A la BIS, les oiseaux donnent l’exemple

La Biennale Internationale de Saint-Paul-de-Vence (BIS) a été initiée en 2019 par deux figures de proue de l’art contemporain, Olivier Kaeppelin et Catherine Issert, entraînant dans l’aventure Catherine Ouzé, vice-présidente et pivot de l’événement. Chacun d’entre eux mû par la même motivation : rendre l’art accessible à tous, au visiteur curieux comme au regardeur averti, à l’enfant comme à l’adulte. Et apporter soutien et visibilité aux artistes. L’art offert en partage, généreusement et sans condition. La première édition avait mis en scène des sculptures comme autant d’habitants animant ce village médiéval. La seconde avait donné carte blanche à de jeunes artistes pour qu’ils restituent leur vision du lieu. Pour ce troisième rendez-vous estival, l’exposition se déploie à ciel ouvert comme les précédentes, mais cette fois sous l’égide d’une faune emplumée. Intitulée Au hasard des oiseaux, elle propose un envol pour le merveilleux, à travers un monde de liberté départi de frontières. Un univers poétique à la symbolique illimitée.

Le titre, choisi par les deux commissaires d’exposition Ludovic Delalande et Claire Staebler, emprunte à un poème de Jacques Prévert qui résida à Saint-Paul-de-Vence pendant une quinzaine d’années. Olivier Kaeppelin, président de la BIS, rend hommage au poète : « Ce sont ses mots – Au hasard des oiseaux – qui nous invitent à la découverte, à la rencontre avec vingt œuvres de douze artistes, autant de messagers nous rappelant qu’il est profitable pour l’homme de vivre avec la lumière et la beauté du vol des oiseaux ». Il ajoute, avec cette sensibilité qui lui est propre : « Cette lumière, présente à Saint-Paul-de-Vence, voilà bien des années que les créateurs sont venus la chercher sur notre territoire qui borde la Méditerranée et accueille la montagne dévalant ses pentes vers la mer. […] [La] présence [des oiseaux] fascine depuis des siècles les promeneurs, les ornithologues, les philosophes, les cinéastes, les écrivains, comme les artistes visuels dont les œuvres, à Saint-Paul-de-Vence, sont découvertes par les visiteurs et aussi, comme je veux le croire, par les soixante espèces d’oiseaux dans le ciel des Alpes-Maritimes ». Laissons-nous donc conduire par la brise poétique qui porte leurs battements d’ailes. Et partons à la rencontre des hôtes du parcours.

Anna Hulačová – De la chaîne alimentaire à l’éternité, 2023
Béton, métal, céramique, matériau d’étanchéité

