Conversation avec Fabien Mérelle

Il était une fois… l’histoire d’un artiste et d’un média qui se sont rencontrés alors que le premier était tout juste diplômé des Beaux-Arts de Paris et que le second n’était même pas encore en ligne ! Depuis ce premier dessin longuement observé à Mulhouse en 2007, il s’en est passé des choses. Le jeune homme est devenu un artiste confirmé et apprécié du public. Le média, lui, s’est inscrit durablement dans le paysage de l’art contemporain. Tous deux ont cheminé de concert. Expo après expo. Discussion après discussion. Article après article. Certaines œuvres créent des liens qui se transforment en compagnonnage. Présentée régulièrement à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Hexagone, celle de Fabien Mérelle témoigne à la fois des préoccupations plastiques et de la vie de l’artiste. A partir d’événements singuliers, elle extrapole les interrogations fondamentales de l’être humain. La filiation, l’amour, la solitude, la mort… occupent la feuille blanche comme autant de réflexions agitent l’esprit. Pour fêter ses 10 ans, ArtsHebdoMédias vous propose de passer un moment avec celui qui, depuis peu, dessine sur des pierres.

Stone of Madness, Fabien Mérelle, 2018.

Tours. Eté 2019. Dans une simultanéité presque parfaite, chacun de nous arrive par une porte différente dans le hall d’accueil du Centre de création contemporaine Olivier Debré. L’exposition dans laquelle nous avons décidé d’avoir cette conversation anniversaire est à l’étage. Mais Fabien Mérelle m’entraîne sans plus attendre… au rez-de-chaussée ! Car, toujours, il est essentiel de découvrir le travail des autres. Une fois dans la salle consacrée à l’installation vidéo de Nikolas Chasser, le dessinateur se lance dans une description aussi enthousiaste que précise de l’œuvre. Il était au vernissage et a pu discuter avec l’auteur. Ni une, ni deux, mais trois ! Seulement après avoir visité Zigzag des frères Quistrebert et The Resting Thought d’Alicja Kwade, il consent à monter l’escalier. Abri, pierre, bois, encre, papier, le titre désigne, des plus récents aux plus anciens, les matériaux affectionnés par l’artiste.
L’espace d’exposition se termine là où il commence. Tel le rempart d’un donjon, ce couloir aux angles droits se déploie tout autour de ce que l’on imagine être la partie supérieure d’une des salles d’en bas. Comme mis en orbite, le visiteur a tendance à se satelliser. Le premier tour est presque machinal, provoqué par la disposition des lieux. Le suivant sert à entrer dans le détail. Les autres sont jubilatoires. Comme autant d’images extraites d’un même film, les dessins révèlent à chacun une histoire et à chaque tour, une autre encore. Pour la plupart prêtés par des collectionneurs français, ils ont été réalisés ces 10 dernières années. Au sol, une nouveauté. Des pierres dessinées. Elles sont en tuffeau, roche traditionnellement utilisée dans la région pour tous types de constructions. « J’ai eu envie d’inviter dans cette exposition mon environnement quotidien. Cette roche est le témoin de ce que je vis ici. Elle compose tant les murs de ma maison que le paysage des bords de la Loire. » Difficile à croire, mais le trait est tout aussi précis que celui qui fréquente habituellement le papier. « J’ai dessiné à l’alcool directement sur la pierre. Une fois le liquide évaporé, il ne reste plus que le pigment. Dessiner de la sorte est extrêmement agréable et réjouissant. Contrairement à l’aquarelle qui demande tout un tas d’étapes très longues pour arriver au résultat, cette technique est plus légère, plus rapide. Un dessin peut être réalisé en moins d’une journée, au lieu d’une semaine. Ce qui change drôlement la problématique. » Une dizaine de pierres portent ainsi la marque de l’artiste.

Fragment (série), Fabien Mérelle.

