Orsten Groom | Pompeii Masturbator

« Ma première sensation, mon premier sentiment, ma première vision furent celles d’une étonnante, d’une enivrante dépense, au sens où l’entend Georges Bataille, un don d’une énergie qui se justifie et se comprend par son “aspect” tel que l’envisage Wittgenstein pour la musique c’est-à-dire par un déploiement qui exclut tout marchandage avec les conventions esthétiques. Cette dépense génère sur la toile des couleurs, des mouvements, des réseaux d’association et d’échos qui ne se résolvent jamais dans la recherche d’une “expression” comme nous l’entendons pour “l’expressionnisme”. Orsten Groom n’est pas un peintre expressionniste. Les gestes, constructions, les compositions qui sont les siennes ont un rythme, une économie qui sont avant tout des libertés d’allure et d’invention. Il ne s’agit jamais de pérégrinations d’un “égo” créateur cherchant un style fait d’accents, d’additions repérables, afin de transmettre sa poétique et sa vision d’un monde valant pour l’identification d’un nom, pour la vie et le nom du peintre. Au contraire, cette dépense, ses accumulations, ses superpositions offertes, ce don, blanchissent la toile c’est à dire sa grammaire et ses lexiques tributaires du symbolique. Ils sont des chemins, des “champs de bataille” nous entraînant vers une neutralisation, une annulation des formes par le jeu d’énergies contraires qui interdit toute appropriation par la reconnaissance et le langage. Si, au bout du compte, je les attribue à un « être », alors c’est l’être de la peinture. Il est le guide et la maîtresse d’Orsten Groom. C’est par elle, par les actes qu’elle inspire que se découvre le sens de son aventure, de l’expérience, du réel qu’elle nous offre. » Olivier Kaeppelin, commissaire de l’exposition. Visuel : Prozess (détail), Orsten Groom.