C’est un drôle de volatile qui monte la garde à l’entrée du village et inaugure l’exposition : un coq, l’icône de la France et le symbole de la vie rurale. Mais celui-ci ne chantera jamais au lever du jour. Il est en béton et à taille humaine. Juché sur un radiateur en céramique, il exhibe son appareil digestif, bien en place mais à l’air libre. Pas très glamour, cette première œuvre du parcours mais assurément polysémique car un tuyau s’érige du radiateur. Sur sa hauteur, il se transfigure en tige portant une grosse fleur à tête de chou. Un insecte pollinisateur la butine gentiment tandis que le coq s’apprête à le manger. Il nous faut à l’évidence quelques clés pour saisir les enjeux de cet artefact donnant a priori dans l’absurde. L’application dédiée – remarquablement conçue et téléchargeable gratuitement – nous fournit un premier indice : Anna Hulačová a regroupé ici des questions d’écologie, de production, d’énergie et de ressources. L’artiste nous éclaire : « Cette sculpture surréaliste symbolise le cycle naturel lorsque les différents types d’écosystèmes sont interdépendants et reliés par le tube digestif. Elle fait également référence au problème de l’extinction des insectes pollinisateurs, qui est l’une des causes de l’effondrement de ce cycle naturel. Des pièces en céramique émaillée sont insérées dans le coq, comme une habitation fonctionnelle très spécifique pour les insectes (maison). Elles constituent également le tube digestif du coq. Elles sont visibles sur une moitié du corps, et l’autre moitié du coq est une unité concrète stylisée dans une forme inspirée des cultures populaires qui célèbrent les coqs comme des animaux nobles. Le coq est mon espèce préférée, symbole du mâle et de la ruralité pendant des millénaires. Il véhicule de nombreuses références, par exemple le problème de l’agriculture qui est important pour moi. Dans le coq, j’ai incorporé le thème de l’effondrement de la chaîne alimentaire basé sur le problème de l’extinction des insectes (principalement les pollinisateurs). L’espace vital de tous les animaux d’élevage se réduit au détriment de l’élevage de certaines espèces. En l’occurrence, la volaille. Cette pression symbolique est également liée à la question de l’état actuel des paysages et de la disparition des masses d’insectes – les pollinisateurs -qui sont fortement affectés par l’évolution des modes d’agriculture et le changement climatique. Or, les insectes sont aussi la nourriture naturelle des oiseaux. La chaîne alimentaire est perturbée. Le chauffage symbolise un thème environnemental. Notre dépendance à l’égard du monde animal est identique à notre relation à l’énergie, dont nous dépendons en tant que société et que nous interrogeons de plus en plus […] dans le cadre de la crise climatique et environnementale. Dans cette sculpture, ce thème écologique est symbolisé par le radiateur, qui devient le socle de soutien de la fonctionnalité de notre civilisation, mais qui montre en même temps la transformation de notre dépendance au règne végétal et animal. Ces relations prennent des formes hybrides et surréalistes : le radiateur, qui se transforme en plante pollinisée par un insecte, lequel est censé pénétrer dans le corps de l’oiseau, et accéder à un autre monde, paradoxalement un abri-une habitation ». En bref, le poulet, cloné par l’agroalimentaire. Une volaille qui, dupliquée à l’envi, engloutit l’énergie et déséquilibre nos écosystèmes.

Anna Hulačová, From the Food Chain to Eternity, 2023. Courtesy of the artist and Hunt Kastner gallery Prague. Photo Frédéric Pasquini

John Cornu – Urbicande, 2023
Tubes et modules en acier

Au-dessus de l’auditorium, là où, à midi, la chaleur devient torride, gît une structure orthonormée de facture industrielle. Au mitan du jour, qui s’y pose s’y brûle. Composée de tubes en acier, elle rappelle ces dispositifs hérissés dans nos villes, qui prient manu militari les pigeons, tourterelles et autres colombes d’aller roucouler ailleurs. L’installation évoque les relations autoritaires que nous établissons avec certaines catégories du vivant et la manière dont nous nous approprions l’espace à leur détriment. Par extension, la brutalité de ce dispositif peut nous renvoyer aux mobiliers urbains anti-SDF et aux plots ou pierres placés à l’entrée de certains espaces verts pour en barrer l’accès. Une œuvre comme une critique accrue de notre appropriation du monde. Une esthétique brutaliste et un minimalisme empreint de froideur, face à un pittoresque bastion de Provence. Selon l’application, « il s’agit – entre autres – de nous faire réfléchir à une possible accointance entre un espace dont l’accès serait réservé/proscrit et un espace qui serait d’ordre public, ou plus précisément sur la valeur d’usage de l’espace public et de son partage. Le contexte historique, architectural et sociétal de Saint-Paul de Vence tout comme les usagers du site – humains et volatiles – sont ici pensés comme des constituants plastiques à part entière. Alors, si la référence à l’Art concret ou à l’Art minimal est certes assumée, la présence d’une narration sourde, à laquelle s’ajoute une attitude quasi documentaire, porte nécessairement un éclairage autre sur cette forme sculpturale de prime abord peu bavarde ».