Pour la première fois, il n’est pas acteur mais observateur de la scène. Seuls ses enfants sont présents. Bras décollés du corps comme pour garder l’équilibre ou jambes écartées comme pour franchir un vide. Simplement accompagnées d’ombres effilées ou ramassées, les silhouettes expriment la concentration du jeu. Ces moments où l’être est entièrement absorbé par ce qu’il fait. Ces instants tant investis qu’ils n’offrent qu’une unique option au temps : disparaître. Le dessin flotte à la surface de la pierre comme il l’a si souvent fait sur la feuille. Ce goût pour l’inscription du personnage dans l’immensité est né en Chine. En 2002. Fabien Mérelle a été le premier étudiant occidental à séjourner à l’Ecole d’art chinois. Incité à abandonner la plume pour le pinceau, il n’a jamais oublié les leçons de ses maîtres et les sensations picturales éprouvées dans les montagnes du Shanxi. A Tours, une nouvelle étape est franchie. Ce n’est plus le dessin qui fait naître le volume, mais la pierre qui le lui insuffle. Après l’avoir mis en espace à travers la sculpture, l’artiste a décidé de le combiner à une matière vivante. « Les pierres ont déjà une forme, une force. Je viens juste essayer de dialoguer avec elles en y imprégnant mon dessin. Je les ai nommées fragments, mais j’aurais tout aussi bien pu les appeler témoins. Témoins de ce qui se passe là où elles sont. » Travailler ainsi permet également à l’artiste d’occuper l’espace totalement différemment. « Je peux oublier le mur, créer des conversations. »
Est-ce un premier pas vers une pratique en extérieur ? Une légère perplexité passe sur son visage. Sur une île, il y a une pierre. Elle est énorme, impossible à transporter. Pour la visiter il faut s’armer de patience et d’endurance. Il a envie d’y dessiner. Personne ne viendra jamais jusque-là, alors le projet l’attire. Et se saisir d’un mur inconnu ? « Pour l’heure, je ne me sentirais pas légitime. Mais peut-être qu’un jour je le ferai. Qui sait ? J’aime par-dessus tout l’idée d’emmener la pierre dans l’atelier, de vivre avec elle, jusqu’au surgissement de l’image. J’ai vécu pendant trois mois avec celles de l’expo autour de ma table de travail. Jusqu’au moment où j’ai projeté un tas de photos sur elles pour voir. C’était hyper intéressant. Je pouvais avoir plusieurs plans, sortir de la fixité de la page blanche et aussi de la compréhension parfaite du dessin. Il est alors possible de ne raconter qu’une partie de l’histoire. La pierre vient dire le reste. » Difficile de ne pas évoquer le geste des hommes des cavernes. « Je m’intéresse beaucoup à ce sujet. Ce que nous connaissons, c’est ce qui a été préservé dans les grottes. Et nous en avons déduit que nos ancêtres ne dessinaient que dans des lieux abrités. Mais ils ont probablement peint un peu partout. C’est du moins ce que l’on peut déduire des gravures retrouvées à ciel ouvert ou des dessins inscrits sur de petites tablettes. Il y a même des portraits ! Il paraît évident que nous n’avons accès qu’à une infime partie de ce qui a été produit. »

Installation signée Fabien Mérelle au CCC OD.

Entre deux murs peints en noir, d’imposants branchages occupent l’espace et servent de cimaise à un dessin encadré. Une jeune femme, épaules et pieds dénudés, porte une robe ample. C’est Estelle, l’épouse de l’artiste. « Je n’ai jamais eu de concept de dingue à défendre ! Mon travail est la chronique d’un homme ordinaire, qui parle du désir, des peurs, des sentiments et d’un certain rapport à la nature. Les branches viennent des rives de la Loire. Elles entourent la représentation de ma femme enceinte. Ce n’est pas anodin. Probablement la matérialisation de l’envie que j’ai de la protéger. Cette installation est née d’un besoin d’aller plus loin que le dessin. En voyant celui-ci accroché au mur d’une expo à Los Angeles, j’ai eu le sentiment qu’il n’était pas terminé, qu’il fallait en poursuivre la narration. Le rapport que j’entretiens avec les images que je crée est quasi-animiste. Elles sont vivantes et je me dois de les faire exister en dehors du cadre. Ici, le dessin se poursuit grâce à cette ombre qui vient traverser la feuille, s’offre ou disparaît en fonction de l’angle que le visiteur adopte. » Il y a quelque temps, Eric Degoutte, directeur du Centre d’art des Tanneries, faisait observer à Fabien Mérelle que les branches, souvent présentes dans son travail, pouvaient être observées comme une métaphore du squelette de l’artiste. « En effet, la nature dans mes dessins est toujours liée au corps humain en général et au mien en particulier. Chacun essaie de construire sa cabane comme il peut, avec les moyens dont il dispose. Il s’agit de construire un abri pour sa famille, mais aussi de se construire soi. »

Dessin signé Fabien et Laura Mérelle.

