Sarah Jérôme | Tempus Fugit

Une cohorte de pieds et de jambes en jupons foule un parquet jonché de fleurs rouges et roses. Les figures anonymes semblent prises dans une course enjouée, une fuite audacieuse. Ailleurs, l’on devine deux femmes portées dans les airs par des hommes en costume. La brillance du cuir noir de leurs chaussures tranche avec la chair pâle des jambes nues. De ces personnages sans visage qui peuplent la série Fugue, nous ne saurons rien. Ce n’est en effet pas leur identité qui intéresse Sarah Jérôme mais ce que l’image symbolise : le mouvement des corps, l’effort physique, une course contre le temps teintée de nostalgie. Les œuvres de la série Solace nous narrent en parallèle l’histoire plus immédiate d’une femme aux paupières closes, et celle d’un homme se tenant debout derrière elle, les bras croisés sous sa poitrine. Il la soulève de manière à maintenir son corps flottant au dessus du sol, tel un pantin désincarné. L’image, puissante dans ce qu’elle transcrit des rapports dualistes entre hommes et femmes, prend sa source dans l’univers de la danse, discipline à laquelle Sarah Jérôme a consacré une décennie de sa vie, et qui reste inscrite de manière très prégnante dans son imaginaire et sa pratique artistique. Visuel : Fugue (série), Sarah Jérôme, 2019.