Jean-Marie Appriou, Primordial Soup (flamingo I), Primordial Soup (flamingo II) Primordial Soup (flamingo III), 2023. Bronzes. Dimensions variables

Ce très harmonieux agencement de flamants roses en bronze patiné, en position dominante face au somptueux panorama azuréen, est d’une élégance renversante. Cet artiste breton a pour habitude, à travers ses sculptures, de convoquer l’histoire de l’art et ses savoir-faire traditionnels. Il en expérimente les potentialités et les développe de manière non conventionnelle. Son processus créatif tient de l’alchimie : des figures humaines, animales et végétales émergent du chaos. Et entrent en dialogue, dans un univers merveilleux, fantastique, un rien inquiétant. S’y rencontrent ainsi des divinités égyptiennes, des figures préraphaélites ou des personnages atypiques tenant de la Science-Fiction, du 7e art ou de la bande dessinée. Ici, Jean-Marie Appriou, nous dit-on, « s’intéresse à la figure du flamant rose pour dépeindre l’idée de passage entre les éléments – l’air et l’eau- tels des portes de la perception. C’est avec des pattes extrêmement fines et des palmes exagérément grandes que l’artiste dépeint ces animaux, entre fragilité et puissance. Marchant jusqu’à mi-pattes dans une soupe primitive, ils observent ce magma de vie dont ils sont les témoins privilégiés. Les flamants représentent l’incarnation même d’une animalité qui traverse les âges génétiquement – descendants des dinosaures – mais aussi les continents, guidés par l’attraction magnétique des pôles dans leur quête migratoire ».

Jean-Marie Appriou, Primordial Soup (flamingo I), 2023. Courtesy of the artist and Perrotin. Photo Frédéric Pasquini

James Webb – There’s No Place Called Home, 2004
Audio, arbres, haut-parleurs

Cette intervention s’inscrit dans un projet démarré en 2004 par l’artiste sud-africain qui, depuis, réitère des interventions similaires à l’internationale. Des enregistrements audio de cris d’oiseaux étrangers sont déployés hors de leur environnement local. Ici, en l’occurrence, ils sont disséminés, invisibles, dans certains arbres du village. Ils modifient de manière inattendue le paysage sonore et interpellent le promeneur surpris par ces accords inconnus. C’est par leurs vocalises que les oiseaux délimitent leur territoire et attirent leurs partenaires, mais le chant diffusé par ces œuvres n’interfère pas avec celui des espèces vernaculaires puisqu’il n’est pas connu d’elles. Comme cela nous est confirmé, « il devient un leurre et un message poétique pour le public humain. Un piratage de la nature dans la mesure où le son est mixé pour sonner aussi réel et réaliste que possible. Cette subversion du paysage sonore, qui consiste à utiliser des sons géographiquement déplacés, fait allusion à un monde naturel que nous ne comprenons pas entièrement. D’un point de vue conceptuel, la pièce évoque les thèmes de l’aliénation, de l’exotisme et de la migration, tout en articulant les notions de territoire, d’identité, de diversité et de pouvoir. D’un point de vue ésotérique, il y a la référence à l’Augure : l’ancienne pratique romaine consistant à deviner l’avenir grâce aux oiseaux, ce qui fait de l’œuvre un présage d’événements indéfinis à venir ».

