St-Art ouvre ce soir les portes de sa dix-huitième édition. La foire internationale d’art contemporain de Strasbourg réunit pour l’occasion plus de 80 galeries, dont 23 établissements étrangers* venus d’Europe et du Japon. Peinture, sculpture, photographie, estampes, art verrier ou encore vidéo seront présentés sur les stands, mais aussi lors d’expositions et d’événements spécifiques ou parallèles à la foire. L’occasion, notamment, de découvrir le singulier projet Par Avion, conçu il y a deux ans dans le cadre du jumelage entre Strasbourg et la ville américaine de Boston.
En 1960, Strasbourg et Boston devenaient officiellement « jumelles » sous l’impulsion du chef d’orchestre strasbourgeois Charles Munch. Pour célébrer le cinquantième anniversaire d’un rapprochement source d’une coopération nourrie et d’échanges fructueux, les deux villes ont initié Par Avion, un projet culturel inédit coordonné conjointement par l’artiste américaine Anne Farbush et le plasticien français Alain Eschenlauer. De chaque côté de l’Atlantique, vingt-cinq créateurs ont tout d’abord été conviés, à l’été 2011, à concevoir une œuvre sur papier d’un format unique (40,5 x 51 cm). L’ensemble terminé, toutes les pièces furent photographiées avant d’être envoyées par avion vers Boston, pour les œuvres créées à Strasbourg, et vice-versa. « Elles furent ensuite réparties de façon aléatoire entre nos cinquante artistes, explique Anne Farbush dans le catalogue dédié au projet et publié en 2012. Chacun ajoutant une nouvelle couche visuelle à celle d’origine. » Le résultat revêt la forme d’une série de travaux à quatre mains, de « cadavre exquis » picturaux souvent emplis d’humour et de poésie. « Certaines des œuvres montrent le “dialogue visuel” qui s’est installé entre deux personnes étrangères l’une à l’autre, tandis que d’autres présentent des couches si denses qu’il devient impossible de distinguer ce qui les précédait », précise encore l’artiste bostonienne. « Après avoir demandé aux artistes d’incorporer à leur travail des marques, des matériaux ou des compositions éloignés de leur propre “vocabulaire visuel”, un sentiment unanime s’est fait jour : cette démarche obligeait chacun d’eux à repousser ses limites artistiques. »
« Il peut être difficile pour un plasticien de partager son espace de jeu graphique, constate pour sa part Alain Allemand, l’un des participants strasbourgeois. Et tout aussi difficile pour lui d’entrer dans l’espace d’un autre : questions d’intimités, de styles, de techniques et de mondes. (…) Mais, dans tous les cas, c’est l’esprit ludique et le principe même de l’échange qui sont restés au centre de la démarche : confrontations, défis, découvertes, pirouettes… En changeant et bousculant les règles pour continuer à faire jouer et bouger les lignes. »
C’est le fruit de cette aventure collective, de ce melting-pot culturel, que propose de découvrir l’exposition The Par Avion Project, présentée pendant la durée de St-Art.* Les 23 galeries étrangères viennent d’Allemagne, de Belgique, d’Espagne, de Grèce, d’Italie, du Japon, du Luxembourg et de Slovaquie.
Carte blanche l’Artothèque
Depuis plus de dix ans, le Département des arts plastiques de la Ville de Strasbourg anime un stand sur St-Art intitulé « Carte blanche à … » et destiné à mettre chaque année en avant un aspect particulier de l’action culturelle dans le domaine des arts visuels. L’invitée de cette édition 2013 est l’Artothèque, créée il y a trois ans afin de contribuer à sensibiliser le grand public à la création contemporaine, tout en constituant un fonds d’œuvres – d’artistes émergents comme internationalement reconnus – destiné au prêt. « Il s’agit de permettre un accès simple et direct à l’œuvre d’art aussi bien mental que physique », rappelle la coordinatrice du projet Madeline Dupuy-Belmedjahed dans Strasbourg Magazine daté de novembre. Une quarantaine de pièces du fonds – fort de quelque 600 estampes, photographies et dessins – sont ici exposées. Plusieurs événements organisés sur le stand ponctueront par ailleurs les quatre jours de la foire : une performance de Nathalie Savey, La terre tout entière visible, est notamment programmée samedi à 18 h. Toute la journée de dimanche, il sera possible d’emprunter une œuvre directement sur place*.
* A condition d’être inscrit dans le réseau des Médiathèques, d’être détenteur d’une carte PASS’relle Multimedia et d’apporter sa pièce d’identité ainsi qu’une attestation d’assurance responsabilité civile à jour, même si déjà fournie à l’Artothèque. Le prêt dure deux mois.