De l’utilisation du tuffeau et du bois flotté de la Loire naît le sentiment que l’environnement pénètre l’œuvre par une assimilation progressive de certains de ses éléments physiques, que peu à peu l’artiste fait corps avec le territoire. « Je suis installé à Tours depuis 11 ans. J’ai mis du temps à m’y habituer. Estelle dit que je suis extrêmement sensible à ce qui m’entoure, de la forme des bâtiments à celle des feuilles. Dès que je m’éloigne, je suis immédiatement dépaysé. J’ai dû faire des tours et des tours, à pied, à vélo, pour m’approprier ce paysage. Pour en faire le refuge qu’il est devenu aujourd’hui, ce lieu où je fais grandir mes enfants et où je me sens chez moi. » Les dessins choisis pour l’exposition témoignent ainsi de l’adhésion progressive de l’artiste à sa région d’adoption et racontent le chemin parcouru à sa rencontre.
Gentiment délimité par une marie-louise, un dessin nous fait de l’œil ! On y voit Fabien en pantalon de pyjama rayé et tee-shirt blanc surpris par un orage. Dessiné à l’instinct, sans aucun souci du détail, ce dernier ne peut appartenir au trait de celui qui a croqué le personnage. « Un jour, Laura est revenue de l’école avec un dessin représentant un bonhomme sous des nuages et de la pluie. Je lui ai demandé : “Qui est-ce ?” Et elle a répondu : “C’est toi !” » L’artiste demande alors à sa fille d’intervenir sur un de ses dessins. Car c’est évident, elle fait beaucoup mieux les nuages et la pluie que lui ! Un autre jour, alors qu’elle sait que son père prépare une exposition, elle lui offre un dessin d’une maison avec un arbre, un soleil, des oiseaux et lui demande de la dessiner sur ses épaules. « Tu nous mets là », lui précise-elle en désignant l’emplacement à combler. « A travers le dessin, elle me dit des choses. » Au CCC OD, le caractère très intime de l’œuvre de Fabien Mérelle prend une autre dimension. Elle est sur ses terres, à deux pas de l’endroit où elle est née et où vivent ceux qui l’habitent. L’exposition n’est plus simplement un message adressé à l’extérieur, à des gens inconnus qui s’empareront à leur guise des scènes proposées, mais elle a également été pensée pour ceux dont elle dépend et qui en constituent la substantifique moelle.

Maison Jaune, Fabien Mérelle, 2018 et 1985.

« Je vais accueillir la classe de ma fille. Il fallait bien que ça arrive un jour ! Ses camarades vont la voir dans les dessins. » Ce n’est pas neutre. Quoi leur dire ? « Je vais essayer de leur expliquer qu’il n’y a là rien d’extraordinaire. Pour nous dessiner, c’est converser. L’expression artistique est un mode de communication comme un autre, à la portée de tous. Cette exposition est l’équivalent de ce qui se passe en classe quand un instit’ affiche les meilleurs dessins de ses élèves. Je vais leur rappeler qu’avant l’écriture, il y a le dessin et qu’il n’est pas nécessaire d’abandonner l’un pour l’autre. La parole, le dessin, l’écriture sont des moyens pour raconter des choses aux autres et à soi-même. » Et l’artiste d’expliquer que si le petit garçon qu’il était a grandi, il demeure présent aujourd’hui. C’est son procédé qui continue à être employé : un personnage dans son environnement : « Moi avec papa, moi avec maman, moi avec mes frères et sœurs… C’est exactement ce que je fais ! Même si la technique est différente. Elle a mué comme une voix. » Les préoccupations aussi, d’ailleurs. Avec les responsabilités. Mais revenons à cette enfance fondatrice. Ne faudrait-il pas se souvenir que quand il était en primaire, tous les samedis, lui et son père faisaient ensemble un dessin ? « Il m’accompagnait. C’était un partage. Je ne sais plus si c’est moi qui lui ai demandé, mais je sais qu’il a toujours aimé dessiner, même s’il n’a jamais envisagé une carrière dans cette voie. Je ne pense pas que l’on puisse parler de démarche artistique, plutôt d’une manière légèrement autre d’appréhender le monde, une logique propre qui permet d’aborder les choses sous un angle différent. » Propos confiés à ArtsHebdoMédias en 2013.