Tadashi Kawamata – Nets in Saint-Paul-de-Vence, 2023
Bois – Dimensions variables

Quatre installations de Tadashi Kawamata, suspendues comme des filets dans les arbres, sur les arcades, en haut de la haute Tour de la Collégiale ou autour de la Tour à Machicoulis, créent la surprise. Quelle espèce de volatile peuvent bien abriter ces nids gigantesques réalisés par un assemblage de bois de récupération ? Comme pour toutes ses œuvres, l’artiste les a conçus in situ, en fonction de ses ressentis face aux particularités du lieu. Éphémères, ils sont suspendus à leur support sans clou ni vis, grâce à une technique d’accrochage complexe, et ne l’altèrent en rien. Du haut de leur promontoire, ces nids orientent notre réflexion vers des questions écologiques, comme le réchauffement climatique ou les catastrophes naturelles. La perspective de leur démontage et de leur disparition renforce leur puissance d’évocation : tels des SOS. en forme de métaphores, ils semblent lancer de leur hauteur un signal d’alarme silencieux sur la fragilisation de la biodiversité. Comme il nous est précisé, « ces nids, aux formes organiques, légères et hors du temps, contrastent avec les constructions architecturales médiévales massives du village. Poétiques et mélancoliques, ils évoquent les oiseaux, allégories de la liberté, qui tendent aujourd’hui à disparaître de nos villes et à s’éloigner des hommes, s’érigeant alors comme le symbole d’une nature à préserver et à protéger. Nests in Saint-Paul-de-Vence invite donc les oiseaux à revenir et à réélire domicile dans la ville ».

Xavier Veilhan, L’Oiseau n°3, 2021 Courtesy of the artist and Perrotin. ©Xavier Veilhan, Adagp Paris 2021. Photo Frédéric Pasquini

Xavier Veilhan – L’Oiseau n°3, 2021.
Aluminium, peinture polyurethane, inox

Cette sculpture figurant un oiseau bleu à la sobriété magistrale restera dans certaines mémoires comme l’une des œuvres les plus marquantes de ce parcours. D’une stature démesurée, il éblouit par le jeu de lumière qui se tient entre ses facettes bleu indigo et l’azur du ciel méditerranéen. Perché au-dessus d’une arcade des remparts, il nous en impose avec son allure hiératique, saisie sur le vif. Son traitement formel évoque le dessin industriel et le design. Son échelle surdimensionnée nous contraint à une lecture différente de ce qui, ailleurs, ne serait qu’un élément du banal. Ses lignes épurées à l’extrême annihilent toute différenciation d’espèce. Le guide virtuel commente : « En combinant les formes multiples de passereaux, apparaît une forme générique de l’oiseau. Elle témoigne de la puissance de notre imaginaire collectif et de ses liens indéniables avec le langage : le mot “oiseau” définit à lui seul l’image et limite l’espace. L’œuvre comble l’espace mental du mot “oiseau” pour celui qui l’imagine ». Sujet récurrent dans le travail de Xavier Veilhan depuis la fin des années 1980, les oiseaux l’interpellent par leur proximité avec nous. Et ses recherches sur les formes archétypales sont illustrées par cette représentation qui ne retient que les lignes essentielles. Cette œuvre s’inscrit dans une suite d’objets-animaux, des pièces comme le Rhinocéros ou le Requin : « Une articulation entre le vivant et une transcription numérique, à la fois rigoureuse et arbitraire. Comme pour le Rhinocéros et sa couleur rouge rappelant la production d’une carrosserie de voiture, la forme et l’aspect artificiel de L’Oiseau n°3 sont traités de manière à être en contraste avec son caractère originel et sa forme naturelle ». Xavier Veilhan nous offre les mots de la fin : « Les objets que je crée sont plus un dispositif visuel qu’ils ne sont une fin en soi. C’est la différence entre regarder une paire de lunettes et regarder quelque chose à travers une paire de lunettes. »

