Frac Limousin – Sous les rayons de Man Ray

En 2002, le Frac Limousin présentait une première réflexion sur les relations entre photographie et sculpture sous-titrée « rayogrammes, sténopés », qui se poursuit cet été avec L’exposition rayonnante. Cette proposition, nourrie par une recherche iconographique poussée, prend sa source chez Man Ray, un des grands inventeurs de la photographie au XXe siècle. Dans les salles voûtées du Frac s’engage un dialogue entre les clichés du maître et d’autres signés par des artistes contemporains. Dans un silence d’église, les visiteurs vont de clin d’œil en découverte, de surprise en étonnement. Il en est ainsi face aux photogrammes de Pierre Savatier, règles fantastiques comme frappées par la foudre de Zeus ! Le photogramme est une photographie réalisée sans appareil photo. Le papier photographique (noir et blanc ou couleur) est directement éclairé alors que les objets sont placés devant ou en contact avec lui. Cette photographie archaïque ne possède pas de film matriciel et ne permet donc pas de tirages multiples. Par ailleurs, le format des œuvres est lié à la taille des objets utilisés, cette technique ne permet pas d’effectuer d’agrandissement. La lumière révèle et brûle à la fois, les objets se transcendent dans une incandescence parfois aveuglante laissant la place à une œuvre sensationnelle et singulière. A quelques arcades de là, attend un « porte-bonheur » signé Scoli Acosta : Une coccinelle dans son milieu naturel ! Cette photographie de 2008 révèle le travail de l’artiste. Entre humour et scénarisation, il raconte des histoires dans lesquelles la place de l’objet, ici une voiture, reste libre. Est-il accessoire du décor ou acteur de la scène ? Peu importe, l’effet garanti est un large sourire et une image persistante au fond de notre rétine. Pas très loin, un espace est réservé aux Polaroïds de William Wegman. L’artiste qui baptisa « Man Ray » son premier chien modèle est l’auteur d’une célèbre série de clichés où le meilleur ami de l’homme prend la pause. Entre comédie et tragédie, Balloon Dog fixe le visiteur d’un regard atterré l’empêchant dans la foulée d’esquisser une plaisanterie. Parmi les autres œuvres intéressantes de cette exposition rayonnante, Les Animaux en voie de disparition de Michel Blazy et le scanachrome noir et blanc de Joachim Mogarra restent en mémoire. Avant de retrouver la lumière des rues de Limoges, une dernière halte devant l’étonnante vidéo de Peter Fischli & David Weiss. Un voyage au cœur de Kanalvideo qui progressivement transforme le tunnel en artère, le construit en organique, la visite en exploration. Il suffit de se laisser bercer.

GALERIE

Balloon Dog

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