Les grands noms et les records de ventes étaient au rendez-vous lors de la session de février des ventes aux enchères à Londres dans les deux grandes maisons Sotheby’s et Christie’s. La reprise est bien là même si les prix de vente n’ont pas retrouvé les niveaux de 2008.
Au lendemain des ventes londoniennes qui ont eu lieu mi-février, aussi bien chez l’américaine Sotheby’s que chez l’anglaise Christie’s, le ton était catégorique : il n’y a plus de doute, la reprise est là. Francis Outred, le responsable des ventes d’art d’après-guerre et d’art contemporain chez Christie’s Europe, estime dans le communiqué publié par la maison de ventes que cette session « a montré que non seulement la confiance est revenue sur le marché de l’art mais aussi qu’il y a un réel appétit des collectionneurs internationaux pour l’art d’après-guerre et contemporain (…) ». Cheyenne Westphal, le président de la branche Europe de Sotheby’s pour l’art contemporain enfonce le clou : « L’excellent taux de ventes, la puissance des enchères, particulièrement lors de la vente de la collection Lenz et les prix élevés constatés lors de cette vente, sont un signal clair d’une confiance revenue. »
On avait déjà entendu des déclarations en ce sens il y a quelques mois, mais elles relevaient alors en partie de la méthode Coué afin de donner un coup de pouce au marché. Désormais, les chiffres sont là pour corroborer ces paroles.
« Nous avons vendu plus de la moitié des lots au-delà de leur estimation et parmi ces ventes, sept concernent des œuvres majeures. De plus, neuf pièces ont été adjugées au-delà du million de livres. Ce qui revient à dire que nous avons déjà surpassé les chiffres réalisés lors des trois ventes de l’an passé à Londres », affirme Francis Outred. Chez Sotheby’s, cette vente n’est rien moins que « la plus importante en valeur jamais réalisée à Londres », selon Cheyenne Westphal.
Belle performance pour François Morellet
Parmi les 47 chefs-d’œuvre de la collection Sammlung Lenz Schönberg dispersés à Londres le 10 février par Sotheby’s – des œuvres de Peter Doig, Gerhard Richter, Frank Auerbach, Lucian Freud, Andreas Gursky qui ont souvent dépassé le million de livres – deux œuvres du peintre français, François Morellet, précurseur du minimalisme, ont particulièrement bien tiré leur épingle du jeu. Elles ont été adjugées près de trois fois leur estimation haute. Il s’agissait d’une toile recouverte de trois grillages superposés, vendue 145 250 livres (estimée entre 25 000 et 35 000 livres) et d’une huile sobrement nommée 32 rectangles, cédée pour 109 250 livres (estimée entre 25 000 et 35 000 livres).
Richard Prince et Damien Hirst se font voler la vedette
Les œuvres des deux artistes portés aux nues pendant la dernière décennie trouvent toujours preneur à des prix plus que respectables. Mais dans un marché encore prudent, les acheteurs ont tendance à préférer, soit les valeurs sûres comme Yves Klein – son Relief Eponge a atteint 5 865 250 livres, le top de la vente londonienne de Christie’s –, soit des œuvres un peu plus abordables. Ainsi, Daemon, une toile de Damien Hirst réalisée en 2007, s’est adjugé 313 250 livres chez Christie’s, soit le bas de sa fourchette d’estimation qui affichait entre 300 000 et 400 000 livres. Quant à la Very Private Nurse (2003) de Richard Prince, qui s’est vendue à 1 720 250 livres, elle reste en dessous de son estimation haute fixée à 1 800 000 livres. Chez Sotheby’s une peinture de Damien Hirst – The Bowl of Hygeia and the serpent of Epidaurus – a même été cédée en dessous de sa valeur, soit 27 500 livres alors qu’elle était estimée entre 30 000 et 40 000 livres.
Gunther Uecker continue à battre des records
Alors qu’il venait tout juste de passer un cap avec la vente record de son Energetic Bilds Feld, adjugé 444 750 euros à Paris en décembre, l’artiste allemand Günter Uecker s’offre un nouveau record et s’approche de l’enchère millionnaire. Haar Der Nymphen, huile sur toile marouflée sur panneau et clous, a été adjugé 825 250 livres (soit 937 981 euros) lors de la vente organisée à Londres par Sotheby’s le 10 février. Ce qui représente plus de huit fois la fourchette basse de son estimation (entre 100 000 et 150 000 livres).