Giulia Andreani – Tsvi-Tsvi, 2023.
Laine, coton, acrylique et polyester

Très émouvante, cette grande tapisserie occupe l’espace d’une petite chapelle en bas du cimetière, celui-là même où repose Marc Chagall, endroit paisible s’il en est. Cette œuvre réalisée par Giulia Andreani pour la BIS rend un hommage poignant à Rosa Luxemburg. Elle y est représentée enfant, entourée de ses amies ailées, les mésanges charbonnières. Cette composition renvoie aux échanges épistolaires et « au destin tragique de l’une des femmes les plus courageuses du XXe siècle en Europe. Inspirée d’une photographie d’archive de la fin du XIXe siècle, l’artiste a préalablement réalisé un portrait à l’acrylique sur toile, retravaillé ensuite en tapisserie. Dans ce tissage jacquard, un masque étrange, dont la géométrie rappelle celle d’une cage, contraste avec la texture de la laine reproduisant les gammes chromatiques bleutées du portrait », effectué par l’usage du seul bleu de Peyne. « Le masque est réalisé dans une matière duveteuse qui évoque une cage à oiseau mais également un espace domestique » L’artiste s’est inspirée des lettres que Rosa Luxemburg écrivit en prison. Elle y décrivait ce qu’elle apercevait depuis sa cellule : un morceau de paysage, des nuages, des oiseaux, des insectes. Ces écrits témoignent d’un courage hors du commun. « Entre les murs de la geôle berlinoise où elle veut se tenir comme Goethe “ au-dessus des choses ”, “ le désastre général est beaucoup trop grand pour qu’on se lamente à son sujet ”, ce panthéisme tranquille est un recours, et le chant du coq, dans la cour, un enchantement. Tout porte à la désolation. “ Ou que l’on tende la main, on ne trouve que des branches pourries ”. Mais l’épistolière sensible fait aussi entendre à ses correspondants les mésanges charbonnières qui font ce “ tsvi tsvi ”,qu’elle imite si bien pour les faire venir, surtout l’une, “ son amie ”, qui l’accompagne pour la promenade quotidienne, sautillant sur la neige. Et dans une lettre plus sombre adressée à Mathilde Jacob elle notera : “ Sur ma tombe, comme dans ma vie, il n’y aura pas de phrases grandiloquentes. Sur la pierre de mon tombeau, on ne lira que deux syllabes : “ tsvi tsvi ”. C’est le chant des mésanges charbonnières que j’imite si bien qu’elles accourent aussitôt ”. Longtemps après, Tvsi-tvsi, dans ce lieu de mémoire et d’apaisement, chante encore, en résonnance avec la sensibilité de Giulia Andreani. Et la gaité lénifiante de ce chant nous émeut et nous enchante.

Giulia Andreani, Tsvi-Tsvi, 2023. Coutesy Galerie Max Hetzler Berlin Paris Londres. Adagp Paris 2023. Photo Frédéric Pasquini

Les autres œuvres présentées ici nécessiteraient assurément d’être également décrites. Petrit Halilaj, Katia Kameli, Alex Ayed, Diana Thater et Caroline Mesquita proposent eux aussi des évocations singulières du monde des oiseaux. Mais le temps et l’espace nous sont comptés. C’est la fin du voyage, le retour dans le monde des humains. Sur le point de quitter ce village inondé de lumière, nous reviennent à l’esprit les vers du poète :
Les oiseaux donnent l’exemple,
exemple les plumes les ailes le vol des oiseaux
exemple le nid les voyages et les chants des oiseaux
exemple la beauté des oiseaux
exemple le cœur des oiseaux
la lumière des oiseaux.
Jacques Prévert – Au hasard des oiseaux.

La lumière des oiseaux, magnifiée par la douceur étincelante de celle de Saint-Paul-de-Vence. Et par l’art. A moins que ce ne soit l’inverse.

Alex Ayed, Untitled (Beit el hmam II) Untitled (Beit el hmam III). Courtesy of the artist and Galerie Balice Hertling. Photo Frédéric Pasquini

Contact> Biennale Internationale de Saint-Paul-de-Vence, 3e édition Au Hasard des Oiseaux, du 3 juin au 1er octobre 2023. Association BIS 5, rue des Doriers 06570 Saint-Paul-de-Vence

Image d’ouverture> Tadashi Kawamata, Nests in Saint-Paul-de-Vence, 2023. Courtesy of the artist and Mennour Paris. Photo Frédéric Pasquini