Fabien Mérelle au CCC OD à Tours, en juin 2019.

Nous revoilà devant les pierres dessinées. La conversation elle aussi opère une révolution. « Il ne m’a fallu que dix jours pour les réaliser toutes. C’était très agréable, mais il ne faudrait pas opposer cette technique à celle de la feuille, penser que d’un côté il y aurait une lenteur laborieuse et de l’autre une rapidité jouissive. Mettre du temps à faire un dessin, c’est surtout retrouver dans le détail ce qui l’a provoqué, ce qui a été ressenti. Il n’y a pas de souffrance à cela mais du plaisir. Dessiner sur la pierre me permet d’éprouver les choses différemment et de poursuivre ma réflexion sur le volume. J’ai fait tout un tas de tentatives pour extraire le dessin. Sans trouver forcément LA solution. Ce matin, je me disais que j’aimerais dessiner sur une pierre un visage qu’ensuite j’érigerais sur un corps de bois. » Coûte que coûte, Fabien Mérelle veut faire exister le dessin. Toujours. Le bois comme la pierre sont des matières vivantes. Additionner la vie, additionner les histoires, voilà le ressort.
Mais introduire une technique plus véloce n’est-ce pas aller vers plus de spontanéité ? « En fait, non. Dans tous les cas, la réflexion se fait toujours en amont. La conception, le désir de l’image, sont presque aussi importants que le dessin. Quand je l’exécute, tout est déjà en place. La seule chose qui puisse arriver à cette étape, c’est l’irruption d’une nouvelle envie. » Envie qui peut-être mettra plusieurs années à prendre corps. Comme Stone of Madness exposé dernièrement à la galerie anversoise Keteleer, qui est le fruit d’un photomontage réalisé en 2011. A chaque expo qui se présentait, l’artiste ambitionnait de le réaliser, mais la technique nécessaire lui faisait défaut. Plus maintenant. Les sujets des pierres, eux, n’ont pas posé les mêmes difficultés. Ils n’ont pas nécessité de photomontages préalables. « Ce sont des instantanés de vie. Il n’y a pas d’éléments autres que le corps de mes enfants qui se déploient dans l’espace et leurs ombres capturées sur le sable en bord de Loire. Quand je travaille, j’ai la photo devant le nez. Je m’applique à rendre la position telle que fixée par mon objectif, mais son déploiement dans l’espace et la lumière s’adaptent à l’histoire que je souhaite raconter. »

Jusqu’au bout du monde (ici au Havre), Fabien Mérelle, 2018.

Qu’est ce qui a changé depuis Mulhouse, depuis les premiers dessins exposés ? « Je suis beaucoup plus conscient. J’essaie d’être présent à tout moment, de la prise de vue jusqu’au vernissage. » Une recherche qui a amené l’artiste à s’impliquer de plus en plus physiquement dans ses créations. Les photomontages ont peu à peu cédé le pas aux mises en scène. Fabien Mérelle joue l’image qu’il a en tête. Il pose et agit pour ressentir ce que son personnage va devoir transmettre. Ainsi, il arrive que des promeneurs observent au petit matin un homme courir à travers les bois. Habillé en tout et pour tout de son bas de pyjama ! Parfois même, une bonne âme assistant à l’inénarrable scène propose de prendre la photo. L’artiste doit alors lui expliquer que le processus qui mène au dessin fait lui aussi partie de l’œuvre. Au centre d’art, la discussion va bon train. L’artiste explique encore qu’il a juste tiré un fil attrapé au départ. Le jeune homme, qu’il était et dessinait, a vieilli. C’est tout. Les traits de son visage ont abandonné les inquiétudes de l’adolescence, ont gagné en maturité. En sérénité aussi. Son œuvre raconte sa vie. Avoir quelque chose à dire et le dire, comme le préconisait Wilde pour l’écriture.

