De ses peintures au fond lumineux, brun, gris ou ocre, émergent des visages au tracé flou et incertain. Silhouettes évanescentes, personnages oniriques et ombres fantomatiques évoquent une délicate apparition ou, qui sait ? une lente désagrégation. Leur présence n’en est pas pour autant altérée, mais rendue aussi indéniable que bouleversante par la métamorphose qui opère. Marc Perez a vraisemblablement puisé dans son expérience professionnelle – l’homme fut médecin anesthésiste avant de s’engager en peinture –, une rare et singulière intuition de l’humain, une approche et une compréhension peu commune des sentiments variés et subtils qui nous sont propres, de la vulnérabilité et de la fragilité qui nous caractérisent.
Parallèlement à sa démarche picturale, qu’il déploie sur toile, zinc, bois ou papier l’artiste a commencé à explorer, il y a quelques années, les ressources multiples de la sculpture. Voici surgis d’on ne sait quel monde ancien des êtres effilés, voire effilochés, montés sur des jambes improbables, étirées, bien trop longues et frêles pour soutenir le poids de leur charge – ou de leur fardeau. Au cou, souvent, un large anneau, parure ou témoignage de liberté aliénée. Ils avancent, pourtant, tentant de préserver envers et contre tout leur précaire et vital équilibre. Corps comme en surplomb, en équilibre périlleux, suspendus dirait-on, dans leur avancée par quelque sortilège, emprisonnés dans leur élan.
Deux expositions sont simultanément consacrées à l’œuvre de Marc Perez. La première se déroule à Poitiers et la seconde à Sceaux, dans le cadre d’un événement collectif. Y sont présents Fabien Claude et Philippe Croq, deux peintres français qui, s’appuyant également sur le corps, dans son entièreté ou fragmenté, évoquent à travers leurs toiles les thèmes du temps, de la perte et de l’effacement.