuvres de six sculpteurs et plasticiens aux univers multiples, qui nouent pour l’occasion des liens complices. Les sculptures en marbre (Bragonium), tout en courbes et sinuosités, de l’Italien Daniele Bragoni dialoguent ainsi avec les Hommes Fossiles en métal de Julien Allègre, surgis d’un temps révolu pour rendre hommage à la vie et à son inhérente fragilité. Un ensemble d’Hommes & Femmes sous socle, taillés dans le bois brut par Nicolas-Vassili Barbé, qui interroge dans son travail notre rapport au monde, répond aux vibrations émanant des pièces en acier galvanisé d’Isabelle Garbil Fauve-Piot (Conscience de l’être), qui en « sculptant » le vide célèbre l’instant présent. Plus près des étoiles est une installation née du désir d’Elodie Boutry de concevoir, de manière inédite, une œuvre sur l’eau. Il en ressort des jeux de lumière et de couleurs graphiques qui entrent en résonnance avec le travail de Pierre-Alexandre Rémy (Echos au chaos), engagé dans une recherche sur les liens entre un objet et l’espace dans lequel il prend place. A noter la présence, sur le parcours, de pièces créées par des élèves de six écoles du territoire dans le cadre d’un projet plastique et pédagogique mené en lien avec le Jardin des Arts au cours de l’année écoulée. Le parc est ouvert jusqu’au 15 septembre en entrée libre et gratuite.

CHEZ NOS VOISINS

Your Uncertain Shadow, Olafur Eliasson, 2010.

Construire la ville du futur avec Olafur Eliasson à Londres. Passer la main à travers un arc-en-ciel, se perdre dans une étrange brume jaune, observer le monde à travers un kaléidoscope géant, caresser un immense mur couvert de lichen ou se laisser absorber par la contemplation de jeux de couleur, d’ombre et de lumière. Telles sont quelques-unes des possibilités offertes par le travail d’Olafur Eliasson, auquel la Tate Modern, à Londres, consacre actuellement une rétrospective. Le visiteur peut « expérimenter », voire « ressentir » – l’artiste a toujours attaché beaucoup d’importance à la participation active du public –, une trentaine d’œuvres créées au fil des 26 dernières années, depuis ses premières installations, telle Beauty (1993), jusqu’à ses peintures, sculptures et photographies les plus récentes. Le parcours débute par une immense vitrine montrant des maquettes et autres travaux préparatoires et se termine par un espace qui réunit des notes, croquis, photos et vidéos visant à faire comprendre le bouillonnement collaboratif qui anime l’atelier pluridisciplinaire de l’artiste islando-danois, aujourd’hui installé à Berlin, comme l’engagement en faveur de questions sociales et environnementales qui le caractérise. « Mon travail s’appuie sur les notions d’éphémère, d’expérience, d’environnement, de développement durable, explique Olafur Eliasson. Il pose la question du corps, de son positionnement, il interroge les notions d’espace public comme de sphère privée. Il est par ailleurs de plus en plus rare de trouver des lieux où nous pouvons nous retrouver ensemble, partager une expérience sans être obligés de penser de la même façon, ni même de voir la même chose ; je suis heureux de pouvoir proposer un espace de débat, d’échanges, et de célébrer le fait que nous sommes différents. » Du 26 juillet au 18 août, sera réactivé le Cubic structural evolution project (2004), une vaste métropole en Lego blancs livrée à l’imagination et aux mains du public, chacun étant invité à livrer à travers elle sa vision du futur.

The Bridge, Tony Cragg, 2019.

L’évident et joyeux détour par Venise. Chaque Biennale de Venise est l’occasion de pérégrinations joyeuses et de découvertes inattendues. A découvrir jusqu’au 24 novembre, la 58e édition de la manifestation se déploie comme à son habitude dans les deux lieux phares que sont les Giardini et l’Arsenale, mais également un peu partout à travers la cité lacustre, qui fourmille par ailleurs de propositions collatérales et d’initiatives privées. Citons, pêle-mêle, la très belle rétrospective consacrée au peintre belge Luc Tuymans au palazzo Grassi, l’exposition collective Future Generation Art Prize, organisée tous les deux ans par la Fondation Victor Pinchuk pour mettre en lumière de jeunes talents internationaux, ou encore le pavillon national islandais, discrètement installé sur l’île de Giudecca et où Hrafnhildur Arnardóttir invite à prendre un réconfortant bain de douceur et de couleurs (notre photo d’ouverture). A ne pas manquer non plus, le dixième anniversaire de Glasstress, un projet de la Fondation Berengo dans le cadre duquel des créateurs de diverses disciplines – musiciens, architectes, plasticiens – sont invités à venir travailler le verre auprès des maîtres verriers de l’atelier Berengo, qui célèbre cette année ses 30 ans. L’exposition 2019, présentée dans une ancienne soufflerie de Murano, revient sur ces dix années de collaborations fructueuses et rassemble pas moins de 60 œuvres, sculptures et installations signées Ai Weiwei, Mat Collishaw, Tony Cragg, Tracey Emin, Jan Fabre, Kendell Geers, Ilya & Emilia Kabakov, Vik Muniz, Prune Nourry, Hans Op De Beeck, Javier Pérez, Jaume Plensa, Laure Prouvost, Thomas Schütte, Wael Shawky et Joana Vasconcelos, pour ne citer qu’eux !

SUR LA TOILE

Pleins feux sur le street art latino-américain. Arte Callejero Latinoamérica (ACL) est le nom d’un projet lancé au début des années 2000, par l’artiste et producteur culturel argentin Ivan Andrada, utilisant Instagram, Facebook et YouTube pour défendre et documenter les arts de la rue à travers toute l’Amérique latine. Le site dédié est en espagnol, mais la plateforme Global Voices a mis en ligne un article sur le sujet en français.

Crédits photos

Image d’ouverture : Chromo Sapiens (détail) © Hrafnhildur Arnardóttir / Shoplifter, photo Elisabet Davidsdottir – Hortillophones © Raphaëlle Duquesnoy, photo Yann Monel – Les terres, miroir du monde © Kôichi Kurita – Nids © Tadashi Kawamata, photo Martin Argyroglo – Out/Elodie © Elsa Tomkowiak, photo Marc Domage – Superflat Museum Sculptures © Takashi Murakami/ Kaikai Kiki Co. Ltd. All rights reserved / Collection Philippe Danjean – Time Capsule © Swoon, photo S. Deman – Fog Sculpture © Fujiko Nakaya, photo Y. Collomb – Prépare ton sac © Raphaëlle de Groot, photo Patrick Beaulieu – La Révérence © Noel Varoqui, photo Vent des Forêts 2019 – Plus près des étoiles © Elodie Boutry, photo Charles Crié – Your Uncertain Shadow © Olafur Eliasson, photo S. Deman – The Bridge © Tony Cragg, photo S. Deman

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