Serpent, Fabien Mérelle, 2017.

Si Fabien Mérelle n’a de cesse d’expérimenter, c’est qu’il ne veut pas être dépendant d’une technique ou d’un support. Encore moins de tout ce qui enferme le dessin dans des stéréotypes, tant de pensée que de forme. Mettre celui-ci dans un cadre n’est pas satisfaisant. Pire, c’est une prise de position contestable. C’est l’encloisonner, le contenir, et ainsi tenter de maîtriser son créateur. Sorte de mise sous vide, l’encadrement évoque pour l’artiste les manières de l’entomologiste souhaitant conserver des papillons chèrement attrapés. Les musées ne seraient-ils donc que des morgues ? Peut-être. Du moins, font-ils l’éloge de la qualité décorative de l’art. Mais ce n’est pas pour autant que Fabien Mérelle n’admire pas la beauté. Il raconte que lors d’une interview, Brel a expliqué avoir envie de faire de sa vie quelque chose de beau. « C’est tellement simple à exprimer et si complexe à réaliser. Surtout, cela veut dire qu’il ne faut pas se contenter de ce qui se passe. Il faut avoir envie de tout magnifier, de célébrer à chaque instant la chance que nous avons d’être en vie. » L’autre jour, quelqu’un a dit à l’artiste qu’il devait inscrire son travail dans l’art contemporain. Autant admettre une fois encore que le ridicule ne tue pas. Comment une œuvre témoin de la vie de son auteur ne serait-elle pas contemporaine de son présent ? « J’essaie de relater ce qui se passe au jour le jour. Mon travail est contemporain de fait. Si la réflexion visait la forme, j’aurais aimé qu’il me dise s’il faut coller à l’air du temps pour être contemporain ? Ma conviction est que non. Quand on cherche ce résultat, il est plus que probable qu’il faille se jeter à corps perdu dans la mode et s’y maintenir. Si au contraire, l’intention est de se soustraire au temps et de parler à l’humanité d’aujourd’hui comme à celle de demain, il faut s’en tenir à l’essentiel. Qu’est-ce que partager sa vie avec quelqu’un d’autre ? Qu’est-ce qu’être père ? Qu’est-ce que la solitude, la vieillesse ou la pauvreté ? Toutes ces questions intéressent l’artiste depuis la nuit des temps. Je n’invente rien. » L’universel n’a pas d’âge.
« Dès que la question de la posture se pose, dès que l’artiste cherche à connaître l’endroit d’où les choses se font, il est hors sujet. Il est possible de s’interroger là-dessus, mais seulement une fois que le travail est terminé. Ni avant, ni pendant. Certains ont besoin d’emblée de se situer pour booster leur inventivité. Ils regardent ce qui se fait et essaient de réagir. Ce n’est pas ainsi que je procède. Ce qui ne m’empêche nullement de regarder ce que les autres font, d’être passionné par leur travail. » C’est un fait. Aucun autre que lui n’a autant attiré l’attention d’ArtsHebdoMédias sur des œuvres ou des projets qui ne sont pas les siens. « J’ai très envie d’être curateur d’une exposition, parce que je tombe régulièrement amoureux de l’œuvre d’autres artistes. J’aimerais tellement montrer à quel point elles sont magnifiques. » La générosité est ce qui rend l’art parfois plus intéressant que la vie.

Refuge, Fabien Mérelle, 2018.

Contacts
Fabien Mérelle – abri, pierre, bois, encre, papier, jusqu’au 22 septembre au CCC OD à Tours. Une magnifique rétrospective livresque, Dessous l’écorce, est désormais disponible grâce à la galerie anversoise Keteleer.

Crédits photos
Image d’ouverture : Fabien Mérelle entouré des œuvres des frères Quistrebert, au CCC OD à Tours © Les frères Quistrebert, photo MLD – Stone of Madness © Fabien Mérelle – Fragment © Fabien Mérelle, photo MLD – Installation © Fabien Mérelle, photo MLD – Maison Jaune © Fabien Mérelle – Fabien Mérelle au CCC OD à Tours © Fabien Mérelle, photo MLD – Jusqu’au bout du monde © Fabien Mérelle, photo MLD – Serpent © Fabien Mérelle – Refuge © Fabien Mérelle

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