Stéphane Couturier | E-1027+123

Les villes sont nombreuses à s’être épanouies dans l’objectif de Stéphane Couturier. Ces dernières années, il a photographié les façades et architectures d’Alger, de Barcelone, de Brasilia ou encore de Salvador da Bahia. Pour ce nouveau projet, l’artiste franchi enfin le seuil des habitations et s’intéresse à ce qui se déploie derrière volets et parapets. Il photographie le revers des murs : la face qui abrite et non plus celle que l’on exhibe. Ce glissement de l’extérieur vers l’intérieur s’accompagne inévitablement d’une plongée dans l’intime. Car il faut croire qu’en matière d’architecture se confondent parfois intérieurs domestiques et psychiques. C’est du moins l’analogie conceptualisée par Eileen Gray, l’architecte et ancienne propriétaire de la bâtisse que Stéphane Couturier a choisi de photographier : la Villa E-1027. Construite en 1929 à Roquebrune- Cap-Martin dans les Alpes-Maritimes, cette maison est son ultime œuvre architecturale. Alors qu’à l’époque, les modernes pensaient la « machine à habiter », Eileen Gray imagine l’espace comme une expansion de soi. Pour elle, la maison est « la coquille de l'homme, sa prolongation, son élargissement, son rayonnement spirituel.» Extrait du texte par Camille Bardin - Nov. 2022. Visuel > Stéphane Couturier, série E-1027+123 - Villa Eileen Gray - #1, 2021-2022. C-print. 125 x 169 cm. © Stéphane Couturier, Adagp, Paris, 2022.