Artificial Dreams au Grand Palais Immersif : dernier appel pour la planète IA !

Chaque soir depuis le 16 mai, l’exposition Artificial Dreams vous transporte sur la planète IA qui prend corps peu avant le coucher du soleil au Grand Palais Immersif jusqu’au 8 juin inclus. Mais pour monter à bord du vaisseau arrimé à l’opéra Bastille et plonger au cœur des douze univers d’artistes augmentés par lintelligence artificielle, le ticket n’est pas gratuit et il est préférable de réserver !

Que nous soyons fascinés, exaltés ou terrifiés par la récente découverte d’une brèche créée dès les années 1950 vers un monde peuplé d’IA, on aura beau légiférer, celle-ci ne se refermera pas. Si elle fascine et cristallise autant de méfiance, c’est que l’intelligence artificielle soulève une fourmilière de questions. L’humanité est-elle prête à appréhender cet outil aux perspectives vertigineuses ? Avons-nous assez de recul et d’éthique pour évaluer la situation ? L’art peut-il nous donner une clef d’entrée pour une meilleure compréhension du phénomène, ne serait-ce qu’une planche pour surfer sur la déferlante ?

Les artistes explorent, testent, poussent dans leurs retranchements et domptent leurs outils. L’art est un parfait laboratoire où l’on peut s’entraîner à tout sans conséquence – du moins le croit-on. Donc si le monde a besoin d’une mise à niveau pédagogique pour accueillir l’IA, montrer le travail d’artistes qui en explorent les limites est une stratégie qui peut s’avérer prometteuse. « Avec la profusion récente doutils de création assistée par IA, le secteur artistique, que lon croyait réservé à lesprit humain nest pas épargné – au contraire – il devient un terrain dexploration davant-garde », relève à propos Charles Carcopino, commissaire de l’exposition et spécialiste des cultures numériques (quand il ne danse pas avec Blanca Li).

MSHR Material – Synoptic Habitat Ring ©Angèle Bouyssoux

C’est ni plus ni moins ce que propose Artificial Dreams, une exploration expérientielle de la création artistique assistée par l’IA et les algorithmes,  une série de plongées immersives et spectaculaires dans les univers de douze artistes ou collectifs dont un programme de projection de 55 minutes en immersion totale dans la « salle modulable » de l’opéra Bastille

Huit œuvres y sont présentées pour leur utilisation spécifique de l’IA :  telle que la spéculation d’images scientifiques avec Quantum Fluctuation de Markos Kay, une œuvre qui offre la vision d’un monde quantique, impossible à observer dans la réalité, réalisée en collaboration avec des scientifiques travaillant sur l’accélérateur de particules du CERN de Genève. Pour n’en citer que quelques exemples, Visual Sounds of the Amazon d’Andy Thomas joue sur l’interaction d’images et de chants d’oiseaux enregistrés dans la forêt amazonienne, tandis que Plane of Incidence de Sabrina Ratté donne vie à un univers onirique à partir d’objets glanés dans les rues de Marseille et Montréal puis modélisés en 3D… Le collectif de portland MSHR explore, lui, les dégradés intuitifs et techniques entre les formes sonores et sculpturales, en utilisant des circuits analogiques et des logiciels open source pour sculpter des hyperobjets en résonance mutuelle.

Daito Manabe – Infinite Vistas.©Angèle Bouyssoux

En deuxième partie d’exposition, vous pourrez vous frotter aux impitoyables Confessional et AI Ego de Mots-AI&Me (notre visuel d’ouverture) qui vous génèrent une identité, une personnalité et une opinion de vous à partir d’un cliché de votre visage pris sur place.

La Venise rêvée d’Iconem (une startup innovante spécialisée dans la numérisation en 3D de sites du patrimoine culturel menacé) vous transportera à Venise dans une projection générée à partir des photos de millions de touristes… A moins que vous ne préfériez un voyage dans le futur avec Niceaunties, qui vous plonge dans un monde surréaliste où chaque être réprimé peut exister librement, ou un retour à la grotte rupestre réinventée par Justine Émard sous le nom d’Hyperphantasia, dans une jolie leçon d’histoire de l’art en mode fictionnel – ne fantasmons pas trop quand même, l’IA ne se nourrit que de ce que l’on sait déjà !

Tryphème & Ulysse Lefort – Lava. ©Angèle Bouyssoux

Mais alors,  « les artistes doivent-ils se méfier de la concurrentielle IA ou doivent-ils la dompter pour en libérer tout le potentiel ? » Personne ne vous donnera ici de réponse. Quoi qu’il en soit, Artificial Dreams présente un beau corpus des possibilités qu’offrent l’IA dans le cadre d’une expérience sensorielle étonnante et plutôt agréable dont les formes lumineuses et colorées en vision 360 ne sauraient, ne serait-ce qu’une heure, laisser vos enfants indifférents. Le large spectre de techniques offertes par l’IA quant à la création d’images permet ici de se faire une meilleure idée de ses possibilités en 2024. Et si l’invasive IA vous fait peur vous trouverez à la Bastille « le palais idéal » pour en apprivoiser quelques phototropiques aspects, en toute sécurité.

Markos Kay, Abiogenesis DR

Informations complémentaires : Artificial Dreams, du 16 mai au 8 juin 2024Grand Palais Immersif, Opéra bastille, 110 rue de Lyon à Paris 75012. 3 soirées par semaine (jeudi, vendredi, samedi) De 19h30 à 23h. Tarif de 10 à 14 euros
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LA DISCUSSION PRÉVUE LE 6 JUIN EST ANNULÉE

Commissariat :  Charles Carcopino avec les artistes et collectifs : Justine Emard, Daito Manabe, le collectif Immersive arts space/ZHdK dirigé par Chris Salter, Iconem et Niceaunties, Marcos Kay, Emi Kusano, Ryoichi Kurokawa, Mots (Daniela Nedovescu et Octavian Mot), MSHR, Sabrina Ratté, Andy Thomas, Tryphème & Ulysse Lefort, et Visual System.

Visuel d’ouverture> Mots-AI&Me – AI Ego de Daniela Nedovescu et d’Octavian Mot, à partir d’un cliché augmenté pris par l’auteure. ©Angèle Bouyssoux

 

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